Le lycée pourrait faire mieux avec moins, selon la Cour des Comptes

Par latribune.fr  |   |  630  mots
Dans un rapport publié mardi 29 septembre, les Sages de la rue Cambon ont établi que le coût moyen d'un lycéen français était supérieur de 38% à la moyenne des 34 pays de l'OCDE, soit 10 102 euros. Pour des résultats "très moyens".
Une usine à gaz, le lycée ? Pour les magistrats de la rue Cambon, il coûte 38% de plus que la moyenne des pays de l'OCDE et les résultats ne sont pas au rendez-vous à cause de trop nombreuses options.

Alors que l'enseignement supérieur va bénéficier d'un effort supplémentaire de 100 millions d'euros supplémentaires en 2016, la Cour des Comptes aimerait bien voir le budget des lycées raboté ou au moins "rationalisé". Dans un rapport publié mardi 29 septembre, les Sages de la rue Cambon ont établi que le coût moyen d'un lycéen français était supérieur de 38% à la moyenne des 34 pays de l'OCDE, soit 10.102 euros contre 7.347 euros, pour un effort total de 25,9 milliards en 2012.

Peut-on en déduire que les résultats des lycéens Français se situent également au-dessus de la moyenne ? Hélas... pas du tout, nous dit le rapport.

"Au plan qualitatif les résultats en France en termes de réussite dans les études post-bac ou d'insertion sur le marché du travail des bacheliers professionnels ressortent comme très moyens", déplore la Cour des Comptes.

Dans la voie professionnelle, un jeune sur deux décroche. Par la suite, seuls 26,3% des étudiants de la cohorte 2009 du baccalauréat ont réussi leur licence en trois ans, relève la Cour qui pose la question de l'efficacité du lycée à préparer et à orienter les élèves. Des mauvais résultats qui ne correspondent pas, selon les Sages, à l'effort budgétaire réalisé, dont 81,3% sont réservés aux activités d'enseignement.

Plus d'heures travaillées, des options coûteuses

L'un des paradoxes de ce bilan réside dans le nombre d'heures de cours des lycéens, beaucoup plus important que partout ailleurs dans l'OCDE (1.108 heures en France contre 964 dans l'ensemble des 34 pays de l'organisation, et 933 en Allemagne).

L'écart tient donc essentiellement au nombre d'élèves devant chaque enseignant. Notamment pendant les heures de cours optionnelles qui n'attirent souvent qu'un petit nombre d'élèves, comme les langues anciennes (latin et grec). Par ailleurs, une option peut coûter jusqu'à six fois cher qu'un matière obligatoire, ajoute le rapport.

Enfin, le coût moyen du lycéen est plus élevé dans la voie professionnelle à cause, dit la Cour, de "la taille plus modeste des établissements (les lycées professionnels publics du groupe d'établissements étudiés accueillent en moyenne 420 élèves contre 1.303 pour les lycées généraux et techniques publics) et des classes".

La rémunération des enseignants n'est pas en cause

La rémunération des enseignants, quant à elle, n'est pas en cause et "relativement plus basse en France", et notamment plus faible qu'en Allemagne ou en Grande-BretagneElle contribue donc, au contraire, "à réduire les écarts de coût global". Pour autant, la masse salariale enseignante compte pour plus de la moitié (53%) du budget total.

"Les écarts de coût salarial entre la France et les autres pays s'expliquent par un temps d'instruction beaucoup plus élevé et une taille moyenne des structures nettement plus petite, que compense en partie une rémunération des enseignants relativement plus basse en France", souligne la Cour.

Simplifier le système

En 2013, 20 langues seulement sur les 58 proposées au baccalauréat ont été choisies, et par une minorité d'élèves, note la Cour. Aussi appelle-t-elle à réduire le nombre possible de "combinaisons", d'autant que la carte des formations "reste pilotée par l'offre" et que les lycées l'entretiennent.

La Cour recommande également de réviser le format du baccalauréat, qui ne reflète plus les compétences acquises et rendu moins important par le calendrier des admissions post-baccalauréat, communiqué avant la fin de l'année. Enfin c'est sur le plan territorial que la Cour préconise d'agir et exhorte les régions à "rationaliser" le réseau des établissements qui connaissent de très fortes disparités, notamment les petits (moins de 100 élèves), qui ont d'importants coûts fixes.

(Avec Reuters)