Le Maire annonce 10 milliards de cessions d'actifs pour financer l'innovation

Par latribune.fr  |   |  598  mots
Bruno Le Maire avait précisé jeudi, lors de la séance de questions au gouvernement au Sénat, que des cessions de participations non stratégiques interviendraient à partir de septembre pour alimenter ce fonds.
Renault, Safran, Orange, Aéroports de Paris, Engie (ex-GDF Suez)... ? Le gouvernement refuse de désigner les entreprises ciblées pour assurer ce financement pérenne de l'innovation, promesse de campagne d'Emmanuel Macron. Pourtant, il est à prévoir que le ministre de l'Economie et des Finances annoncera bientôt d'autres cessions, car le gouvernement doit en effet trouver d'urgence environ 5 milliards d'euros pour boucler le budget cette année, réduire le déficit public à 3% du PIB, sans oublier le sauvetage d'EDF et d'Areva...

Le gouvernement va bien procéder dans les prochains mois à des cessions de participations pour un montant de 10 milliards d'euros, afin d'alimenter un fonds destiné à financer l'innovation, a-t-on confirmé vendredi à Bercy.

"On alimentera un fonds [destiné à sanctuariser des moyens dédiés au financement de l'innovation] avec 10 milliards qui proviendront de cessions d'actifs, et il s'agira pour l'essentiel de participations minoritaires dans des entreprises du secteur concurrentiel", indique-t-on vendredi dans son entourage, selon Reuters.

Bruno Le Maire avait précisé jeudi, lors de la séance de questions au gouvernement au Sénat, que des cessions de participations non stratégiques interviendraient à partir de septembre pour alimenter ce fonds. L'objectif de ce fonds, qui figurait parmi les promesses d'Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle, est d'assurer un financement pérenne de l'innovation.

"Ce sont les rendements sur ce fonds qui seront attribués à l'innovation", a précisé une source à l'AFP, soulignant que cela assurerait à cette mission "un financement durable" et non soumis aux contraintes budgétaires.

Renault, Safran, Orange, Aéroports de Paris, Engie (ex-GDF Suez)...

Quelles pourraient être ces cessions? "Par exemple, l'opérateur téléphonique Orange : l'État en détient 13%, et cela vaut 5 milliards d'euros en Bourse. L'État pourrait en vendre une partie. Même chose chez Renault : la part de l'État représente 4,6 milliards. Il y a encore Safran, 4,8 milliards d'euros", a expliqué ce vendredi le journaliste Jean-Paul Chapel sur le plateau de France 2.

"Dans un deuxième temps", poursuit le journaliste, "l'État pourrait envisager des privatisations. Il possède 50% d'Aéroports de Paris, soit 6,9 milliards. Quant à Engie, ex-GDF Suez, cela représente 9,2 milliards d'euros."

De fait, l'Agence des participations de l'État (APE), chargée de gérer le patrimoine de l'État actionnaire, est présente au capital de 81 entreprises. Ces participations pèsent actuellement près 100 milliards d'euros, dont 70 dans des sociétés cotées. S'agissant de Renault, l'Etat est monté au capital en 2015 (19,74%) tout en promettant de revendre ses titres au moment opportun. Dans le cas d'Orange (dont l'Etat détient directement ou indirectement 23%), Emmanuel Macron avait expliqué que l'Etat n'avait pas "vocation" à rester "de manière pérenne" au capital. Idem pour Aéroports de Paris (ADP), dont l'Etat détient 51% du capital.

L'Etat refuse de désigner les entreprises concernées

Pourtant, interrogé par l'AFP sur les entreprises qui pourraient être concernées, l'entourage du ministre a refusé de donner plus de détails.

Le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire avait annoncé ces 10 milliards d'euros de cessions de participation mercredi lors d'un discours, mais son entourage avait ensuite précisé qu'il s'agissait plutôt d'abriter ces 10 milliards de participations dans un fonds dédié, dont les dividendes alimenteraient le financement de l'innovation.

"Cela sera fait dès que les conditions de marché le permettront", précise-t-on de même source.

5 milliards à trouver en urgence pour boucler le budget

Vendredi, Louis Gallois, co-président du cercle de réflexion La Fabrique de l'Industrie, s'est dit sur Europe 1 "tout à fait pour que le portefeuille des participations de l'Etat bouge et que peut-être certaines entreprises puissent être vendues, si ça permet de dynamiser d'autres secteurs".

Outre le financement de ce fonds pour l'innovation, l'État pourrait vendre des participations pour boucler le sauvetage d'EDF et d'Areva, ou pour boucler son budget.

Le gouvernement doit en effet trouver d'urgence environ 5 milliards d'euros pour financer le budget cette année et réduire le déficit public à 3% du produit intérieur brut, conformément aux engagements européens de Paris.

(avec Agences)