Le pape François appelle à une « responsabilité européenne » face aux migrants, qui « n'envahissent pas »

Par latribune.fr  |   |  601  mots
(Crédits : GUGLIELMO MANGIAPANE)
Le pape François a martelé que les migrants qui "risquent leur vie en mer" pour gagner l'Europe "n'envahissent pas", au second jour de sa visite à Marseille. Il doit prononcer une messe au Stade Vélodrome.

« Le phénomène migratoire n'est pas tant une urgence momentanée, toujours bonne à susciter une propagande alarmiste, mais un fait de notre temps », a affirmé le pape François en clôture des Rencontres méditerranéennes au Palais du Pharo, estimant que ce processus doit être géré avec « une responsabilité européenne capable de faire face aux difficultés objectives ».

« Deux mots ont résonné, alimentant la peur des gens: invasion et urgence. Mais ceux qui risquent leur vie en mer n'envahissent pas, ils cherchent hospitalité » et « ils ne doivent pas être considérés comme un fardeau à porter », a ajouté le pape, regrettant que plusieurs ports méditerranéens se soient fermés.

Vendredi, déjà, le souverain pontife avait fustigé "l'indifférence" et la "peur" dans une Europe tentée par le repli face aux migrants.

Le pape reprenait là une thématique qui lui est chère, alors même que la solidarité européenne est mise à l'épreuve après l'arrivée de milliers de migrants sur l'île de Lampedusa. Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a ainsi assuré que la France « n'accueillera pas de migrants » venus de l'île italienne, tandis que la droite et l'extrême droite fustigeaient « une submersion migratoire ».

Répétant sa crainte de voir se transformer « la Méditerranée, berceau de la civilisation, en tombeau de la dignité », le pape a de nouveau exhorté à ne pas « s'enfermer dans l'indifférence » tandis que le vice-président de la Commission européenne chargé des questions migratoires, Margaritis Schinas, était présent dans l'auditoire.

Fustigeant les « nationalismes archaïques et belliqueux », il a de nouveau appelé à « un sursaut de conscience » pour prévenir un naufrage de civilisation et averti que l'avenir « ne sera pas dans la fermeture qui est un retour au passé ».

Dans son appel à la solidarité internationale, François a estimé que la solution était « d'assurer, selon les possibilités de chacun, un grand nombre d'entrées légales et régulières », qui soient durables « grâce à un accueil équitable de la part du continent européen, dans le cadre d'une collaboration avec les pays d'origine ».

Il a aussi plaidé pour une intégration des migrants, qui est « difficile, mais clairvoyante », face à « l'assimilation, qui ne tient pas compte des différences » et « compromet l'avenir en augmentant les distances et en provoquant la ghettoïsation, provoquant hostilité et intolérance ».

Mais le problème principal est la pauvreté, a souligné le souverain pontife, car « là où il y a précarité il y a criminalité », appelant à un sursaut de conscience « pour dire non à l'illégalité et oui à la solidarité ».

Après une visite à des personnes en situation de précarité samedi matin, dans un quartier pauvre de Marseille, François a également assuré que « le véritable mal social n'est pas tant l'augmentation des problèmes que le déclin de la prise en charge ».

Par ailleurs, le pape s'est invité dans le débat français sur la fin de vie : « Qui écoute les gémissements des personnes âgées isolées qui, au lieu d'être valorisées, sont parquées dans la perspective faussement digne d'une mort douce, en réalité plus salée que les eaux de la mer ? », s'est-il interrogé alors qu'un projet de loi est attendu sous peu sur ce dossier.

Sur l'avortement, il a de même une nouvelle fois déploré le sort de ces "enfants à naître, rejetés au nom d'un faux droit au progrès, qui est au contraire une régression de l'individu".