Les défaillances d'entreprises et les redressements judiciaires ont presque doublé sur un an en France

Par latribune.fr  |   |  621  mots
Au total en février, le cumul des défaillances des 12 derniers mois reste inférieur de 14,2% à ce qu'il était en février 2019. (Crédits : Stephane Mahe)
Le nombre de défaillances d'entreprises en France a continué d'augmenter en février. Avec un peu plus de 43.000 liquidations et redressements judiciaires, cela reste toutefois inférieur à la période pré-Covid, estime la Banque de France. Une fois de plus, les très petites entreprises sont les plus touchées. Et si tous les secteurs économiques sont concernés, celui de l'hébergement-restauration enregistre de loin la plus forte accélération.

Le nombre de défaillances en France a poursuivi en février la progression amorcée à l'automne 2021. Ainsi, 43.886 défaillances liquidations et redressements judiciaires ont été enregistré en cumul sur les 12 derniers mois. Contre 29.124 un an plus tôt, soit une augmentation de 50,7%, détaille la Banque de France dans un communiqué publié ce mercredi 15 mars.

Ce accélération est commun à tous les secteurs de l'économie. Et il est en réalité beaucoup plus fort si l'on exclut les micro-entreprises et les entreprises de taille indéterminée, qui comptent à elles seules 40.644 défaillances. Soit plus de 9 défaillances sur 10, qui est toutefois en hausse de 48,2% sur un an.

C'est beaucoup plus du côté des très petites entreprises : les faillites y sont en progression de 94,1% sur un an. Les chiffres sont aussi très élevés pour les entreprises comptant entre 10 et 49 salariés (+87,7% de défaillances sur un an), pour celles entre 50 et 249 salariés (+82,4%) et pour les entreprises de taille intermédiaire et les grandes groupes (+81%).

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Un niveau inférieur à avant la crise

Au total cependant, le cumul des défaillances des 12 derniers mois reste inférieur de 14,2% à ce qu'il était en février 2019, ajoute la Banque de France. Et il est aussi davantage inférieur à la moyenne annuelle des défaillances enregistrées entre 2010 et 2019, qui s'élevait à près de 60.000.

Les défaillances d'entreprises avaient chuté à des niveaux anormalement faibles durant la crise sanitaire. Ce, en raison des mesures publiques de soutien à la trésorerie des entreprises mais aussi du fait des modifications temporaires des dates de déclaration des cessations de paiement auprès des tribunaux de commerce.

Selon les prévisions du cabinet spécialisé Altares mi-janvier, les défaillances d'entreprises dépasseraient en 2023 leur niveau de 2019, cette année-là restant celle avec le moins de défaillances depuis la crise financière de 2008. « 2019 s'était achevé sur 52.000 défaillances, 2023 pourrait dépasser ce seuil et nous ramener aux valeurs de 2017 au-delà de 55.000 », a prévenu Thierry Million, directeur des études chez Altares interrogé par La Tribune.

Selon l'expert, « le scénario le plus favorable serait de revenir aux chiffres de 2019 avant la fin de l'année 2023. Le scénario le plus défavorable est que la France dépasse les 60.000 ». Le cabinet table sur « une poursuite de la hausse. Mais pas d'accélération en 2023. Tout va dépendre de la capacité des entreprises à rembourser leur dette (PGE, cotisations). Le but est d'éviter un effet ciseau rapidement ».

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L'hébergement-restauration toujours dans le mal

Par secteurs, la remontée des défaillances est particulièrement forte dans l'hébergement et la restauration. Il enregistre une progression de 101,7% de progression, toutefois en décélération par rapport à janvier (+108,7%). Cette branche avait été touchée de plein fouet par les conséquences de la pandémie et avait à ce titre particulièrement bénéficié des aides gouvernementales. Elle fait aujourd'hui part de nombreuses difficultés.

La remontée des défaillances est également très élevée dans l'industrie, avec 68,5% de hausse. C'est toutefois là aussi en décélération par rapport à janvier (+71%) mais supérieur au niveau de décembre (+57,4%).

Une fois de plus, l'agriculture et les activités immobilières sont les deux secteurs les moins touchés par le rebond des défaillances. Les hausses sont limitées à respectivement 8% et 13% (contre 9,6% et 11,8% en janvier).

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(Avec AFP)