Les entreprises n'embauchent toujours pas assez de travailleurs handicapés

Par latribune.fr  |   |  491  mots
Le taux de chômage des personnes handicapées este près de deux fois supérieur à celui de la population globale (7,4%). (Crédits : REUTERS)
Le taux d'emploi direct des travailleurs handicapés est resté stable en 2021, à 3,5% de l'effectif des entreprises concernées, soit encore loin du niveau minimal de 6% requis par la loi. L'objectif légal, grâce à des biais, n'est toutefois pas loin d'être atteint.

Les entreprises ont encore des progrès à réaliser dans le recrutement des travailleurs handicapés, mais elles ne sont pas si loin de conformer à l'objectif légal, soit 3,5% des effectifs.

D'une part, l'objectif de 6% de personnes handicapées dans chaque entreprise de plus de 20 salariés doit être adapté au cas par cas, avec une règle d'arrondi : ainsi une entreprise de 25 salariés devrait en théorie embaucher 1,5 travailleur handicapé, mais la loi prévoit d'arrondir ce chiffre à 1, ce qui dans les faits revoit l'exigence à la baisse. De ce fait, au niveau national, le taux réel attendu par la loi était de 5,6% de travailleurs handicapés en 2021, selon le service statistique du ministère du Travail. D'autre part, une réforme de 2020 a introduit une « survalorisation » des travailleurs handicapés de plus de 50 ans, afin de donner un coup de pouce aux demandeurs d'emploi les plus âgés. En prenant en compte cette disposition, on aboutit à un taux d'emploi « majoré » constaté de 4,5%, au lieu des 5,6% attendus, soit un objectif atteint à 80% (contre 77% en 2020), précise l'étude.

31% des entreprises n'employaient aucun travailleur handicapé l'an dernier

Sur l'ensemble des quelque 108.000 entreprises concernées, seules 29% ont respecté pleinement leur obligation d'emploi. À l'inverse, 31% des entreprises n'employaient aucun travailleur handicapé l'an dernier. Globalement, plus l'entreprise est grande, plus elle s'approche - voire dépasse - le taux minimal, observe la Dares. Lorsque l'employeur n'atteint pas ce taux, il doit s'acquitter d'une contribution au fonds pour l'insertion professionnelle des personnes handicapées. Depuis la réforme de 2020, cette pénalité financière peut cependant être réduite, voire annulée, si l'entreprise compte dans ses effectifs un certain nombre de postes « exigeant des conditions d'aptitude particulière ». Or, 10% de tous les emplois des entreprises concernées par ce dispositif sont dans ce cas, et même 42% dans le seul secteur de la construction.

« Du savoir-faire et savoir-être »

Le taux de chômage des personnes handicapées, qui atteignait 19% avant la crise du Covid, est revenu à 14% en 2022, mais il reste près de deux fois supérieur à celui de la population globale (7,4%).

Il reste donc encore beaucoup de chemin à faire. Dominique du Paty de Clam, fondatrice du cabinet de conseil réseauH, déclarait en mai dernier à La Tribune, « lorsqu'un salarié est déclaré inapte au travail puis licencié, c'est un échec pour tout le collectif de travail, de même qu'une perte de savoir et de savoir-faire pour l'entreprise ». Elle ajoutait : « Et si les entreprises semblent de plus en plus réceptives aux politiques handicap et diversité, certains freins perdurent... En outre, nombreuses sont celles qui souhaiteraient recruter des personnes en situation de handicap mais peinent à y parvenir. Pourtant, de nombreux acteurs existent ! En cette période de crise sanitaire, les personnes en situation de handicap, aux compétences discrètes, qui savent faire preuve de résilience, peuvent apporter leur savoir-faire et leur savoir-être aux équipes et à leurs managers. »

(Avec AFP)