Les investisseurs étrangers ont-ils racheté tout le vignoble français ? En fait, 2% seulement...

Par Mounia Van de Casteele  |   |  543  mots
La majorité des transactions s'effectuent à Bordeaux et dans l'arc méditerranéen, selon une étude du réseau immobilier Vinéa Transaction.
Les idées reçues s'effondrent les unes après les autres avec cette étude du réseau d'agences Vinéa Transactions. On y lit par exemple que la proportion d'étrangers parmi les acheteurs de vignes françaises reste (très) faible. Sur la nationalité des investisseurs, qui fait beaucoup fantasmer, l'étude réserve d'autres notables surprises.

Le vignoble français... voilà bien un sujet de susceptibilité pour les Français. Dès qu'un château est racheté par un étranger, c'est toute une histoire, comme en témoignent de nombreux articles de la presse locale ou nationale... Alors, trop nombreux les investisseurs étrangers dans le vignoble français ? Eh bien, c'est loin d'être le cas, à en croire l'étude dévoilée ce mardi par le réseau immobilier spécialisé dans les propriétés viticoles Vinéa Transaction, selon laquelle seulement 2% du vignoble français serait détenu par des étrangers. Et c'est exactement pour cela que le groupe a décidé de mener l'enquête, comme l'explique son fondateur Michel Veyrier:

"On entend toujours dire que le vignoble français est en train de tomber aux mains des investisseurs étrangers mais il n'existait en réalité aucune statistique pour démontrer ou contredire cette idée-reçue, qui est la conséquence d'une médiatisation excessive du phénomène"

Combattre les préjugés

Aussi le réseau a-t-il souhaité y remédier. Et pour réaliser son étude, il a pris en compte  80% du vignoble français, ce qui représente un total de 600.000 hectares, excluant les vignobles atypiques de Champagne et d'Alsace ainsi que ceux destinés aux alcools forts (Cognac, Armagnac), ou encore les micro-vignobles de Corse, de Savoie et du Jura, jugés trop peu représentatifs.

Un faible taux de pénétration

Il apparaît ainsi que le taux de pénétration des vignes françaises (le nombre d'hectares achetés sur le nombre d'hectares disponibles) n'est pour l'heure que de 1,98%. Toutefois, Michel Veyrier relativise en rappelant que la moitié des 600.000 hectares étudiés sont exploités par des coopératives, l'autre moitié étant des caves de particuliers. Or les investisseurs ne font pas partie de coopératives. Ce qui amène donc à considérer que la proportion d'investisseurs étrangers serait plutôt de 4%.

Quoi qu'il en soit, le ratio reste bien plus faible que ce que l'on aurait pu imaginer a priori, constate celui-là même qui évoquait pourtant l'an passé une proportion de 40% d'acheteurs étrangers.

Les Chinois en tête du peloton ? Non, les Britanniques !

Autre idée reçue démontée par les conclusions de l'étude : la surreprésentation des Chinois. En réalité, ceux-ci ne représenteraient que 21% des investisseurs étrangers, derrière les Britanniques (22%). Et pour cause, dans la course depuis cinq ans seulement, les Chinois ne s'intéressent qu'au Bordelais, insiste Michel Veyrier. Une première acquisition dans le Languedoc a cependant été recensée au mois de janvier. Notons à cet égard que la région de Bordeaux, avec l'arc méditerranéen (Sud-Ouest, Languedoc, Provence, Vallée du Rhône) représente près de neuf acquisitions sur dix.

Dans le détail, à Bordeaux, les Chinois représentent certes 47% des investisseurs étrangers, devant les Belges (21%). En revanche, partout ailleurs - excepté dans le Val de Loire où ils sont dépassés par les Belges-, que ce soit dans le Languedoc-Roussillon, en Provence, dans la Vallée du Rhône, dans le Sud-Ouest ou encore en Bourgogne, ce sont les Britanniques qui dominent le marché. A tout seigneur...