Limitation à 80 km/h : Larcher réclame à Philippe les résultats de l'expérimentation

Par latribune.fr  |   |  539  mots
(Crédits : Reuters)
Le président du Sénat Gérard Larcher (LR) a demandé "solennellement" dimanche à Edouard Philippe de publier les résultats de l'expérimentation sur l'abaissement à 80 km/h de la limitation de vitesse sur les routes secondaires, pour voir si la mesure est efficace.

"Il faut que le Premier ministre réponde aux parlementaires qui lui ont demandé (...) de leur transmettre les conclusions de l'expérimentation pendant deux années", a déclaré M. Larcher dans l'émission "Le Grand jury" RTL-Le Figaro-LCI, indiquant que 50 sénateurs ont fait une telle demande sur cette expérimentation lancée en 2015.

Mobilité en territoire "abandonnée"

"Je le demande solennellement ce matin (dimanche), c'est d'ici mardi comme président du Sénat, d'avoir accès à un dossier qui n'est pas un secret d'Etat. Car, si réellement, ça doit sauver des vies, alors il faut y aller", a-t-il ajouté, alors que pour tenter d'enrayer la hausse persistante du nombre de morts sur les routes, le gouvernement doit annoncer mardi l'abaissement à 80 km/h de la vitesse maximale sur 400.000 km de routes secondaires.

Pour le président du Sénat et sénateur des Yvelines, "il faut se poser la question parce que ceci va s'appliquer dans des territoires qui sont en déficit d'équipement, des territoires souvent ruraux, des territoires qui ont le sentiment d'être abandonnés".

"Et au lieu de conduire des investissements dans ces territoires, on leur dit: votre mobilité sera entravée en quelque sorte", a poursuivi M Larcher, insistant sur le fait que "la meilleure façon" de savoir si la limitation de la vitesse est utile est "de voir les résultats de l'étude".

Une mesure impopulaire

Dans un entretien au Journal du dimanche, Edouard Philippe défend la probable réduction de la vitesse à 80km/h, même s'il "comprend les arguments, et même la mauvaise humeur", disant accepter d'être "impopulaire" au besoin "pour sauver des vies".

"Je sais que si nous annonçons cette mesure je serai critiqué. Mais je sais qu'elle va sauver des vies, et je veux sauver des vies. Je comprends les arguments, et même la mauvaise humeur, mais je ne le fais pas pour augmenter les recettes de l'État - d'ailleurs, nous annoncerons des choses à ce sujet. Et si pour sauver des vies il faut être impopulaire, j'accepte de l'être", plaide le Premier ministre.

Aux journalistes lui demandant s'il faut toujours en France passer par des interdictions pour obtenir des résultats, le chef du gouvernement rétorque qu'"il y a 3.500  morts et 70.000 blessés par an, 70.000  ! Après des décennies de progrès, nos résultats se sont dégradés. Eh bien je refuse de considérer cela comme une fatalité. Chaque fois qu'un responsable politique a eu le courage de s'engager, les résultats ont été spectaculaires".

Plusieurs personnalités, dont l'ex-Premier ministre socialiste Manuel Valls, qui s'est rallié à la majorité LREM, ont signé vendredi un appel pour soutenir la réduction de la vitesse à 80km/h sur les routes secondaires, une mesure contre laquelle "il n'y a aucun argument". En 2016, un total de 3.477 personnes ont perdu la vie sur les routes de France, un bilan bien éloigné de l'objectif de passer sous la barre des 2.000 morts en 2020 fixé en 2012 par Manuel Valls, alors ministre de l'Intérieur.

Cette disposition s'inscrit dans un plan de mesures qui sera officialisé à l'issue d'un Conseil interministériel de sécurité routière (CISR).

 (avec agences)