Logement neuf : Hollande n'aura pas atteint ses objectifs

Par Mathias Thépot  |   |  643  mots
Une bonne dynamique s'est en revanche enclenchée pour la construction de logements en France depuis la fin 2014.
Le secteur de la construction de logements neufs a connu une année 2016 en forte croissance. Mais l'objectif de 2012 de François Hollande de construire 500.000 logements par an est encore loin d'être atteint.

Le quinquennat de François Hollande se termine sur une bonne note en matière de construction de logements. Mais l'objectif affiché il y a cinq ans de construire 500.000 logements par an est encore très loin d'être atteint. Révélateur, tout de même, d'un échec. Pourtant, en 2016, l'activité du secteur du logement neuf s'est significativement redressée. Les derniers chiffres publiés ce vendredi par le ministère du Logement le prouvent : environ 376.500 logements neufs ont été mis en chantier en 2016, soit une progression de 10,4 % comparé à 2015. Le nombre de logements autorisés à la construction (453.200 unités) augmente aussi de 14,2 % par rapport à l'année précédente. Avec des permis de construire en hausse de 19,0 % par rapport à 2015, ce sont les logements collectifs qui constituent le principal moteur de cette dynamique annuelle.

PACA, Nouvelle-Aquitaine, Occitanie : le podium 2016

Autre signe du dynamisme actuel de la construction, le délai moyen d'ouverture d'un chantier de logements individuels s'établit à 5 mois, une durée légèrement inférieure à sa moyenne de longue période (5,2 mois). Les régions où la construction de logements neufs a le plus progressé en 2016 sont la Provence-Alpes-Côte-d'Azur (+22,9%), la Nouvelle-Aquitaine (+18,4%), l'Occitanie (+17,2%), la Bretagne (+15,5%) et l'Ile-de-France (+12,7%). A noter aussi, le micro-marché de la Corse (+77,1%) qui affiche un spectaculaire rebond. En revanche, les mises en chantier ont reculé dans le Grand Est (-2,9 %) et dans une moindre mesure, en Normandie (-1,3 %). Preuve que les marchés immobiliers en France restent très hétérogènes.

La reprise amorcée fin 2014 confirmée

Au ministère du Logement, on se réjouit toutefois de la « hausse accélérée » de l'activité sur ce secteur. « Ces chiffres confirment que la reprise de la construction, amorcée fin 2014 sous l'effet des mesures de relance du gouvernement et ininterrompue depuis, est durablement consolidée », ajoute le ministère dans un communiqué. La construction a, il faut le dire, bénéficié de conditions d'emprunt exceptionnelles, permettant à un nombre croissant de ménages de boucler leur dossier de financement. Les taux d'intérêt nominaux de crédits immobiliers s'établissaient à 1,34 % en moyenne en décembre, soit une très légère remontée après une année de baisse continue jusqu'à novembre (1,31 %), selon l'Observatoire Crédit Logement / CSA.

Le virage opéré par Hollande à l'été 2014 a porté ses fruits

Mais au-delà des conditions hyper favorables de crédit, force est de constater que le virage opéré par François Hollande à l'été 2014 en faveur de la construction a porté ses fruits. Des nouvelles mesures de soutien à l'immobilier ont en effet redonné du pouvoir d'achat aux acquéreurs : le gouvernement avait dans un premier temps fait revenir les investisseurs particuliers sur le marché du neuf grâce au dispositif Pinel, mis en place fin 2014, qui donne la possibilité aux investisseurs de louer à leurs ascendants et à leurs descendants sur des durées modulables (6, 9, 12 ans), tout en bénéficiant d'un avantage fiscal. Et dans un second temps, pour soutenir les achats des ménages primo-accédants, l'exécutif a fait élargir début 2016 le périmètre du prêt à taux zéro.

Un ralentissement à prévoir ?

Mais ce redressement spectaculaire qui succède à trois années de crise dans le bâtiment (2012, 2013 et 2014) pourrait peu à peu s'estomper. Il faut en effet noter que les chiffres publiés vendredi par le ministère du Logement montrent une petite décélération en fin d'année. Sur le dernier trimestre, le rythme des mises en chantier a légèrement faibli, en enregistrant une hausse de 7,7 % comparé aux trois derniers mois de 2015, à 109.500 unités, contre une progression de 10,2 % un mois plus tôt. Et en cette année électorale, par nature pleine d'incertitudes, il se pourrait que le ralentissement de la croissance de l'activité se confirme dans les prochains mois.