Loi El Khomri : la CGT veut créer une intersyndicale

Par latribune.fr  |   |  643  mots
Philippe Martinez veut mobiliser l'ensemble des syndicats contre la loi Travail.
Création d'une intersyndicale, soutien très réservé de ministres, pétition en ligne qui a reçu plus de 200.000 signatures... Le projet de loi El Khomri réformant le code du travail soulève de nombreux remous.

Le gouvernement va avoir le plus grand mal à convaincre sa majorité et plus encore sa base militante d'adhérer au projet de loi sur le travail présenté la semaine dernière par la ministre du Travail Myriam El Khomry. Des syndicats aux députés, en passant par le Parti socialiste jusqu'aux membres même du gouvernement, l'opposition à la loi Travail se fait entendre. Les syndicats ont décidé de s'organiser autour d'une intersyndicale pour faire entendre leur opposition d'une seule voix.

9 syndicats invités

La CGT a invité neuf syndicats à former une intersyndicale, afin d'échanger sur "l'analyse de la situation sociale, économique et politique" de la France, indique une lettre d'invitation dont l'AFP a obtenu copie lundi.

La FSU, FO, Solidaires, la CFDT, la CFE-CGC, la CFTC, l'Unsa, l'Unef et l'UNL (lycéens) sont conviées mardi à 18H00 dans les locaux de la CGT, à Montreuil.

"Afin d'échanger sur l'analyse de la situation sociale, économique et politique, puis d'évaluer les champs d'éventuelles actions et initiatives communes, nous vous proposons une rencontre intersyndicale", est-il indiqué dans l'invitation, envoyée aux numéros un des neuf syndicats.

Interrogées par l'AFP, FO,la CFDT, l'Unsa et la CFE-CGC ont d'ores et déjà indiqué qu'elles s'y rendraient. La CFTC doit décider dans l'après-midi. Les intersyndicales se sont faites rares ces dernières années.

FO avait fait une tentative début 2015, pour décider d'une action commune, voire d'une grève, contre la politique d'"austérité". Mais son numéro un, Jean-Claude Mailly, n'avait réussi à réunir que les syndicats contestataires (CGT, Solidaires et FSU). Les réformistes (CFDT, CFTC, CFE-CGC et Unsa) avaient refusé.

Grand succès d'une pétition en ligne

L'opposition au texte se fait également ressentir sur Internet. Dans la matinée de lundi, une pétition en ligne lancée à l'appel de militants associatifs, dont la féministe Caroline de Haas, et des syndicalistes (CGT, CFE-CGC, Unsa, Jeunesse ouvrière chrétienne...) affichait plus de 200.000 signatures.

Intitulée "loi Travail: non merci !", cette pétition commente les différentes mesures du projet de loi qui doit être présenté en conseil des ministres le 9 mars, et propose "d'interpeller le président de la République, le Premier ministre ou la ministre du Travail sur les réseaux sociaux".

"Une erreur de communication" pour Rebsamen

Interrogé sur Europe 1, François Rebsamen, ancien ministre du Travail et maire de Dijon, a estimé lundi  qu'il "y a sûrement eu une erreur de communication. Quand on annonce que ce texte si nécessaire sera voté par 49-3, on fait peser a priori une suspicion sur le fond".

"Je pense qu'il y a une erreur de vouloir redéfinir ce qu'on appelle le licenciement économique, la nouvelle définition ne peut pas être celle qui est proposée dans le texte. Deuxièmement, je suis opposé à la baisse de la rémunération des heures supplémentaires. Ces deux points doivent à mon avis être travaillés en amont."

>> Aller plus loin L'article "49-3" de la Constitution c'est quoi ?

Le président de la République François Hollande a déclaré dimanche qu'il préférerait que la très contestée réforme du code travail, présentée le 9 mars en Conseil des ministres, soit adoptée sans recours au 49-3. C'est à dire en trouvant une majorité au parlement.

Le ministère du Travail réplique

Face à cette fronde, le ministère du travail a procédé à une inhabituelle opération de communication. Sur son site internet, il a élaboré une page qui énumère toutes les questions et idées reçues sur la loi Travail afin de "démêler le vrai du faux".... Problème, les explications de texte du ministère demeurent très discutables.

(Avec AFP)