Loi Pacte : les stages à l'installation deviennent facultatifs pour les artisans

Par latribune.fr  |   |  501  mots
En supprimant cette obligation, l'Assemblée nationale aligne le régime des artisans sur celui des autres travailleurs indépendants, dont les commerçants, pour qui ce stage était déjà facultatif. (Crédits : Reuters/Vincent Kessler)
Les députés ont voté dans l'hémicycle la suppression du stage obligatoire préalable à l'installation des artisans. Pour le gouvernement, cette mesure devrait permettre aux entrepreneurs de réaliser des économies lors de leur installation.

Dans le cadre de la loi Pacte, l'Assemblée nationale a voté dans la nuit de mercredi à jeudi la suppression de l'obligation faite aux artisans de suivre un stage de gestion avant de s'installer, afin de faciliter la création d'entreprises artisanales. "Je crois à la liberté d'entreprendre. Il faut que le métier d'artisan se renouvelle" a plaidé le ministre de l'Économie Bruno Le Maire, estimant que ce stage constituait "une barrière à la création de nouveaux artisans".

Un gain potentiel de 750 euros

Le suivi de ce stage de 30 heures, organisé par les chambres des métiers et de l'artisanat (CMA), est jusqu'à présent nécessaire pour obtenir une immatriculation au répertoire des métiers et pouvoir ainsi débuter son activité. Le gouvernement espère par cette mesure lever un frein à la création d'entreprise, l'artisan pouvant désormais commencer à exercer à la date qu'il souhaite et sans débourser le coût d'une formation (jusqu'à 400 euros) présenté comme rédhibitoire pour certains professionnels. Les CMA continueront cependant à proposer des stages de gestion aux professionnels qui le souhaitent.

Selon un communiqué de Bercy, "la suppression de l'obligation permettra de réduire les coûts et les délais de la création d'entreprise artisanale, mais aussi de rétablir l'égalité entre les artisans et les autres travailleurs indépendants dont le stage d'initiation à la gestion (SIG) est facultatif."

Les estimations communiquées par le ministère de l'Économie font état d'un gain potentiel de 750 euros en prenant l'exemple d'un artisan qui voudrait créer sa société en reprenant un fonds de commerce.

Risques de fragilisation des entreprises

L'article a été vivement contesté par l'opposition, du PCF au groupe Les Républicains, qui ont déposé une cinquantaine d'amendements réclamant sa suppression. Ils dénoncent un article contre-productif qui aura pour conséquence de fragiliser les nouvelles entreprises. "C'est 75% de survie dans les trois ans pour ceux qui ont suivi le stage contre 50% de ceux qui ne l'ont pas fait", ont fait valoir les opposants pour qui la connaissance d'un métier ne suffit pas à devenir entrepreneur.

"Vous allez augmenter le taux de mortalité de ces entreprises et finir par décourager les vocations", a dénoncé Charles de Courson (UDI-Agir)

"Qu'on accompagne ceux qui le souhaite oui, qu'on oblige tout le monde à passer par ce stage, non. Vous défendez une rente, une charge, une obligation là où nous défendons la liberté, la simplification et l'allègement des charges pour les artisans", a répliqué Bruno Le Maire en fustigeant une formule "injuste et incohérent".

En 2017, 83.000 artisans ont suivi cette formation mais 55.000 autres en ont été dispensés pour "des cas de force majeure ou pour avoir déjà reçu une formation en gestion équivalente". En supprimant cette obligation, l'Assemblée nationale aligne le régime des artisans sur celui des autres travailleurs indépendants, dont les commerçants, pour qui ce stage était déjà facultatif.

(Avec AFP)