Macron dévoile son plan pour promouvoir la langue française

Par latribune.fr  |   |  688  mots
(Crédits : Adnan Abidi)
A l'occasion de la journée internationale de la francophonie, Emmanuel Macron dévoile ce mardi son "grand plan d'ensemble pour la promotion de la langue française et du plurilinguisme" qu'il veut décomplexé et ouvert face aux soupçons de néo-colonialisme qui persistent notamment en Afrique.

Le chef de l'État, qui a choisi le lieu symbolique de l'Académie française à Paris pour lancer cette offensive linguistique, présentera au total une trentaine de mesures devant les "immortels" et quelque 300 jeunes, "scolaires et étudiants venus de tous les continents", indique l'Élysée.

Sous la coupole du quai de Conti, il annoncera un soutien accru aux systèmes éducatifs des pays francophones, en particulier en Afrique, via la "mobilisation de moyens inédits" pour permettre aux professeurs "de faire leur métier dans de bonnes conditions et de permettre à tous les enfants d'accéder à une éducation de qualité en français", ajoute-t-on.

"C'est l'une des conditions pour que la francophonie compte au milieu de ce siècle 700 millions de locuteurs", comme le prévoit l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF).

Pour financer ces mesures en Afrique, des crédits supplémentaires vont être débloqués en France, dans la lignée de l'engagement pris à Dakar début février par Emmanuel Macron qui a annoncé une contribution française de 200 millions d'euros au Partenariat mondial pour l'éducation (PME).

"Vision de combat"

Quatre mois après le discours d'Emmanuel Macron à Ouagadougou, où avait été formulé le voeu de faire du français la première langue d'Afrique et "peut-être" du monde, l'accent mis sur l'Afrique est loin d'être anodin. Sous l'effet des dynamiques démographiques, le nombre de francophones dans le monde - ils sont actuellement 275 millions - pourrait en effet bondir et atteindre 700 millions d'ici le milieu du siècle - dont 85% se trouveront en Afrique.

Saluée par l'OIF et le Québec, l'offensive du chef de l'État, qui depuis le début de son quinquennat a multiplié les prises de parole en faveur de la langue française et du plurilinguisme, n'est pas sans faire grincer des dents.

L'écrivain franco-congolais Alain Mabankou et le théoricien camerounais du post-colonialisme Achille Mbembe, ont notamment pointé des relents de colonialisme et mis en garde contre le concept de francophonie.

"Il ne s'agit pas d'opposer des langues, le français et l'anglais, le français et les langues locales et nationales africaines", dit-on à l'Élysée, où l'on promeut une francophonie "décomplexée". "Il y a de la place dans le monde aujourd'hui pour une pluralité de langues."

Soutien des industries créatives : une exception française

Signe de cette nouvelle ère, le chef de l'État annoncera un soutien aux industries culturelles et créatives francophones afin de "décloisonner les espaces culturels français, africains, maghrébins" et de faciliter leur circulation.Le choix d'Emmanuel Macron, considéré comme le plus anglophone des présidents de la Ve République, d'opter pour l'anglais lors de certains de ses déplacements à l'international illustre également l'ouverture que le chef de l'État souhaite associer à la francophonie, ajoute-t-on.

Au-delà de l'Afrique, la stratégie française vise également à renforcer le français au sein des enceintes internationales et européennes et comme deuxième langue la plus apprise après l'anglais dans le monde. Sur ce dernier point, le plan prévoit notamment "l'encouragement de l'apprentissage d'au moins deux langues étrangères, le développement de sections bilingues, la valorisation du métier de professeur de français", ou encore l'"accueil dans de meilleures conditions d'un nombre croissant d'étudiants étrangers en France", selon l'Élysée.

Des mesures d'aide à l'apprentissage du français en faveur des réfugiés en France seront annoncées dans le cadre de cette stratégie que le Quai d'Orsay sera chargé de mettre en oeuvre.

Cette feuille de route, annoncée en août lors de la conférence des ambassadeurs, devrait reprendre quelques-unes des propositions émises lors de la conférence internationale qui s'est tenue mi-février à Paris et de celles relayées sur la plateforme monideepourlefrancais.fr.

À l'heure actuelle, selon l'OIF, le français est la cinquième langue la plus parlée dans le monde (après le mandarin, l'anglais, l'espagnol, l'arabe et l'hindi), la troisième langue des affaires et la quatrième d'internet.

(avec agences)