Macron met la pression sur les oppositions en appelant à bâtir des compromis

Par latribune.fr  |   |  846  mots
(Crédits : Reuters)
Emmanuel Macron s'exprimait, ce mardi, soir pour la première fois après les élections législatives auxquelles le parti présidentiel a échoué à accéder à la majorité absolue.

Il n'y aura pas de gouvernement d'union nationale, a annoncé Emmanuel Macron, ce mercredi. Le président de la République qui s'exprimait lors d'une allocution télévisée annoncée plus tôt dans la journée a indiqué que cette hypothèse avait été exclue par les forces politiques qu'il a rencontrées et que selon lui, elle « n'est pas justifiée à ce jour ». Le chef de l'Etat a reconnu que les législatives avaient montré des « fractures » et que « nous devons apprendre à gouverner et légiférer différemment ». Renvoyant la balle aux partis de l'opposition, il a demandé « aux groupes politiques de dire en toute transparence jusqu'où ils sont prêts à aller ».

« Il faudra bâtir des compromis, des enrichissements, des amendements, mais le faire en toute transparence, à ciel ouvert si je puis dire, dans une volonté d'union et d'action pour la nation », a déclaré le président de la République dans une allocution télévisée. « Pour avancer utilement, il revient maintenant aux groupes politiques de dire en toute transparence jusqu'où ils sont prêts à aller ».

Rappelant la tenue du Conseil européen des chefs d'Etats et de gouvernement à Bruxelles jeudi et vendredi auquel il se rendra, il laisse donc deux jours aux partis d'opposition pour répondre à cette question. « Dès mon retour, à la lumière des premiers choix des premières expressions des groupes politiques de notre Assemblée nationale, nous commencerons à bâtir cette méthode et cette configuration nouvelle », a-t-il ainsi annoncé.

Emmanuel Macron a par ailleurs confirmé des mesures sur le « pouvoir d'achat », le « climat » et le « plein-emploi » cet été.

 Première prise de parole

Il s'agissait de la première prise de parole du chef de l'Etat depuis les élections législatives qui se sont soldées par l'échec du parti présidentiel à recueillir la majorité absolue. Ensemble! n'a récolté que 245 sièges (contre les 289 nécessaires) face à une percée du Rassemblement national (89 sièges). Le parti d'extrême droite semble donc prendre la place de la première force d'opposition. En effet, bien qu'ayant réuni 131 sièges, la Nouvelle union populaire, écologiques et sociales (Nupes) se fracture déjà et ne devrait pas se présenter sous un groupe parlementaire unique sur les bancs de l'Assemblée nationale.

Cette allocution intervient au terme de deux jours durant lesquels Emmanuel Macron a rencontré tous les présidents de parti des Républicains au Modem en passant par le Rassemblement national, le Parti communiste français ou encore la France Insoumise. « On composera avec tous ceux qui veulent faire avancer le pays, la main est tendue », avait d'ailleurs affirmé la porte-parole du gouvernement, Olivia Grégoire, dimanche dernier.

Pas de majorité absolue

Emmanuel Macron va, en effet, devoir composer sans majorité pour ce quinquennat rendant difficile le passage de ses réformes, en particulier celle très controversée des retraites. Même l'adoption du paquet pouvoir d'achat, que l'exécutif espérait faire passer rapidement après les législatives au vu des chiffres de l'inflation qui ne cessent de battre des records, pourrait prendre du retard.

Interrogé à l'issue de l'allocution du président, le numéro 2 de la France insoumise, Adrien Quatennens a pointé la dénoncé la volonté d'Emmanuel Macron de « quasiment mettre au défit » les forces politiques. « Monsieur Macron n'a pas compris que l'ère du Parlement (comme) chambre d'enregistrement est révolu », a-t-il asséné sur BFMTV. Et de s'interroger : « Si nous faisons une proposition de loi sur le pouvoir d'achat », « est-ce qu'Emmanuel Macron appellerait sa majorité toute relative à la voter ou ferait obstruction parlementaire ? ».

De son côté, le nouveau président du groupe LR à l'Assemblée, Olivier Marleix, a affirmé que les députés LR feraient « la semaine prochaine » des propositions « sur le pouvoir d'achat », tout en réfutant l'idée de donner un « chèque en blanc ». « Il n'y a pas d'alternative aux dialogue et respect évoqués par le Président. Mais il ne peut y avoir de chèque en blanc de surcroît sur un projet peu clair », a-t-il déclaré sur twitter.

Démissions au gouvernement

Ces législatives marquent également la fin précipitée de plusieurs de ses ministres, non des moindres. Justine Bénin, secrétaire d'État à la Mer, Brigitte Bourguignon, ministre de la Santé, et Amélie de Montchalin, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires ont toutes trois échoué à accéder au Palais Bourbon et devront remettre leur démission. Comme le veut la tradition, c'est ce qu'a fait la Première ministre Elisabeth Borne mardi, même si elle est, elle, sortie victorieuse du scrutin. Mais, Emmanuel Macron l'a refusée « afin que le gouvernement puisse demeurer à la tâche »« La Première Ministre a remis sa démission au Président de la République qui l'a refusée afin que le gouvernement puisse demeurer à la tâche et agir en ces jours », a indiqué l'Élysée dans un communiqué.