Macron reçoit les partenaires sociaux : les syndicats l'arme au pied sur les retraites

Par latribune.fr  |   |  977  mots
Emmanuel Macron recevra à L'Elysée les syndicats le 6 juillet (Crédits : SARAH MEYSSONNIER)
Alors que les syndicats sont sur le qui-vive sur une éventuelle relance de la réforme des retraites, Emmanuel Macron va réunir ce mardi les partenaires sociaux. "S'il remet sur la table la réforme des retraites, il nous trouvera sur son chemin", a déclaré au Parisien Yves Veyriet, le secrétaire général de Force Ouvrière. Dans le JDD, Richard Ferrand (LREM) préconise quant à lui de repousser la réforme à 2022.

La rencontre promet d'être tendue ce mardi. Alors que le gouvernement réfléchit à relancer un projet de réforme des retraites, Emmanuel Macron recevra le 6 juillet à l'Elysée les partenaires sociaux afin de faire le point sur la situation économique et sanitaire après plus d'un an de crise. Le Premier ministre Jean Castex, le ministre des Finances, Bruno Le Maire et la ministre du Travail, Elisabeth Borne, participeront aussi aux échanges qui concerneront la croissance économique, la transition écologique économique, la lutte contre les inégalités économiques et la préparation aux défis démographiques. La question des retraites sera évidemment abordée. Le chef de l'Etat compte s'exprimer sur ce sujet d'ici au 14 juillet.

Allonger la durée de vie active

Avant 2020, Emmanuel Macron prônait une refonte totale, avec un passage à un système à points, et s'opposait au simple relèvement de l'âge de départ. Si le système à points semble enterré, un allongement de la vie active semble privilégié. Préconisée par Bruno Le Maire l'allongement de la durée du travail est envisagée, possiblement à 64 ans. Pour la rendre acceptable, elle pourrait être accompagnée d'un coup de pouce aux petites retraites, aux personnes ayant eu une carrière hachée, notamment les femmes, ou ayant commencé à travailler très jeunes. La suppression des régimes spéciaux, mesure qui selon l'exécutif fait consensus dans l'opinion, reste au programme. Le système est déficitaire, avec un besoin de financement de 7 à 10 milliards d'euros par an.

Les partenaires sociaux hostiles

Tous les syndicats sont sur le pied de guerre, même la CFDT initialement favorable à une refonte du système. Tous ont mis en garde l'exécutif contre l'adoption d'une telle réforme avant 2022. Ce dimanche, dans une interview accordée au Parisien, Yves Veyriet, le secrétaire de Force Ouvirère s'est prononcé sur le projet de passer l'âge légal de la retraite de 62 à 64 ans pour ceux qui sont nés après 1961.

"Le passage de 62 à 64 ans est injuste et illogique : alors que la crise sanitaire a aggravé les difficultés d'accès à l'emploi, on ne va pas imposer à ceux qui en ont encore un au moment de prendre leur retraite de devoir travailler deux ans de plus ! Une telle décision augmenterait le chômage : si vous maintenez en emploi deux ans de plus ceux qui ont un travail, vous fermez la porte à ceux qui en cherchent un. Et côté séniors, vous augmentez le nombre de chômeurs longue durée", a-t-il dit.

Et de menacer : "s'il remet sur la table la réforme des retraites, il nous trouvera sur son chemin"

Même le Medef, partisan d'un relèvement de l'âge de départ à 64 ans, estime qu'il faut repousser son application après la présidentielle, de peur de déclencher des mouvements sociaux qui entraveraient la relance.

Quel calendrier?

En revanche, de plus en plus de voix dans la majorité prennent position en faveur d'une action dès cette année. C'est le cas de Bruno Le Maire, qui, la semaine dernière, a déclaré qu'Emmanuel Macron ne devait pas remettre à plus tard la réforme des retraites, mais qu'il fallait bien mesurer les risques de nouveaux conflits sociaux avant l'élection présidentielle de l'année prochaine.

Ce samedi, dans une interview accordée samedi au Parisien, à la question : "Êtes-vous favorable à l'idée de repousser l'âge de la retraite à 64 ans?", il a répondu :

"si nous voulons que nos enfants vivent aussi bien que nous, avec un système de retraite par répartition et un niveau de vie qui augmente, il faut que collectivement nous travaillons davantage. Dire l'inverse, c'est mentir aux Français (...). Il faut regarder la réalité en face et ne pas faire croire aux Français qu'on peut garder le même niveau de vie, la même protection sociale sans un effort collectif. Cet effort doit être juste, partagé et tenir compte des parcours individuels de chacun".

En revanche, Richard Ferrand (LREM), proche d'Emmanuel Macron, a estimé dans le Journal du Dimanche (JDD) qu'enterrer ou se précipiter sur le projet de réforme des retraites serait une "folie". Pour lui, la réforme des retraites doit être repoussée à 2022.

 "Je veux toujours une réforme qui réduit les inégalités en mettant fin notamment aux régimes spéciaux et qui ouvre de nouveaux droits aux jeunes, aux femmes", a affirmé Richard Ferrand pour qui "la réforme des retraites ne saurait être abandonnée". Si le premier projet "a été contesté", il a estimé qu'"enterrer ce projet comme se précipiter serait folie à (ses) yeux".

"Réaffirmons clairement ce que nous voulons faire et engageons-nous à ce que ce soit notre première réforme du second quinquennat d'Emmanuel Macron", a fait valoir Richard Ferrand.

De son côté, la ministre déléguée au Logement Emmanuelle Wargon a déclaré  au micro d'Europe 1/CNEWS/Les Echos que la réforme des retraites nécessitera une "forme de consensus sur ce qu'il faut faire en matière d'équité entre les générations."

"Ce consensus existe au fond sur le constat et sur le besoin", selon elle, mais "il faut être d'accord sur l'urgence" et ce qui sera discuté "dans les jours qui viennent entre les partenaires sociaux et le président de la République".

"Cette réforme il faudra la faire" puisque "l'équilibre des régimes de retraite n'est pas assuré", a souligné Emmanuelle Wargon.

"Pour l'instant, la génération de nos enfants, si nous n'y prenons pas garde, va se retrouver avec la dette des retraites, la dette climatique et la dette publique tout court, et nous ne pouvons pas faire ça", a-t-elle prévenu.