Retraites : Bruno Le Maire veut lancer la réforme dès maintenant et relever l'âge de départ

Le ministre de l'Economie, dans le sillage des intentions du président de la République, veut accélérer sur la réforme des retraites. Les oppositions syndicales vont être nombreuses.
Ce n'est pas la première fois que le ministre de l’Économie affirme que la réforme des retraites ne peut pas attendre.
Ce n'est pas la première fois que le ministre de l’Économie affirme que la réforme des retraites ne peut pas attendre. (Crédits : BENOIT TESSIER)

Le gouvernement accélère sur la réforme des retraites. Après les premiers jalons posés par le président Emmanuel Macron lors d'un déplacement dans le Lot, début juin, rappelant que cette question était "la mère des réformes", c'est désormais son ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, qui appelle une nouvelle fois à reculer l'âge du départ à la retraite.

"Moi je donne mes convictions, je suis favorable (à un relèvement de l'âge de départ) parce que c'est l'intérêt des Français et l'intérêt de la France que tout le monde, globalement, que notre pays, travaille davantage", a déclaré ce mardi le ministre sur Cnews.

Ce n'est pas la première fois que le ministre de l'Économie tient cette position. "Il faudra poursuivre les réformes structurelles : la priorité, ce sont les retraites", avait-il déclaré au Journal du Dimanche, début juin. En plein confinement, et alors que l'économie était encore sous cloche, il expliquait dès février, au sujet de ce sujet épineux, "qu'il sera nécessaire de réformer le système des retraites une fois la crise sanitaire derrière nous et la reprise de l'économie amorcée".

Un recul à 64 ans de l'âge du départ à la retraite tiendrait la corde

Si Bruno Le Maire ne s'est pas aventuré à donner un âge précis, plusieurs sources expliquaient hier à La Tribune que l'Élysée envisageait un report à 64 ans, contre 62 ans aujourd'hui.

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Malgré le revers électoral de LREM et alors que l'échéance présidentielle se rapproche, l'exécutif voudrait enclencher cette réforme avant 2022. Un constat partagé par Bruno Le Maire qui expliquait ce matin sur le plateau de Cnews : "moi mon expérience c'est qu'on n'a jamais intérêt en politique à remettre à demain ce qu'on peut faire aujourd'hui".

Selon nos informations, une réunion de travail entre l'exécutif et les partenaires sociaux pourrait se tenir la semaine du 5 juillet. Ce temps de travail, thématisé autour de la "relance", serait l'occasion d'évoquer le programme d'actions pour les mois restants avant la fin du quinquennat. Mais aussi et surtout en ligne de mire : la question de l'allongement du nombrer de trimestres nécessaires pour obtenir une pension de retraite pleine.

Fronde des syndicats ?

Reste à savoir si l'exécutif sera prêt à affronter une potentielle fronde sociale massive, alors que l'économie commence à repartir. "Est-ce qu'il y a des risques sociaux ? Est-ce qu'il y a des risques de troubles ? Est-ce qu'il faut encore davantage expliquer les choses ? Tout cela relève de la seule appréciation du président de la République", a estimé Bruno Le Maire.

Et le chef de l'État devrait composer avec de nombreuses réticences. Les réactions des représentants syndicaux, après le ballon d'essai présidentiel dans le Lot, semblent dessiner une véritable levée de bouclier. Laurent Berger, le patron de la CFDT, avait estimé que toute relance d'une réforme des retraites avant l'élection présidentielle 2022 serait une "folie" et constituerait une démarche politique "inflammable". Au regard des premiers éléments de cette potentielle réforme, basée donc sur des critères paramétriques enterrant l'instauration d'un système universel par point, le syndicat réformiste devrait cette fois-ci appeler à la mobilisation.

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Même le syndicat patronal est vent débout contre toute réforme des retraites avant la Présidentielle : "pour faire cette réforme, il faut un capital politique. Le temps est passé depuis 2017. Pour moi, c'est un débat de la présidentielle, il faut que tous les candidats se positionnent", taclait le 9 juin Geoffroy Roux de Bézieux, le patron du Medef.

Pour atténuer la fronde et en contre-partie, Emmanuel Macron souhaite fixer le revenu minimum à 1.000 euros par mois pour ceux ayant une carrière complète, alors qu'aujourd'hui, 5,7 millions de retraités perçoivent une pension mensuelle inférieure à ce montant.

Le financement au cœur de la réforme

L'objectif de cette réforme, selon le gouvernement, est d'assurer l'équilibre budgétaire du système de retraite. Selon le rapport d'un Conseil d'orientation des retraites (COR) publié en juin, le déficit global du système de retraite français s'est établi à 13 milliards d'euros en 2020, soit nettement moins que les 23,4 milliards prévus initialement. Les comptes dans le rouge s'explique en grande partie par le contexte économique liée à la crise sanitaire. Faute d'activité, les cotisations salariales et patronales ont été largement insuffisantes.

A plus long terme, et sans réforme des retraites, le retour à l'équilibre financier reste envisagé "vers le milieu des années 2030" dans le meilleur des cas, si l'Etat prend à sa charge une part plus importante des dépenses. Sinon, il faudrait attendre "entre 2040 et 2050", analyse le COR.

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Selon cette instance, le besoin de financement du système de retraite, en moyenne annuelle, sur les 25 ans prochaines années, serait compris entre zéro et 0,6 point de PIB, soit environ 14 milliards d'euros. A long terme, "le solde du système de retraites varierait entre + 2,1% et - 0,7% du PIB en 2070 selon les scénarios et la convention retenus". Selon plusieurs sources, un rapport à 64 ans de l'âge de départ à la retraite pourrait générer 26 milliards d'euros d'économies d'ici 2026.

Commentaires 3
à écrit le 29/06/2021 à 16:10
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Vous savez quoi , sur ce coup là il a raison à la fois techniquement et politiquement. Je vis me coucher c'est trop pour aujourd hui !

à écrit le 29/06/2021 à 16:03
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du coté syndical je ne suis pas persuadé que le cnpf soit bien chaud pour rentrer dans une période de tension sociale.

à écrit le 29/06/2021 à 15:13
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Je fais appel a la mise en place d'une retraite forfaitaire et d'une cotisation proportionnelle sachant que les plus riches peuvent prendre, s'il le désire, une complémentaire dans le domaine privé!

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