Manuel Valls apostrophé par les producteurs au salon de l'agriculture

Par latribune.fr  |   |  485  mots
Manuel Valls a été bien reçu par les agriculteurs contrairement à François Hollande.
Le Premier ministre est arrivé très tôt ce lundi matin au salon de l'agriculture, deux jours après la visite agitée de François Hollande. Interrogés par l'AFP, des producteurs ont expliqué vouloir "l'apaisement". Un éleveur a toutefois interpellé Manuel Valls en affirmant qu'il était "le pantin de l'Europe".

Le Premier ministre français Manuel Valls est arrivé au Salon de l'agriculture, lundi peu avant 07H00, et a été accueilli dans le calme par des éleveurs soucieux de le sensibiliser à la grave crise du secteur.

Deux jours après une visite mouvementée du président François Hollande, M. Valls a d'abord salué le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll et le président de la FNSEA, le principal syndicat agricole, Xavier Beulin.

Un lien entre "le terroir et la société"

Puis le chef du gouvernement s'est rendu au stand des bovins où trônait, comme chaque jour, la mascotte du Salon, Cerise, une vache bazadaise, et s'est lancé dans une discussion avec des éleveurs dont un béret vissé sur la tête. M. Valls a estimé qu'en France, "la crise est plus profonde parce qu'il y a ce lien entre le terroir et la société".

Voyant Cerise qui s'agitait, Stéphane Le Foll a plaisanté à l'adresse du Premier ministre: "c'est son côté espagnol", a-t-il lancé, ce à quoi M. Valls a répondu: "c'est qu'elle t'a reconnu".

Aucune huée ni sifflet contrairement aux remous qui avaient ponctué samedi la visite du président Hollande, copieusement hué par une foule d'éleveurs en colère.

"On veut faire passer le grand cri de détresse des éleveurs dans les campagnes", a expliqué à l'AFP José Baechler, un éleveur du Lot-et-Garonne qui devait participer ensuite à un petit-déjeuner avec le Premier ministre.

Les agriculteurs "veulent l'apaisement"

Interrogé sur l'accueil prévu pour M. Valls, l'éleveur a souligné que les producteurs "veulent l'apaisement" mais souhaitent que leurs "propos soient entendus".

"Le problème (de vente sous les coûts de production, NDLR) récurrent depuis quelques années atteint maintenant un niveau vraiment insupportable", selon José Baechler, qui a jugé insuffisantes les annonces d'aides faites jusqu'à présent.

Les éleveurs attendent "des prix rémunérateurs", il faut que le lait soit payé par les laiteries au minimum à 350 euros la tonne (35 centimes le litre contre 30 voire parfois 27 actuellement), et "pour bien réinvestir, il faudrait avoisiner les 400 euros", a-t-il estimé.

Interpellé sur l'Europe par un éleveur

"Vous êtes les pantins de l'Europe", a lancé un éleveur au Premier ministre Manuel Valls, venu lundi visiter le Salon de l'agriculture, ont constaté des journalistes de l'AFP.

"On a l'impression d'être abandonnés", a lancé à l'adresse du Premier ministre Claude Duval, installé depuis 1973 et qui possède 100 vaches laitières. Ce à quoi M. Valls a répondu: "on est conscients de vos problèmes".

"Il y a une prise de conscience, je pense, de la gravité de la crise", a souligné M. Valls. Pour lui, il ne peut toutefois pas y avoir de crise de confiance en Europe sur ce sujet-là. "Les deux premiers piliers de l'Europe, c'était l'acier et l'agriculture. Il ne faut pas que ce pilier-là s'effondre".

(Avec AFP)