Nomination d'Edouard Philippe à Matignon : des réactions mitigées

Par latribune.fr  |   |  1189  mots
Après la nomination d'Edouard Philippe, député-maire du Havre Les Républicains, au poste de Premier ministre, les réactions s'enchaînent dans la sphère politique.
Dans une brève allocution, le secrétaire général de l'Elysée Alexis Kohler a annoncé lundi que le député-maire du Havre (LR), Edouard Philippe héritait des clés de Matignon. Dès sa nomination, les réactions se sont multipliées.

Sur un tout nouveau compte Twitter, sur fond de photographie de l'Elysée, Edouard Philippe a communiqué sur sa nomination à Matignon:

Depuis la courte allocution du secrétaire général de l'Elysée - une quinzaine de secondes seulement - officialisant la nomination, les réactions politiques pleuvent.

A droite, de grosses ambiguïtés et un appel au ralliement

Le secrétaire général du parti Les Républicains, Bernard Accoyer, qualifie la décision d'Edouard Philippe "d'individuelle", à distinguer d'un accord d'appareils pour les élections législatives. Il n'a pas souhaité s'exprimer sur une éventuelle exclusion du parti mais n'a pas manqué d'insister sur l'ambivalence de la démarche :

"L'ambiguïté quant à la campagne elle-même (...) Ce Premier ministre soutiendra-t-il les candidats En Marche, du président de la République qui vient de le nommer, ou soutiendra-t-il les candidats LR-UDI, ceux de sa famille politique ?"

Le maire de Bordeaux, Alain Juppé, a réagi sur Twitter, saluant l'expérience de cet "ami et homme de grand talent":

Jean-Baptiste Lemoyne, sénateur LR ayant rejoint la République en Marche s'est montré, lui, très positif:

"C'est une très bonne nouvelle parce qu'on voit bien qu'Emmanuel Macron tient sa promesse (...) non seulement de renouvellement des visages mais également d'en finir avec un certain nombre de clivages idéologiques qui en fait n'ont plus cours. Ce qu'il faut aujourd'hui, c'est de l'efficacité."

Dans le même esprit, quelque 22 élus de Le Républicains, dont Christian Estrosi, Thierry Solère et Benoist Apparu, ont appelé leur parti à "répondre à la main tendue par le président de la République" afin "d'être à la hauteur de la situation de notre pays".

> Lire aussi: Edouard Philippe (LR) nommé Premier ministre

Plus dubitatif, Jean-Christophe Lagarde, président de l'UDI, questionne sur son compte Twitter:

"Edouard Philippe 1er Ministre ? Curieux d'accepter d'être le chef des candidats qu'il n'a pas choisis et d'un projet qu'il n'a jamais défendu."

Pour Nicolas Dupont-Aignan, "les masques tombent!" Le leader de Debout la France condamne violemment la nomination d'Edouard Philippe, accusant Emmanuel Macron d'assurer la continuité du bilan socialiste:

"Le nouveau premier Ministre d'Emmanuel Macron, partage, comme la quasi-totalité des dirigeants Républicains, le projet politique du nouveau Président socialiste [...] Après avoir mené pendant 20 ans à tour de rôle la même politique de soumission à Bruxelles, les deux détaillants à bout de souffre se regroupent dans le même gouvernement."

Le MoDem salue la décision

François Bayrou, président du Mouvement Démocrate (MoDem) a annoncé, simplement:

Vice-présidente du parti centriste, Marielle de Sarnez voit, elle aussi, la nomination d'Edouard Philippe comme un bon signe estimant que le rassemblement "large est en marche". Elle réitère le soutien du MoDem à Edouard Philippe, dont le président du parti avait appuyé la candidature d'Emmanuel Macron lors de la campagne présidentielle.

"Au MoDem, nous connaissons bien la sensibilité d'Edouard Philippe, nous l'apprécions. [...] Edouard Philippe a toutes les qualités pour ce poste (...) Je suis certaine qu'il aura le soutien des Français."

 A gauche, une pluie de critiques

Sans tergiverser, Jean-Christophe Cambadélis, au PS, est tranchant sur Twitter :

Le député socialiste, Razzi Hamnadi, rejoint le premier secrétaire de son parti:

"M. Philippe est un homme de droite, défendant des convictions, des votes et lors de la dernière présidentielle un projet de droite et j'ai bien peur que le camouflage du dépassement laisse place à l'affirmation d'un gouvernement de la même couleur politique."

L'ancien candidat à la présidentielle, Benoit Hamon est revenu, dans un communiqué, sur le choix du président de la République.

"Il a donné les clés du gouvernement à un homme issu de la droite, Edouard Philippe.[...] La place de la gauche n'est ni dans son gouvernement ni dans la majorité qui pourrait le soutenir (...) Qui peut croire que la gauche se reconstruira dans une coalition dirigée par un membre des Républicains ? Ce n'est ni sérieux, ni crédible."

Et d'ajouter qu'il invitait les Français à voter, le plus largement possible à gauche pour les législatives.

Les écologistes, quant à eux, "déplorent particulièrement la nomination d'un élu qui a aussi été cadre dirigeant chez Areva". Dans un communiqué, EELV s'inquiète en effet d'un possible frein sur la mise en oeuvre de mesures liée au nucléaire et à la politique énergétique et climatique, rappelant qu'Edouard Philippe s'était opposé à la Loi de transition énergétique.

Du côté de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon s'est montré formel en estimant que le nouveau président de la République avait pris le contrôle de "toute la classe politique" et annexé la droite avec cette nomination. Avant de poursuivre en appelant les Français à voter pour sa formation politique aux législatives afin d'empêcher Emmanuel Macron de "cumuler tous les pouvoirs".

Au Front national, un "bond de 30 ans en arrière"

Pour le Front national, c'est Nicolas Bay, secrétaire général qui a pris la parole :

"La nomination d'Edouard Philippe est la démonstration que le gouvernement d'Emmanuel Macron est la synthèse du pire de la droite et du pire de la gauche. (...) Des juppéistes et des rocardiens, ce qui nous ramène 30 ans en arrière."

Le refrain est le même pour Florian Philippot, vice-président du parti :

Les organisations patronales félicitent en attendant les efforts

Tandis que l'Union des entreprises (U2P), organisation patronale, salue la nomination d'Edouard Philippe, la Confédération des PME le félicite avant de lui rappeler les futurs chantiers à bâtir :

"Si les normes sociales sont impératives il n'est pas acceptable, comme c'est le cas aujourd'hui, qu'elles découragent l'initiative. Les règles doivent donc être réorientées vers ceux qui prennent le risque d'entreprendre dans l'intérêt de tous", précise le communiqué de la CPME."

L'organisation patronale insiste sur la nécessité de réadapter le code du travail à l'emploi dans les PME mais aussi de voir adopter une Loi cadre TPE/PME.

(avec Reuters)