Macron va nommer son Premier ministre avant de partir à Berlin

Au lendemain de son investiture, le nouveau président français Emmanuel Macron doit nommer lundi son Premier ministre avant de partir pour Berlin, signe de la priorité donnée à l'axe franco-allemand et à la relance européenne.

Le double agenda de cette journée reflète les deux principaux défis du jeune centriste pro-européen qui souhaite une "France forte dans une Europe qui protège".

Dans son premier discours officiel, le nouveau chef de l'Etat a promis dimanche de "rassembler et réconcilier" les Français, de leur redonner confiance, de refonder et relancer l'Europe, de la rendre "plus efficace, plus démocratique, plus politique".

Le profil de son Premier ministre et la composition du nouveau gouvernement français, qui devrait selon toute probabilité être annoncée mardi, seront le premier test de sa capacité à rassembler, à un mois d'élections législatives cruciales pour la suite de son mandat.

Le plus jeune président de l'histoire de France avait affirmé avant même son élection le 7 mai avoir arrêté son choix pour Matignon. Mais il n'a jamais donné la moindre indication à ce sujet, laissant les rumeurs agiter le monde politique et les médias.

Le nom d'Edouard Philippe, 46 ans, un élu de la droite modérée, membre du parti Les Républicains (LR) et proche de l'ancien Premier ministre Alain Juppé, est celui qui circule le plus souvent.

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Marge de manoeuvre limitée

Quelques élus de la droite modérée ont déjà rejoint le camp d'Emmanuel Macron, mais l'arrivée d'un élu LR serait un signal de rassemblement très fort pour tenter de convaincre les Français de lui donner une majorité au Parlement, qui lui permettra de mener ses réformes libérales et sociales.

Dans son discours d'investiture, le nouveau chef de l'Etat a accordé une place importante à la question européenne:

"L'Europe dont nous avons besoin sera refondée et relancée car elle nous protège", a-t-il dit.

Son premier déplacement à l'étranger sera consacré lundi à un entretien à Berlin avec la chancelière Angela Merkel, elle-même confortée par une victoire électorale de poids dimanche, avant les législatives allemandes de septembre.

"Il y a un souhait de travail conjoint sur quelques priorités: la sécurité, l'économie, les investissements et la protection sociale, avec la lutte contre le dumping ainsi que le sujet des travailleurs détachés", a-t-on précisé dans l'entourage d'Emmanuel Macron.

Au lendemain de sa victoire face à l'extrême droite, Mme Merkel avait estimé que le jeune centriste portait les espoirs "de millions de Français et aussi de beaucoup de gens en Allemagne et en Europe". Mais les discussions ne seront pas faciles pour autant.

"En tant que conservatrice, sa marge de manoeuvre avec Macron est très limitée", a reconnu un ministre allemand, sous couvert d'anonymat. Mais d'un autre côté, "humainement, cela devrait bien passer"

Un 'ami cher' de l'Allemagne

La presse allemande, elle, n'a laissé aucun état de grâce au nouveau président français et mis en avant dès son élection les sources prévisibles de désaccords avec Berlin.

Emmanuel Macron a ainsi plaidé pour un "traité refondateur" de l'Union européenne. Or, l'idée de réformer les traités européens, suite au rejet par référendum en France du projet de Constitution européenne en 2005, est un chiffon rouge à Berlin.

Le nouveau président français envisage concrètement  un budget, un Parlement et un ministre des Finances pour la zone euro, autant de sujets qui risquent de crisper la chancelière et son parti chrétien-démocrate (CDU), très attachés à l'orthodoxie financière.

"L'ami cher. Macron sauve l'Europe... et ce sont les Allemands qui doivent payer", titrait samedi l'hebdomadaire Der Spiegel.

En attendant ce rendez-vous à Berlin, c'est au cours d'une cérémonie très solennelle et protocolaire qu'Emmanuel Macron a pris ses fonctions officielles dimanche au palais de l'Elysée, succédant au président socialiste sortant, François Hollande, qui avait lui-même réservé sa dernière visite officielle à Berlin lundi dernier.

Sa victoire à la présidentielle, le 7 mai, a bouleversé le paysage politique français, au terme d'une campagne électorale à rebondissements, marquée par le score historique de l'extrême droite, l'élimination tout aussi historique des partis traditionnels, de droite (Les Républicains) et de gauche (Parti socialiste), et les profondes fractures d'un pays divisé entre perdants et gagnants de la mondialisation.

(avec agences)

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