Le gouvernement évite la sanction de Moody's et de Fitch : Gabriel Attal vante « la crédibilité de la France » et son attractivité

Par latribune.fr  |   |  768  mots
Gabriel Attal (Crédits : Lafargue Raphael/ABACA via Reuters Connect)
Au lendemain du maintien de la note de crédit des agences de notation financière Moody's et Fitch, le Premier ministre français Gabriel Attal a mis en avant samedi que « la crédibilité de la France » et son attractivité, notamment auprès des investisseurs.

Soulagement pour le gouvernement. Alors que les agences de notation Fitch et Moody's ont maintenu vendredi soir leur note de crédit de la France à un niveau élevé malgré le dérapage des déficits publics en 2023 et en 2024 et le niveau d'endettement du pays, la majorité pavoise. Pour elle, la décision des deux agences conforte sa politique économique alors que les oppositions espéraient une dégradation de pour la discréditer à l'approche des élections européennes.  Pour Jean-René Cazeneuve (Renaissance), le maintien des notes est « un signal positif qui valide notre politique de réduction du déficit et les décisions prises en début d'année dès que le ralentissement de la croissance s'est confirmé ». De son côté, Gabriel Attal y voit le signe de « la crédibilité de la France » et de son attractivité, notamment auprès des investisseurs.

« Les investisseurs ont confiance dans notre pays », qui est « le plus attractif pour les investissements étrangers pour la quatrième année consécutive », a-t-il ce samedi, lors d'un déplacement dans le département de la Manche (ouest). « Partout dans notre pays, vous avez des projets d'investissements, notamment industriels, qui se déploient », a-t-il ajouté, en faisant référence au baromètre réalisé chaque année à l'échelle européenne par le cabinet EY.

Ce n'est pas de « la magie »

« Notre pays, comme le monde entier, traverse des difficultés qui sont notamment liées à la guerre en Ukraine, mais la France s'en sort mieux que les autres d'un point de vue économique », a également vanté le Premier ministre, avant de détailler la bonne santé du marché de l'emploi.

Cette solidité économique « n'est pas le fruit d'une forme de magie », mais de l' « action de ce gouvernement », a-t-il fait valoir.

Les notes attribuées par les deux agences classent encore la dette française parmi celles de « haute qualité ». La France a perdu en 2012 son triple A, marquant les dettes souveraines les plus sûres, comme celle de l'Allemagne actuellement. Dans son communiqué, Fitch a cité comme atouts de la France une économie « vaste et diversifiée », des institutions « fortes et efficaces » et « une stabilité reconnue ». Mais qu'en revanche, sa note est affaiblie par les finances publiques, en particulier le niveau élevé de la dette du pays.

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Leur avis sur la solidité de la dette française était particulièrement guetté après une série de mauvaises nouvelles concernant les finances publiques depuis février.

Le déficit public de la France a lourdement dérapé à 5,5% du PIB en 2023 au lieu de 4,9% espérés, en raison surtout de moindres recettes que prévu, et avec 110,6% de PIB de dette, elle a le troisième plus fort ratio de dette de l'UE après la Grèce et l'Italie. Le gouvernement a dû annoncer en urgence depuis février deux trains d'efforts budgétaires de 10 milliards d'euros chacun.

Objectif : passer sous les 3% de déficits en 2027

Le ministre des Finances Bruno Le Maire a aussitôt « pris note » de ces nouvelles dans un bref communiqué, ajoutant que « cette décision doit nous inviter à redoubler de détermination pour rétablir nos finances publiques et tenir l'objectif fixé par le président de la République : être sous les 3% (de PIB, NDLR) de déficit en 2027 ». « Nous tiendrons notre stratégie fondée sur la croissance et le plein emploi, les réformes de structure et la réduction des dépenses publiques » assure Bruno Le Maire, qui va défendre devant les députés lundi, puis devant les sénateurs mardi, le Programme de Stabilité (« PSTAB ») et les prévisions de retour du déficit public sous 3% en 2027 qu'il contient.

Ni Fitch ni Moody's ne croient au retour du déficit public de la France sous 3% du PIB en 2027, qui est une exigence européenne

Pour Moody's cependant, la perspective pourrait s'améliorer si le gouvernement « réussit à faire adopter et à appliquer des mesures » permettant de réduire significativement la dette. Mais la perspective et la note elle-même pourraient à l'inverse se dégrader à l'avenir si la situation de la dette se détériorait en France davantage que chez ses « pairs ».

Le gouvernement aura encore à affronter le 31 mai la notation de la plus regardée des agences, S&P, qui la place sur la même ligne que Moody's, à AA, mais avec une perspective négative, c'est-à-dire qu'elle a prévenu que la note pourrait baisser à moyen terme.