Paris se prépare à affronter la crue centennale... et à payer "l'addition du siècle"

Par latribune.fr  |   |  654  mots
En cas d'inondation majeure, plus d'un million de personnes seraient ainsi privées d'électricité et le fonctionnement des institutions, comme des infrastructures et activités d'importance vitale, pourrait être interrompu.
Depuis quelques jours, la crue de la Seine fait resurgir le scénario d'une "inondation du siècle". Début mars, la capitale française avait lancé une simulation grandeur nature sur deux semaines avec tous les services concernés par cette "inondation du siècle", inévitable selon les experts. L'occasion de tester l'organisation des services d'urgence mais aussi de réfléchir au redémarrage des activités ainsi qu'aux moyens de financer le coût de cette catastrophe, estimé à 30 milliards d'euros.

Article publié le 7 mars 2016

Paris se prépare au pire, d'ailleurs considéré comme inévitable par les experts. Le lundi 7 mars, la capitale française s'immerge dans la simulation grandeur nature des manœuvres nécessaires pour répondre à une crue majeure de la Seine. Dénommé "Sequana 2016", l'exercice de gestion de crise, partiellement financé par l'Union européenne, durera une quinzaine de jours. Il mobilisera 87 partenaires - communes, entreprises ou services de l'Etat - ainsi que d'autres pays de l'UE.

"Risque majeur que la région sera un jour amenée à connaître", "une crue majeure à Paris pourrait directement ou indirectement toucher près de 5 millions d'habitants et un grand nombre d'activités, avec des répercussions considérables sur les plans humain, économique et social", a expliqué le préfet de police de la capitale, Michel Cadot. Un tiers de l'activité économique française, ainsi que toutes les administrations centrales sont en effet implantées en région parisienne.

Effet "domino"

Plus d'un million de personnes seraient ainsi privées d'électricité et le fonctionnement des institutions, comme des infrastructures et activités d'importance vitale, pourrait être interrompu. L'infiltration des eaux dans les sous-sols franciliens endommagerait en effet toutes les infrastructures enterrées, tous les réseaux souterrains. On observerait ensuite un effet "domino" avec des interruptions en cascade de services essentiels: effondrement des réseaux électrique et téléphonique, arrêt du chauffage urbain, coupure de l'approvisionnement en eau potable, paralysie des transports. Globalement, la crue "centennale" (à savoir  ayant une chance sur 100 de se produire chaque année) prévue par les experts pourrait, selon l'OCDE, coûter 30 milliards d'euros.

"L'événement EU Sequana est une formidable opportunité d'identifier, avec tous les acteurs impliqués,les leviers qui permettent de garantir une reprise de l'activité économique la plus rapide possible", explique l'un des partenaires, Allianz France. L'objectif de la simulation est également d'appliquer la directive européenne "inondation", qui a fixé en novembre 2013 des règles à la suite des inondations à Prague et à Londres. La région Ile-de-France a pris des mesures visant à rehausser des digues et à créer des "bassins d'orage" (recueil des eaux drainées par la voirie) afin de réduire le risque de rejet de pollution et améliorer l'entretien des cours d'eau.

Des pays européens en renfort

L'exercice implique deux phases distinctes. La première, simulant une montée des eaux, prévoit l'arrivée d'un front froid stationnaire sur le nord de la France au début du mois de février 2016, immédiatement suivi de précipitations accentuées sur l'ensemble de l'Île-de-France.

Les débits de la Seine, de la Marne et de l'Yonne augmentent alors de manière continue fin février et début mars 2016. Les niveaux de la Seine et de la Marne montent à un rythme quotidien de 50 cm. Les prévisionnistes confirment la tendance à l'aggravation pour la période du 7 au 12 mars 2016 avec une crue majeure dépassant le niveau atteint en 1910.

La France, qui déclencherait des moyens nationaux hors norme, ferait également appel au mécanisme européen de protection civile, permettant en 48 heures de demander et d'obtenir des renforts humains et logistiques de pays européens. Durant l'exercice, le 10 mars, ce mécanisme d'entraide entraînera l'arrivée d'hommes et de matériels en provenance de Belgique, d'Espagne, d'Italie et de République Tchèque.

Si, les premiers jours, l'exercice donnera essentiellement lieu à des simulations, le week-end des 12 et 13 mars, au moment du pic de crue, six exercices se dérouleront sur le terrain tandis qu'un site d'information grand public sera installé sur le Champ-de-Mars. La deuxième phase de l'exercice, du 15 au 18 mars, sera consacrée à la gestion des étapes d'un retour à la situation normale.

La seule crue dite "centennale" qu'ait connu le XXe siècle sur le bassin de la Seine date de 1910.

(Avec Reuters)