Pénélope Fillon sort de son silence dans la stratégie de com de son mari

Par latribune.fr  |   |  1302  mots
Ce dimanche, peu avant un rassemblement de soutien au Trocadéro à Paris et à la veille d'une réunion du comité politique du parti "Les Républicains", Pénélope Fillon dit souhaiter, dans un entretien au Journal du Dimanche, que son mari aille jusqu'au bout. Selon un sondage Ifop, réalisé par le JDD, 71% des Français veulent que François Fillon renonce à l'élection présidentielle.

Alors que 71% des Français souhaitent que François Fillon renonce à sa candidature à l'élection présidentielle selon un sondage réalisé Ifop pour le Journal du dimanche, le camp Fillon, qui se réduit comme peau de chagrin avec la cascade de désaffections ces derniers jours, continue d'afficher sa volonté de rester dans la course. Ce dimanche, peu avant un rassemblement de soutien controversé au sein des Républicains et du centre, et à la veille d'une réunion du comité politique du parti qui, prévue initialement mardi, a été avancée à lundi "compte tenu de l'évolution de la situation politique", Pénélope Fillon entre en scène dans la stratégie de communication de son mari, qui s'apparente pour les uns comme un baroud d'honneur pour les uns, comme un appel à continuer à résister pour les autres.

"Chaque jour je lui dis ça"

Dans un entretien au Journal du dimanche, l'épouse du candidat de la droite, assure de la réalité de ses activités auprès de son mari, alors que son mai va être mis en examen le 15 mars pour des emplois fictifs présumés et que Pénélope Fillon a été également convoquée par les juges pour être éventuellement mise elle aussi en examen. Alors que son mari est fragilisé par cette affaire au sein des Républicains, elle dit souhaiter que son mari aille "jusqu'au bout" dans la course à l'Elysée tout en précisant que l'ancien Premier ministre "prend ses décisions seul".

"Moi, je lui ai dit qu'il fallait continuer jusqu'au bout. Chaque jour je lui ai dit ça. C'est lui qui décidera", dit-elle. Si elle décrit la politique comme "un monde terrible", Penelope Fillon affirme soutenir son mari dans son dessein, jugeant qu''il n'y a que lui qui peut être président".

"Être capable d'endurer ça, c'est une preuve de courage remarquable. C'est le seul candidat qui ait l'expérience, la vision, le projet et la détermination nécessaire pour diriger la France", estime-t-elle.

"Si cela n'avait pas été moi, il aurait payé quelqu'un pour le faire"

Penelope Fillon s'explique aussi sur le fond de l'affaire, à savoir ses activités rémunérées de collaboratrice parlementaire auprès de son mari. "Il avait besoin de quelqu'un qui accomplisse ces tâches très variées. Si cela n'avait pas été moi, il aurait payé quelqu'un pour le faire. Donc on a décidé que ce serait moi", explique-t-elle à propos de ces activités qui ont cessé en 2013.

"Je ne considérais pas que je faisais de la politique. Je travaillais pour mon mari et pour les Sarthois", ajoute-t-elle.

Penelope Fillon a été employée par son mari comme assistante parlementaire de 1988 à 1990 puis de 1998 à 2002 et de mai 2012 à novembre 2013, un poste qui n'a pourtant jamais été "officialisé", comme elle l'a elle-même reconnu devant les enquêteurs, selon son procès verbal d'audition révélé par Le Monde. François Fillon a déclaré qu'elle avait été employée par ses soins pendant quinze ans, pour un salaire mensuel moyen de 3.677 euros nets.

"J'étais au courant"

Dans le Journal du dimanche, Penelope Fillon explique qu'elle était "bien sûr" au courant.

"J'étais au courant. Bien sûr que je comprenais ce que je signais quand je signais des contrats", dit-elle. "Cela m'a choquée qu'on puisse penser que j'étais une ignorante et une imbécile".

Elle raconte aussi avoir "réalisé des notes et des fiches de lecture" pour la Revue des deux mondes, dirigée par Marc Ladreit de Lacharrière, un ami de son mari. Un travail rémunéré au total 100.000 euros selon le Canard enchaîné, sur lequel la justice enquête également.

Penelope Fillon, qui sort de son silence pour la première fois depuis le début du "Penelopegate", explique sa discrétion par "peur des mauvaises interprétations."

"Et puis j'étais tellement surprise par la violence et par l'hystérie que je me suis renfermée dans ma coquille galloise", dit la mère des cinq enfants de François Fillon, qui est née au Pays de Galles.

 45.000 personnes attendues au Trocadéro

A sept semaines du premier tour, un rassemblement des soutiens à François Fillon est prévu ce dimanche à 15 heures place du Trocadéro, à Paris. Selon un organisateur, au moins 45.000 fidèles de François Fillon sont attendus dimanche. Le camp Fillon compte sur l'ampleur de cette manifestation pour enterrer le plan "B" d'un recours à Alain Juppé  pour le remplacer.

L'ancien Premier ministre a invité ses partisans à ne pas "abdiquer" lors d'une réunion publique samedi après-midi à Aubervilliers, près de Paris. Alors que certains s'inquiètent du soutien apporté par des mouvements conservateurs comme "Sens commun", émanation politique de "La Manif pour tous", "chaque Français" sera "le bienvenu" au rassemblement de dimanche (...)"il n'y a pas un profil, pas une origine particulière", a déclaré sur BFM TV, le nouveau directeur de campagne du candidat, Vincent Chriqui, qui remplace Patrick Stefanini, démissionnaire.

"C'est une réunion de soutien à François Fillon, c'est une réunion pour un projet de redressement, pour un projet d'alternance et de changement, c'est ça le seul mot d'ordre", a-t-il ajouté avant le meeting d'Aubervilliers (Seine-Saint-Denis).

"Quelle que soit l'injustice qui lui est faite, François Fillon n'est plus en mesure de porter notre projet et nos valeurs"

Au sein d'un parti en crise, des voix se sont élevées contre le rassemblement de dimanche, comme le président de la région des Hauts-de-France, Xavier Bertrand. "En République, on ne fait pas siffler la justice. Et non, je ne serai pas au rassemblement du Trocadéro demain", a-t-il écrit sur son compte Twitter. Son collègue de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca), le "sarkozyste" Christian Estrosi, parle quant à lui d'une "erreur".

"Il apparaît clairement que La Manif pour tous et Sens commun sont en première ligne dans l'organisation de cette manifestation, et cela me gêne", a-t-il dit-samedi dans un entretien paru dans Nice Matin. L'élu craint aussi que cette manifestation soit émaillée de violences et "donne l'impression d'un défi aux institutions de notre pays, et cela n'est pas possible non plus".

Dans une tribune publiée parallèlement, plusieurs dizaines d'élus de la région Paca appellent François Fillon à retirer sa candidature.

"Quelle que soit l'injustice qui lui est faite, François Fillon n'est plus en mesure de porter notre projet et nos valeurs", écrivent-ils.

Le soutien des sympathisants des Républicains à Fillon chute

D'après le sondage de l'Ifop, plus de sept Français sur dix (71%) souhaitent que François Fillon renonce à être candidat à l'élection présidentielle. Les Français interrogés, dont le nombre n'est pas précisé, sont 28% à souhaiter que l'ancien Premier ministre reste dans la course à l'Elysée, contre 33% il y a quinze jours. Le soutien des sympathisants des Républicains vis-à-vis de l'ancien Premier ministre chute de 70% à 53%. Interrogés sur "les qualités pour représenter la droite et le centre" à l'élection présidentielle de différentes personnalités, les sondés placent le maire de Bordeaux, Alain Juppé, en première position, à 64%, loin devant les anciens ministres François Baroin (34%) et Xavier Bertrand (30%). François Fillon est à 29%.

A la question de savoir qui est, parmi six candidats à la présidentielle, celui ou celle qui "incarne le mieux les valeurs d'honnêteté et d'éthique", François Fillon arrive en dernière position avec 7%, derrière le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan (9%), la présidente du Front national Marine Le Pen (14%), l'ancien ministre Emmanuel Macron (20%), le candidat socialiste Benoît Hamon (21%) et le représentant de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon (24%).