PODCAST Le logement, la bombe sociale qui vient

Par Philippe Mabille  |   |  490  mots
(Crédits : Gonzalo Fuentes)
HISTOIRES ECONOMIQUES. Après les retraites et l'inflation, la crise du logement est en train de devenir la principale préoccupation des Français. Écoutez chaque mardi 6h48 la chronique "Histoires Economiques" de Philippe Mabille dans le 5/7 de France Inter.


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La situation s'est en effet aggravée depuis la fin de la crise sanitaire. Le logement affronte un double choc, d'offre et de demande, dont les effets se combinent.

  • Sur l'offre, l'inflation du prix de l'énergie et des matériaux, ainsi que les pénuries de main-d'œuvre pénalisent la construction.
  • Et sur la demande, la brutale hausse des taux - ils ont plus que triplé, hors assurances, depuis janvier 2022 - affecte le pouvoir d'achat immobilier des acquéreurs.

Résultat, le marché se fige...

Exactement. Selon l'observatoire Crédit Logement CSA, le nombre de crédits immobiliers accordés a chuté de 40% en un an à la fin mars. Les ventes de logements neufs étaient en baisse de 26% au dernier trimestre 2022. Autre signal d'alarme, l'emploi : selon la Fédération française du bâtiment, près de 100.000 emplois seraient détruits à l'horizon 2024-2025 si rien n'est fait.

Et est-ce que le gouvernement réagit face à tout ça ?

Pas vraiment. La preuve, on devait connaître ce mardi les premières pistes retenues par le CNR Logement - un des Conseil Nationaux de la Refondation thématiques - et sans raison précise, ces annonces ont été reportées sine die.

En réalité, il y a un désaccord profond entre Bercy et les promoteurs, il est vrai souvent prompts à crier avant d'avoir mal. En ces temps de disette budgétaire, le ministère des finances s'inquiète des coûts d'un nouveau soutien au logement.
A l'évidence, le gouvernement temporise, même si l'argument des pertes d'emplois dans le bâtiment a convaincu Elisabeth Borne d'ajouter le logement à sa « feuille de route ».

Concrètement, à quoi peut-on s'attendre ?

La Caisse des dépôts sera mobilisée afin de racheter les logements neufs qui auraient du mal à trouver des acquéreurs. De 15 à 20.000 biens seraient financés de la sorte, soit deux fois moins que pendant le Covid.

Mais il ne s'agit que d'une mesure ponctuelle alors que le secteur attend des décisions politiques plus radicales. Le gouvernement étudie une prime aux maires bâtisseurs qui atteindrait autour de 10.000 euros par logement.

La grande difficulté est de libérer du foncier, dans un contexte où il faut aussi appliquer la règle du ZAN, le zéro artificialisation nette. L'urgence est surtout de solvabiliser les ménages pénalisés par la hausse des taux. Deux pistes sont envisagées : étendre aux zones tendues le Prêt à taux zéro réservé aux primo-accédants et aux zones rurales. Sous condition de rénovation énergétique.

Et assouplir les règles d'octroi de crédit qui limitent à un tiers des revenus le taux d'emprunt. Le gouverneur de la Banque de France y est très opposé car il craint un surendettement des ménages.

Réponse à ce sujet le 13 juin lors du Haut Conseil de Stabilité Financière.


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