Pollution à Paris : passe d'armes entre Anne Hidalgo et Ségolène Royal

Par latribune.fr  |   |  621  mots
Anne Hidalgo a été désavouée par Ségolène Royal à qui elle a demandé d'imposer la circulation alternée à Paris.
Alors qu'Airparif a signalé des dépassements de seuils de pollution dans la capitale, Ségolène Royal a tempéré la demande "intempestive" de la maire de Paris d'imposer la circulation alternée pour le vendredi 20 mars.

La Ville de Paris suffoque! Anne Hidalgo a demandé à l'État d'imposer la circulation alternée pour vendredi après un grave épisode de pollution mercredi 18 mars (certains médias indiquant que, ce jour-là, Paris avait dépassé le taux de pollution de Pékin, la ville la plus polluée du monde).

La ministre de l'Environnement, Ségolène Royal, a d'ores et déjà répondu qu'il ne fallait pas "prendre de décision intempestive". Sur La Chaîne Parlementaire Assemblée Nationale (LCP AN), elle a notamment déclaré:

"La ville de Paris (doit agir) de façon beaucoup plus déterminée parce qu'il y a beaucoup d'annonces et on ne voit pas beaucoup de changement", ajoutant,

"On est en train de regarder avec le préfet. On fera le point dans la journée (...) Nous prendrons les décisions qui s'imposent si nous devons protéger la santé publique."

Airparif a tiré la sonnette d'alarme

La maire de Paris, Anne Hidalgo (PS), a demandé jeudi à l'État la mise en place de la circulation alternée vendredi, et au Stif la gratuité des transports, en raison de la persistance de la pollution, a indiqué la Ville dans un communiqué.

Après le dépassement du seuil d'information mardi, et du seuil d'alerte mercredi, Airparif, l'organisme qui surveille la qualité de l'air en Ile-de-France, prévoit un nouveau dépassement du seuil d'information jeudi et vendredi suite à la poursuite d'un épisode de pollution aux particules fines PM10.

L'État pressé par Paris d'instaurer les mesures d'urgence

La réglementation autorise donc l'instauration de mesures d'urgence: circulation alternée, contournement de l'agglomération par les poids lourds de transit, gratuité des transports en commun.

La maire de Paris a demandé la mise en place de l'ensemble de ces mesures.

Le cas échéant, les véhicules propres, notamment électriques et hybrides, et les véhicules transportant plus de 3 personnes, seront autorisés à circuler, précise-t-elle.

Hidalgo, elle, maintient les mesures qui dépendent de sa compétence

Les mesures qui relèvent de la compétence de Paris sont en outre maintenues jusqu'à vendredi: une heure d'Autolib' gratuite pour les abonnés un jour, gratuité de l'abonnement à la journée à Vélib (qui permet d'utiliser le service gratuitement pour une durée de 30 minutes par trajet), stationnement résidentiel gratuit.

"J'appelle tous les Franciliens à recourir aux transports collectifs, aux modes doux et transports propres et au covoiturage", dit la maire de Paris, citée dans le communiqué.

Une décision rare, et jusqu'à présent, jamais prise en avance

L'an dernier, la circulation alternée avait été mise en place le 17 mars, mais après plusieurs jours d'une importante pollution pendant lesquels les autorités n'avaient pris aucune décision. Et il faut remonter à... 1997 pour retrouver la dernière qu'elle a été mise en place en région parisienne.

L'adjoint aux Transports, Christophe Najdovski (EELV), a rappelé le bilan "très positif" tiré par Airparif de la dernière mise en place de la circulation alternée, en mars 2014. Selon l'organisme, la mesure avait contribué "à la baisse de 15% des émissions liées au trafic routier en particules PM10 et de 20% des émissions d'oxyde d'azote".

"Il y avait eu un réel civisme des Franciliens sur cette question, qui avaient compris l'enjeu sanitaire de cette mesure. Nos concitoyens sont prêts à jouer le jeu d'une mesure comme celle-là", a souligné M. Najdovski.