Pour faire oublier le scandale, Orpea change de nom et devient Emeis

Par latribune.fr  |   |  628  mots
Orpea a adopté un nouveau nom, Emeis. (Crédits : STEPHANE MAHE)
Le groupe d'Ehpad privés Orpea a adopté, ce mercredi, un nouveau nom. Il s'appellera Emeis. La direction du groupe espère ainsi « marquer une nouvelle étape de sa refondation » et faire oublier les scandales de maltraitances mis au jour il y a deux ans.

[Article publié le mercredi 20 mars à 12h26, mis à jour à 13h] Orpea veut faire peau neuve. Le groupe d'Ehpad privés a adopté un nouveau nom, Emeis, pour « marquer une nouvelle étape de sa refondation », deux ans après le scandale des pratiques de son ancienne direction, a annoncé ce mercredi son directeur général Laurent Guillot.

« La marque Orpea était très abimée, elle était devenue synonyme de scandales, il était important de changer de nom », a déclaré à l'AFP le dirigeant du géant des maisons de retraite, cliniques privées et services d'aides à domicile qui emploie 76.000 personnes dans le monde, dont 28.000 en France.

Cela fait plusieurs mois qu'une nouvelle direction est chargée de mener un plan de transformation du groupe. Elle a notamment promis de faire des équipes sa « première priorité » afin de renforcer la qualité des soins aux résidents et de « restaurer la confiance » dans le groupe d'Ehpad privés.

Le scandale des maltraitances de résidents

Publié en janvier 2022, le livre-enquête du journaliste Victor Castanet Les Fossoyeurs, dénonçait une maltraitance des résidents, des manquements dans la gestion du personnel et un usage abusif des fonds publics au sein des établissements d'Orpea. Fin avril dernier, le parquet de Nanterre a ouvert une enquête sur le groupe soupçonné de maltraitance institutionnelle et de détournements de fonds publics. Des anciens dirigeants font aussi l'objet de poursuites judiciaires.

Surtout, depuis janvier 2023, le numéro un français des maisons de retraite a perdu plus de 95% de sa valeur en Bourse, l'obligeant notamment à appeler à l'aide la Caisse des dépôts et à organiser un processus de restructuration. Une restructuration annoncée comme terminée par le groupe en février, après la réalisation de sa troisième augmentation de capital.

Une restructuration par augmentation de capital

Pour tenter de remonter la pente et réduire la partie la plus spéculative de la dette du groupe qui s'élève à un total de 9 milliards d'euros, Orpea a en effet annoncé le 13 novembre le lancement d'une augmentation de capital « d'environ 3,9 milliards d'euros » par le biais d'une émission de nouvelles actions et ayant pour objectif d'effacer « l'intégralité de l'endettement non sécurisé ». À la suite de l'augmentation de capital, la société procédera à un regroupement des actions du 20 février 2024 au 21 mars 2024.

En mars 2023 déjà dans le cadre de la restructuration, Orpea avait annoncé qu'il allait bénéficier d'un financement complémentaire de 600 millions d'euros via un crédit syndiqué sécurisé, toujours dans le cadre de sa restructuration financière. Cette somme a été actée dans un accord de principe conclu avec « des prêteurs incluant les principaux partenaires bancaires », auxquels la société avait déjà eu recours en juin 2022 dans le cadre d'un protocole de conciliation.

Medicharme, concurrent d'Orpea, en liquidation judiciaire

Si Orpea semble sortir de la crise, ce n'est pas le cas de tous. Le groupe d'Ehpad privé Medicharme a été placé en liquidation judiciaire le 29 février, une première pour une entreprise de ce secteur en crise. Le tribunal de commerce de Nanterre a prononcé la liquidation judiciaire avec maintien de l'activité jusqu'au 15 avril. Cette procédure doit permettre à Medicharme de trouver des repreneurs pour ses 43 établissements.

Détenu par le fonds d'investissement anglais G-Square et non coté en Bourse, Medicharme fait face à une situation financière dégradée en raison de la faiblesse du taux d'occupation de ses établissements, dans un contexte de hausse des coûts et de dégradation de réputation suite au scandale Orpea. Une situation qui touche de très nombreux établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), qu'ils soient publics, associatifs ou privés.

(Avec AFP)