Scandale des Ehpad : après Orpea, Clariane (ex-Korian) annonce un nouveau plan de financement

Clariane a annoncé ce mardi un plan de refinancement de 1,5 milliard d'euros pour faire face à des difficultés financières et éviter le défaut de paiement dans les prochains mois. Une annonce qui intervient alors que, la veille, le groupe d'Ehpad privés Orpea avait fait part de sa décision de procéder à une augmentation de capital d'environ 3,9 milliards d'euros.
« La mise en application successive des différentes mesures de ce plan conditionne la capacité du groupe à honorer ses échéances de financement en 2024 et au-delà », indique la société dans un communiqué.
« La mise en application successive des différentes mesures de ce plan conditionne la capacité du groupe à honorer ses échéances de financement en 2024 et au-delà », indique la société dans un communiqué. (Crédits : BENOIT TESSIER)

Les temps sont difficiles pour les géants des Ehpad. Alors que Orpea a annoncé lundi 13 novembre, le lancement d'une augmentation de capital « d'environ 3,9 milliards d'euros » visant à effacer une partie de sa dette dans le cadre de sa restructuration financière, c'est au tour du géant des maisons de retraite privées Clariane (ex-Korian) d'annoncer un « plan » pour un « montant de 1,5 milliard d'euros ». Objectif, « restaurer son accès au financement rapidement ».

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Dans le détail, le conseil d'administration a adopté lundi un plan en quatre volets. Il prévoit notamment un programme de cessions d'actifs 2024, « activé dès 2024 » pour un « montant d'environ un milliard d'euros ». Celui-ci aboutira à un « recentrage (...) qui conduira à réduire le nombre de géographies » du groupe actuellement présent dans sept pays, selon la directrice générale du groupe Sophie Boissard. Clariane présentera ensuite à ses actionnaires un projet d'augmentation du capital de 300 millions d'euros visant à renforcer ses fonds propres, à partir de 2024, dont 200 millions sont garantis par Crédit Agricole Assurances, son premier actionnaire.

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Un plan pour éviter le défaut de paiement

Pour le groupe, il s'agit d'une solution d'urgence.

« La mise en application successive des différentes mesures de ce plan conditionne la capacité du groupe à honorer ses échéances de financement en 2024 et au-delà », justifie la société dans un communiqué. « A défaut, la société pourrait faire face à un risque de liquidité à horizon fin avril 2024 ».

Car Clariane fait face à un mur de la dette, se rapprochant à grand pas. « Nous avions 1,6 milliard de tombées de dette à refinancer en 2023 et 2024 (...) pour un endettement global d'un peu plus de 4 milliards à date », a notamment pointé Sophie Boissard. Pour honorer ses échéances à plus court terme, Clariane est entré en négociation exclusive avec Crédit Agricole Assurances pour la conclusion d'un « partenariat immobilier d'un montant de 140 millions d'euros portant sur les murs de 19 établissements sanitaires et médico-sociaux en France ». Le groupe a également réussi à sécuriser une ligne de dettes immobilière à hauteur de 200 millions d'euros.

Au-delà de ces difficultés, Clariane est confronté à un « contexte de restriction forte de l'accès au crédit et de forte hausse des taux d'intérêt », a souligné sa directrice générale Sophie Boissard. De plus, « La chute violente du cours de l'action il y a deux semaines a insécurisé les partenaires étrangers ». Résultat, « Crédit Agricole Assurances se substitue à l'un de ces deux partenaires » et « garantit » le deuxième partenariat (90 millions d'euros sur des actifs au Royaume-Uni) s'il n'était pas conclu avant la fin de l'année.

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L'impact du scandale de maltraitance dans les Ehpad

Le secteur des Ehpad subit encore les conséquences du scandale qui a éclaboussé les maisons de retraites en 2022. « Dans le contexte économique que l'on connaît et avec l'affaire Orpea dans le secteur (le refinancement) est un challenge », a ajouté la directrice générale devant des journalistes. Elle a toutefois nuancé son propos, précisant que sa société allait « bien » et que la situation était « paradoxale » au vu des résultats et des objectifs confirmés du groupe.

En janvier 2022, le livre-enquête Les Fossoyeurs de Vincent Castanet avait fait état de maltraitances sur des pensionnaires d'Orpea et accusait l'entreprise d'avoir mis en place un « système » pour optimiser ses bénéfices au détriment du bien-être des résidents et des employés. En avril dernier, le parquet de Nanterre a ouvert une enquête sur le groupe soupçonné de maltraitance institutionnelle et de détournements de fonds publics. Depuis janvier 2023, en 14 mois, le numéro un français des maisons de retraite a perdu plus de 95% de sa valeur en Bourse, obligeant notamment le géant des Ehpad à appeler à l'aide la Caisse des dépôts et à organiser tout ce processus de restructuration.

Par effet de contamination, le scandale n'a pas épargné d'autres entreprises du secteur.  Le 27 octobre, le ministère des Solidarités et des Familles a annoncé que les conclusions de deux enquêtes sur le groupe d'Ehpad Medicharme seront rendues début 2024, faisant suite au plan de contrôle national des Ehpad de l'ensemble des 7.500 Ehpad en France, débuté en mars 2022. Ce contrôle par les services de l'Etat a « permis de révéler les difficultés au niveau opérationnel » de Medicharme, selon le gouvernement. Avant cela, en février 2022, La Tribune révélait plusieurs documents et enquêtes internes pointaient des dysfonctionnements du plan stratégique « soin à cœur ».

(Avec AFP)

Commentaires 7
à écrit le 15/11/2023 à 9:58
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Après les vieux ,les jeunes .. L’enchaînement fait un peu froid dans le dos. Le 11 avril dernier, un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas), lancé suite au décès d’un bébé de 11 mois en juin 2022 dans une crèche privée à Lyo...

à écrit le 15/11/2023 à 8:22
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Individualisation des gains et socialisation des pertes, le néolibéralisme n'est qu'un nihilisme.

à écrit le 14/11/2023 à 18:37
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Pour être objectif il serait souhaitable d'enquêter et comparer avec les autres structures, associatives et publiques tant en terme de qualité des prestations attendues par les pensionnaires qu'en termes budgétaires .

à écrit le 14/11/2023 à 17:57
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En parlant d’Ehpad : Les images d'isolement avaient profondément marqué. Un rapport à paraître ce mardi 14 novembre appelle à inscrire dans la loi le droit de visite dans les Ehpad (Établissement d'hébergement pour les personnes âgées dépendantes)...

à écrit le 14/11/2023 à 15:55
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Clariane brule du cash depuis des années, mais ne le sait pas, puisque son free cash flow opérationnel est positif : les méfaits de la culture de l'Ebitda de la finance moderne. Qu'on enseigne dans toutes les bonnes écoles de commerce, bien entendu.

à écrit le 14/11/2023 à 15:34
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"Clariane présentera ensuite à ses actionnaires " Qui sont : Predica Prévoyance Dialogue du Crédit Agricole SA (Invt Port ,Malakoff Médéric Assurances SA ,The Public Sector Pension Investment Board (canadien) ,Helikon Investments Ltd. (anglais),...

à écrit le 14/11/2023 à 14:43
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Il ne faut plus confier la gestion des EHPAD à des organismes privés à but lucratif . Quel scandale !

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