Pour restructurer sa dette, Orpea lance une augmentation de capital d'envergure

En pleine crise depuis les révélations du scandale de maltraitance en janvier 2022, le géant des Ehpad a décidé de réaliser une augmentation de capital en émettant de nouvelles actions dans le but de rembourser une partie de sa dette de 9 milliards d’euros.
Orpéa va réaliser une augmentation de capital « d'environ 3,9 milliards d'euros »
Orpéa va réaliser une augmentation de capital « d'environ 3,9 milliards d'euros » (Crédits : STEPHANE MAHE)

Le groupe d'Ehpad sous le feu des critiques depuis près de deux ans, Orpea a annoncé ce lundi 13 novembre le lancement d'une augmentation de capital « d'environ 3,9 milliards d'euros » qui se déroulera en émettant de nouvelles actions.

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Ce projet, qui doit durer jusqu'au 27 novembre inclus, a pour objectif d'effacer « l'intégralité de l'endettement non sécurisé », c'est-à-dire la partie la plus spéculative de la dette du groupe qui s'élève à un total de 9 milliards d'euros.

Cette opération devrait mécaniquement dévaloriser la valeur des actions existantes, ce qui a fait perdre près de 3% au titre très volatil, ce lundi vers 10h, après une baisse de 24% vendredi.

Trois opérations boursières

Pour lever tous ses fonds, le groupe va procéder à trois augmentations de capital successives. La première, annoncée lundi, aura lieu à un prix de 0,0601 euro par action, une valeur qui « doit être considérée comme peu pertinente », prévient l'entreprise dans son communiqué. Et pour cause, une deuxième augmentation de capital aura lieu au prix de 0,0178 euro et une troisième au prix de 0,0133 euro par action, à des dates pour l'instant non précisées.

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Ainsi, les actionnaires existants choisissant de souscrire à la première augmentation de capital s'exposent à une « perte de valeur potentielle significative » allant jusqu'à 70% du capital investi, met en garde Orpea. Et la deuxième augmentation de capital, à un prix bien inférieur, « retire tout intérêt, pour un actionnaire existant » à souscrire à la première, souligne le groupe. Les actions émises lors de la première augmentation de capital qui ne seraient pas achetées par les actionnaires existants seront attribuées aux créanciers non sécurisés du groupe, pour compenser la dette.

A l'issue des opérations, un groupement mené par la Caisse des dépôts, bras financier de l'État, avec la Maif, CNP et MACSF (mutuelle des professionnels de santé) détiendra 50,2% du capital d'Orpea. Les créanciers en posséderont 49,4% et les actionnaires actuels, s'ils décident de ne pas participer aux augmentations de capital qui leur seront ouvertes, auront 0,4%.

Une opération permettant à la Caisse des dépôts de prendre le contrôle de l'entreprise

Cette augmentation de capital entre dans le cadre du plan de sauvegarde accéléré d'Orpea mené par la Caisse des Dépôts aujourd'hui actionnaire majoritaire dans le but de réduire la dette nette du groupe d'Ehpad de 60%.

La cour d'appel de Paris avait rejeté, le 9 novembre, le recours contre une décision de l'Autorité des marchés financiers (AMF) autorisant de procéder à la restructuration financière d'Orpea sans passer par une offre publique d'achat (OPA). « Il s'agit d'une excellente nouvelle pour l'entreprise, puisqu'il s'agissait de la dernière condition suspensive à lever pour pouvoir mettre en œuvre les opérations techniques », qui aboutiront à l'arrivée au capital d'un groupement mené par la Caisse des dépôts, avait alors salué auprès de l'AFP Laurent Guillot, directeur général d'Orpea.

Orpea plombé par le scandale des maltraitances de pensionnaires

La descente aux enfers du groupe a commencé avec la publication en janvier 2022 du livre-enquête Les Fossoyeurs de Vincent Castanet qui faisait état de maltraitances sur des pensionnaires du groupe et accusait l'entreprise d'avoir mis en place un « système » pour optimiser ses bénéfices au détriment du bien-être des résidents et des employés.

Fin avril dernier, le parquet de Nanterre a ouvert une enquête sur le groupe soupçonné de maltraitance institutionnelle et de détournements de fonds publics. Depuis janvier 2023, en 14 mois, le numéro un français des maisons de retraite a perdu plus de 95% de sa valeur en Bourse, obligeant notamment le géant des Ehpad à appeler à l'aide la Caisse des dépôts et à organiser tout ce processus de restructuration.

En mars 2023 déjà dans le cadre de la restructuration, Orpea avait annoncé qu'il allait bénéficier d'un financement complémentaire de 600 millions d'euros via un crédit syndiqué sécurisé, toujours dans le cadre de sa restructuration financière. Cette somme a été actée dans un accord de principe conclu avec « des prêteurs incluant les principaux partenaires bancaires », auxquels la société avait déjà eu recours en juin 2022 dans le cadre d'un protocole de conciliation. Les crédits supplémentaires seront « mis à disposition des sociétés Niort 94 et Niort 95, qui détiendront une partie des actifs immobiliers du groupe », avait précisé Orpea.

(Avec AFP)

Commentaires 9
à écrit le 17/11/2023 à 12:45
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Concernant le dossier Orpéa, j’aurais voulu apporter mon témoignage. Je connais le sujet à double titre : tout d’abord en tant que client (pour ma mère) et en tant que tout petit actionnaire. J’espère que le site de LaTribune.fr me permettra de dépos...

le 17/11/2023 à 16:53
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Merci Maurice d'avoir pris le temps d'écrire ce long commentaire. Je partage 100% de votre commentaire. Je connais bien un EHPAD ORPEA où je rends visite à des résidents et je participe bénévolement à l'animation depuis 2 ans, mais je n'y ai constat...

à écrit le 14/11/2023 à 8:28
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Toujours avec l'argent public non mais quelle mascarade franchement nous touchons l'obscurantisme.

à écrit le 13/11/2023 à 18:57
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On ne devrait plus autoriser la gestion des EHPAP par des organismes privés à but lucratif

le 13/11/2023 à 20:23
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@Gérard. Tout à fait👍Car la recherche des profits irrationnels (accompagnant la mue du nouveau capitalisme) est incompatible avec les principes moraux.

le 13/11/2023 à 23:55
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@Gérard: La gestion du Nationalisé ne me parait malheureusement plus performante.

le 14/11/2023 à 10:07
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@henry. Pourtant, c'est bien un mariage incestueux (encore pire) qui s'opère sous nos yeux et qui renvoie un très mauvais signal au phénomène du "Moral Hazard"!

à écrit le 13/11/2023 à 16:04
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Les Vieux, c'est un marché porteur à cause du baby boom; mais pourquoi les tuer par empoisonnement alimentaire?

à écrit le 13/11/2023 à 14:46
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Pendant ce temps : Une quatrième résidente de l’Ehpad de Pleine-Fougères (Ille-et-Vilaine) est morte, vraisemblablement des suites d’une intoxication alimentaire intervenue fin octobre, a annoncé le parquet dimanche soir. Je vous confirme le décès...

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