Pourquoi la France attire encore les investisseurs étrangers ?

Par Fabien Piliu  |   |  819  mots
L'américain Cisco a annoncé en octobre le doublement de son investisement dans les start up françaises pourle porter à 200 millions de dollars
La France reste la première destination des investissements industriels étrangers en Europe. Quel sont ses atouts ?

La période actuelle est délicate. Après les terribles attentats de Paris et de Saint Denis, la menace de fin du monde que nous promettent les commentateurs de la COP 21 plombent une ambiance déjà lourde. A côté de ces drames, réels et potentiels, le fort rebond du nombre de demandeurs d'emplois en décembre est presque un non-événement, en dépit du fait que le chômage est une tragédie que vivent au quotidien plus de 6 millions de personnes en France.

Dans ce contexte, le tableau de bord de l'attractivité présenté la semaine dernière par Business France, l'agence chargée de soutenir l'export et de faire la promotion du site France est une bouffée d'air frais bienvenue, même si, bien évidemment, le bilan n'est pas parfait. En effet, Business France insiste une nouvelle fois sur le niveau élevé de la pression fiscale en France et sur la tendance à la baisse de la dépense intérieure en recherche et développement (DIRDE).

La France, première destination européenne pour les investissements industriels

Quels sont les atouts de la France, atouts qui font de l'Hexagone depuis quinze ans la première destination européenne des investissements directs étrangers en Europe et la septième au niveau mondial ? Devancée par les Etats-Unis, la Chine, le Royaume-Uni, Singapour, le Brésil et l'Allemagne, la France accueille toutefois plus d'investissements que l'étranger que l'Allemagne ou l'Italie par rapport à la richesse nationale. Le rapport s'élève à 26% en France, contre 19% en Allemagne et 17% en Italie

Reprenons le classement de la France en Europe selon les vingt indicateurs d'attractivité quantitatifs en provenance des principale sources statistiques que sont, entre autres, l'OCDE, le FMI, la CNUCED, Eurostat.

Beaucoup de premières places

La France occupe la première place seule, ou elle la partage, pour les indicateurs suivants : le taux de fécondité, les investissements dans les infrastructures de transport intérieur, les indicateurs des principaux marchés européens de bureaux, le financement public et les incitations fiscales à la R&D des entreprises, les dépenses publiques de protection sociale, l'intensité énergétique, avec ou sans énergie nucléaire, la variation nette des création des entreprises sur la période 2009-2012 et l'évolution des crédits aux sociétés non financières. La France se classe également au premier rang dans le domaine de l'accessibilité à la santé, même si plusieurs études témoignent des difficultés financières de certains à se soigner, notamment les étudiants.

Ce qui est intéressant dans ces classements, c'est que la plupart de ses points forts devraient continuer à se renforcer. Ainsi, aucun élément ne permet pour l'instant d'envisager un essoufflement de la fécondité. Le crédit impôt recherche, l'atout maître en termes de soutien public à la R&D a été sanctuarisé en 2012 et le niveau des créations d'entreprises reste élevé. Quant au réseau de transports, il devrait être renforcé avec la création du Grand Paris Express.

La France se classe en deuxième position dans les domaines suivants : les quinze premiers aéroports de l'Union européenne, le taux de pénétration de l'Internet haut débit, l'utilisation d'Internet par les entreprises pour leurs contacts avec les pouvoirs publics, l'estimation de la valeur des marchés publics, les parts de marché mondial des fonds d'investissement européens, l'intensité carbone ou encore les emplois dans le secteur des énergies renouvelables.

La France est au troisième rang pour le prix de l'électricité, l'accessibilité à la justice et le taux de création d'entreprises.

Les 35 heures, un obstacle

Que retenir de ces résultats ? " La France doit continuer à renforcer ses points forts pour se maintenir dans le peloton de tête, notamment ses infrastructures de transport, tout en gommant ses défauts majeurs ", explique Muriel Pénicaud, la directrice générale de Business France. " Portée par les succès de la French tech, le niveau reconnu de ses écoles d'ingénieurs dont les capacités à dépasser les codes sont admises, et sa couverture Internet, la France est devenue une place-forte pour les grands acteurs des nouvelles technologies ", poursuit-elle, citant les investissements récents de Facebook, Cisco, Intel et SAP dans l'Hexagone.

La mise en place des 35 heures fait-elle jaser ? Est-ce un inconvénient majeur pour les investisseurs étrangers comme le laissent croire certains commentateurs de l'actualité économique ? " Il faut faire la distinction entre ceux qui sont déjà installés en France et ceux qui en ont le projet. Si les seconds s'interrogent sur la durée légale du temps de travail en vigueur en France, les premiers sont très placides. Ils savent que des dispositifs dérogatoires existent. Ils savent également que les cadres français travaillent en moyenne quarante-six heures par semaine ", explique Murielle Pénicaud.