Prélèvement à la source : le Medef demande un moratoire d'un an

Par latribune.fr  |   |  459  mots
Pierre Gattaz craint que la mise en place du prélèvement à la source au 1er janvier 2019 ne pose un "gros problème psychologique à gérer" pour les entreprises.
Pierre Gattaz, président du Medef, a estimé dimanche sur RTL qu'un délai d'un an supplémentaire serait nécessaire pour mieux préparer le prélèvement de l'impôt à la source. Dans le même temps, Gérald Darmanin organise ce lundi, à Beauvais, le premier comité de pilotage consacré à la réforme.

Il s'agissait de l'une des mesures phares de la fin du quinquennat Hollande. Celle de la collecte de l'impôt au versement du salaire, et non plus un an après comme actuellement. Devant le Grand jury RTL/Figaro/LCI, le président du Medef Pierre Gattaz a demandé au gouvernement un "moratoire d'un an" pour sa mise en place, afin de mieux préparer cette réforme.

 "Nous sommes très inquiets sur le prélèvement à la source, nous l'avons dit depuis trois/quatre ans. Je pense que ce serait intéressant de pouvoir au moins décaler d'un an de plus (cette mesure) pour pouvoir faire des tests complémentaires", a jugé le président du Medef.

Il estime qu'un travail de pédagogie est encore nécessaire pour l'application de cette mesure, qui ne doit pas être imposée "brutalement". Initialement prévu pour 2018, le prélèvement de l'impôt à la source a été repoussé par le gouvernement d'Edouard Philippe au 1er janvier 2019.

"En pleine convalescence économique"

Selon Pierre Gattaz, si la feuille de paie devait baisser à compter du 1er janvier 2019 ce serait "quelque chose de psychologiquement terrible".

"Je crains que l'on ait un gros problème psychologique à gérer, peut-être récessif, et que nous allions en plus transformer les chefs d'entreprises, notamment des plus petites PME, en collecteurs d'impôts et en conseillers auprès des salariés", a détaillé M. Gattaz.

Or, selon le patron des patrons, "nous sommes en convalescence économique aujourd'hui", c'est pourquoi "il faut garder la confiance des chefs d'entreprises et la confiance de nos collaborateurs".

Pierre Gattaz a également indiqué qu'il avait abordé le problème avec le président de la République, Emmanuel Macron, mais que ce dernier n'avait pour l'heure rien répondu.

"Une vraie simplification" pour Darmanin

A neuf mois de sa mise en application, le ministre de l'Action des Comptes publics Gérald Darmanin organise, ce lundi 26 mars à Beauvais (Oise), le premier comité de pilotage consacré au prélèvement de l'impôt à la source. Dans un entretien accordé au journal Le Parisien, il certifie avoir déjà pris en compte les inquiétudes des entreprises.

"J'ai pris sur moi de décaler d'un an pour cette raison. Cela nous a permis de réaliser un audit et de résoudre des difficultés techniques qui n'avaient pas été vues. Il y a déjà eu 500 expérimentations auprès d'entreprises ou de collectivités et nous allons continuer. Nous avons écouté et amendé, notamment par un allègement des sanctions pour les entreprises (...) Cette mesure est une vraie simplification", a-t-il assuré. 

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(Avec AFP)