Que représente l'économie maritime de la France ?

Par Fabien Piliu  |   |  724  mots
Plus de la moitié des salariés de l'économie maritime travaillent dans le tourisme. (Crédits : Thomson Reuters)
Le domaine maritime de la France est le deuxième plus vaste au monde, et pourtant, elle est incapable d'en tirer les bénéfices. Le 23 octobre dernier, lors du comité interministériel de la Mer (CIMer) organisé à Boulogne-sur-Mer, le Premier ministre Manuel Valls annonçait une série de mesures pour jeter les bases d'une véritable politique maritime. En attendant que ces mesures produisent leurs effets, une étude de l'Insee dresse un tableau peu réjouissant de l'économie maritime tricolore.

Avec 11 millions de kilomètres carrés, la France possède un domaine maritime gigantesque. Le deuxième plus vaste au monde. Elle est seulement devancée par les Etats-Unis. Or, elle a été jusqu'ici incapable d'en tirer les bénéfices.

Lors du comité interministériel de la Mer (CIMer) organisé à Boulogne-Sur-Mer le 23 octobre, Manuel Valls, le Premier ministre annonçait une série de mesures pour jeter les bases d'une véritable politique maritime.

Il a notamment annoncé la planification spatiale maritime qui doit permettre de concilier les différents usages de la mer afin de favoriser leur développement. Celle-ci sera appliquée en 2016 sur l'ensemble des façades maritimes après le travail expérimental réalisé en Manche-Mer du Nord.

Les travaux ont-ils commencé ? Le ministère du Développement durable en charge de ce dossier indique que  " l'État dispose désormais, sur la base de ces travaux préparatoires, des éléments nécessaires pour engager la rédaction de la Stratégie nationale pour la mer et le littoral (SNML), dont un premier schéma sera établi en 2015 "....

"Un levier important de développement économique"

En attendant que ce plan produise un jour ses effets, une étude de l'Insee déjà publiée en novembre fait un point précis sur l'économie maritime tricolore.

" Le pays peut compter sur l'exploitation durable des ressources marines comme levier important de développement économique ", précise l'Insee en introduction.

Pourtant, faute de politique maritime cohérente, les 11 millions de kilomètres carrés que la France possède sur les mers du monde sont très largement sous-exploités.

En 2012, l'économie maritime employait environ 450.000 emplois, dans onze domaines différents, soit 1,7 % de l'emploi total en France et plus de 8 % des emplois maritimes de l'Union européenne. Recensés par l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer) et l'Observatoire national de la mer et du littoral, ils recouvrent une multitude d'activités, qu'elles soient traditionnelles (pêche, conchyliculture, construction navale, activités portuaires, tourisme...) ou émergentes (énergies marines renouvelables, biotechnologies...).

Les secteurs qui emploient le plus?

Quels sont les secteurs qui emploient le plus ? Les secteurs les plus en pointe dans le domaine technologique, énergétique, ou écologique ? Raté.

Le tourisme littoral emploie 228.000 personnes, soit la moitié des travailleurs de l'économie maritime. Concrètement, les deux tiers des salariés travaillent dans l'hôtellerie et la restauration, tandis que les autres se répartissent entre activités récréatives, culturelles ou commerciales. A noter, le tourisme continue de créer des emplois quand les activités traditionnelles ne cessent d'en détruire.

" Entre 2006 et 2012, la pêche en mer a perdu plus de 3 000 postes, soit 20 % de ses effectifs. Ceci fait suite à la diminution des stocks de poissons en Atlantique nord-est et en mer Méditerranée, mais aussi à la politique de réduction du nombre de navires, divisé par plus de deux depuis 1983 ", observe l'Insee.

Autre précision distillée par l'Insee, le tourisme littoral est le principal générateur d'emplois maritimes en Corse, Guadeloupe, Martinique et Languedoc-Roussillon Midi-Pyrénées ; il y représente plus de 70 % des effectifs.

Un millier de personnes seulement travaillent dans l'extraction

Seules 8.000 personnes travaillent dans le secteur de la production d'énergie. Ils ne sont que 1.000 à œuvrer dans l'extraction de matériaux marins.

Pourtant, comme le précise l'avis du 9 octobre 2013 présenté au Conseil économique, social et environnemental (CESE) par Gérard Grignon au nom de la Délégation à l'Outre-mer, le plateau continental serait un véritable trésor. Il pourrait recéler des hydrocarbures, des sulfures hydrothermaux riches en cuivre, zinc, plomb, cobalt, argent et or, des encroutements cobaltifères, des nodules polymétalliques contenant du fer, du manganèse, du cuivre, du nickel et du cobalt., des terres rares comme l'erbium et le lutetium, indispensables à la production d'appareils électroniques courants (téléphones mobiles, ordinateurs...), des ressources biologiques et des organismes vivants.

L'accès à ces richesses potentielles est " un atout considérable pour notre pays s'il contribue à un nouveau modèle de développement durable, en particulier dans les territoires ultramarins ", considère le CESE.

Malheureusement, les résultats de cette étude donnent du grain à moudre à ceux qui redoutent que la France ne devienne un musée pour les touristes étrangers.