Réforme des retraites : le gouvernement oppose une fin de non-recevoir à la demande de « médiation » de la CFDT

Par latribune.fr  |   |  853  mots
Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT. (Crédits : YVES HERMAN)
Alors que s'organise, ce mardi, la dixième journée de contestation contre la réforme des retraites, le numéro un de la CFDT, Laurent Berger, a appelé l'exécutif à mettre en place une médiation pour sortir de la crise sociale, tout en demandant, à nouveau, de « mettre en suspens la mesure des 64 ans ». Une proposition à laquelle le gouvernement a opposé une fin de non-recevoir.

[Article publié le mardi 28 mars à 12h07 et mis à jour à 16H10]

Le dialogue semble toujours impossible entre les syndicats et l'exécutif. Ce mardi, le gouvernement a opposé une fin de non-recevoir à la demande de médiation formulée par le chef de la CFDT. Plus tôt ce mardi, dixième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, Laurent Berger a demandé à l'exécutif de mettre en place une « médiation » pour « trouver une voie de sortie » à la crise sociale.

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« Mettre en suspens la mesure d'âge des 64 ans »

Mais Laurent Berger ne perd pas de vue son objectif depuis le début de la contestation et a, de nouveau, appelé à « mettre en suspens la mesure d'âge des 64 ans » qui cristallise les oppositions, estimant qu' « entrer dans un processus de médiation » serait « un geste fort à poser » de la part de l'exécutif. « On prend un mois et demi où on dit "les 64 ans ça ne s'appliquera pas" et on fait de la médiation. Et ensuite, on se met autour de la table et on regarde la question du travail, des retraites, sur quoi il peut y avoir ou pas un compromis social », a développé le secrétaire général de la CFDT sur France Inter. La décision du Conseil constitutionnel sur le projet de loi est attendue « dans quinze jours, trois semaines, et c'est trop long dans ce contexte de tensions », a-t-il jugé.

Le gouvernement oppose une fin de non-recevoir

Résumant son propos, Laurent Berger a ainsi conclu : « Ce que propose l'intersyndicale aujourd'hui, c'est un geste d'apaisement » qu'il « faut saisir ».

Ce que ne fera pas le gouvernement. « Nous saisissons la proposition de Laurent Berger de se parler, mais directement. Nul besoin de médiation », a ainsi répondu le porte-parole du gouvernement Olivier Véran lors du compte-rendu du conseil des ministres.

« Le président de la République l'a dit : il est prêt à recevoir l'intersyndicale dès lors, parce que nous respectons nos institutions, que le Conseil constitutionnel se sera prononcé sur la conformité de notre texte de loi », a rappelé Olivier Véran, soit pas avant la fin du mois d'avril. « Ensuite, la Première ministre se tient à disposition des syndicats pour les recevoir très directement, pour pouvoir parler », a-t-il ajouté.

Le porte-parole du gouvernement a également rappelé les autres sujets de discussions possibles avec les syndicats : « répartition de la valeur au sein de l'entreprise », « les fins de carrière », « les petits salaires en dessous du SMIC ».

« C'est insupportable que la réponse soit une fin de non-recevoir »

Présent au départ de la manifestation parisienne, le leader syndical a vivement réagi. « Ca va commencer à suffire les fins de non-recevoir à la discussion et au dialogue (...). C'est insupportable que la réponse soit une fin de non-recevoir », a-t-il asséné.

Les députés du MoDem, une des composantes de la majorité avec Renaissance et Horizons, ont aussi pris leurs distances avec la position du gouvernement. « C'est bien d'avoir une ou deux personnes pour essayer de retrouver le dialogue et avoir un certain recul », a souligné le président du groupe centriste Jean-Paul Mattei, lors d'un point presse à l'Assemblée nationale. « Un médiateur ne s'immisce pas dans le fond, il est là pour retrouver du liant et arriver à se parler, c'est ça qui est important. Il faut quelqu'un qui ne soit pas impliqué » directement sur la réforme, a insisté ce proche de François Bayrou.

Le discours de Laurent Berger semblait pourtant répondre à l'appel de la Première ministre, dimanche : « Je suis à la disposition des partenaires sociaux. Il faut qu'on trouve le bon chemin : est-ce que ce sont des rencontres bilatérales, une intersyndicale ? Il faut qu'on mette de l'apaisement. Et que l'on puisse reprendre le travail sur tous ces chantiers » de la pénibilité, des reconversions professionnelles, etc., avait ainsi affirmé Elisabeth Borne, qui indiquait également avoir prévu dans son agenda un créneau pour recevoir éventuellement les organisations syndicales et les organisations patronales dans la semaine du 10 avril.

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La condition sine qua non du numéro un de la CFDT

Dans la foulée des déclarations de la cheffe du gouvernement, Laurent Berger avait déjà répondu en assurant qu'il n'accepterait « la main tendue » d'Élisabeth Borne aux syndicats, que si la réforme était « mise de côté » par son gouvernement. « C'est-à-dire qu'il faut qu'il dise "les 64 ans ne s'appliqueront pas" », avait déclaré le responsable syndical, interrogé sur France 2.

« Je suis préoccupé (par) la situation », avait-il ajouté. «J'appelle le président de la République et la Première ministre à entendre qu'il y a une voie de sortie, mais que cela nécessite de faire un mouvement de leur côté », avait-il affirmé.

Laurent Berger avait, en outre, rappelé avoir proposé une « ouverture » en faisant une pause et en discutant « pendant six mois et du travail et des retraites ».

(avec AFP)