Retraites  : les violences montent d'un cran, la visite de Charles III reportée

Entrée dans son troisième mois, la contestation dans la rue contre la réforme a rassemblé jeudi entre 1,089 million de manifestants (Intérieur) et 3,5 millions (CGT) pour sa 9e journée de mobilisation et des centaines de casseurs ont été dénombrés à Paris par les forces de police. C'est dans ce contexte explosif que la première visite officielle de Charles III a été reportée.
La visite de Charles III en France risque d'être perturbée par les mouvements sociaux, les syndicats ayant déjà fait savoir qu'il ne pourrait pas prendre le tramway à Bordeaux.
La visite de Charles III en France risque d'être perturbée par les mouvements sociaux, les syndicats ayant déjà fait savoir qu'il ne pourrait pas prendre le tramway à Bordeaux. (Crédits : Russell Cheyne)

Porte de la mairie de Bordeaux incendiée, « scènes de chaos » dénoncées par la maire de Rennes, canons à eau à Lille et Toulouse, manifestante avec un pouce arraché à Rouen, commissariat pris pour cible à Lorient... Les violences qui sont montées d'un cran lors de la dernière journée de mobilisation contre la réforme des retraites, jeudi, ont eu raison de la visite d'Etat du roi Charles III en France, qui était prévue du 26 au 29 mars. Celle-ci a été reportée compte tenu de la nouvelle journée de mobilisation nationale prévue mardi contre la réforme des retraites, a fait savoir vendredi l'Elysée dans un communiqué.

« Cette décision a été prise par les gouvernements français et britannique, après un échange téléphonique entre le Président de la République et le Roi ce matin, afin de pouvoir accueillir Sa Majesté le roi Charles III dans des conditions qui correspondent à notre relation d'amitié. Cette visite d'Etat sera reprogrammée dans les meilleurs délais. », indique l'Elysée.

« Nous avons proposé que, au début de l'été, en fonction de nos agendas respectifs, nous puissions ensemble caler une nouvelle visite d'Etat », a expliqué Emmanuel Macron depuis Bruxelles où il participait à un sommet européen. Il s'agit de recevoir le roi « dans des conditions qui lui permettent de profiter de la France », a-t-il ajouté.

« Le pays ne peut pas être à l'arrêt »

Le président français Emmanuel Macron s'est dit vendredi « à disposition de l'intersyndicale », une fois que le Conseil constitutionnel aura rendu sa décision sur la réforme des retraites.

« J'ai indiqué notre disponibilité à avancer sur des sujets comme l'usure professionnelle, les fins de carrière, les reconversions, l'évolution des carrières, les conditions de travail, les rémunérations dans certaines branches », a détaillé le chef de l'Etat lors d'une conférence de presse à Bruxelles.

« Et donc je suis à la disposition de l'intersyndicale si elle souhaite venir me rencontrer pour avancer sur tous ces sujets. Pour le reste et la réforme des retraites, elle est devant le Conseil constitutionnel et il est évident que nous attendrons la décision du Conseil constitutionnel ». « Mais le pays ne peut pas être à l'arrêt », « nous continuons à avancer », a également déclaré Emmanuel Macron.

172 interpellations en France à l'issue de la neuvième journée de mobilisation

Entre 1,089 million de manifestants, selon le ministère de l'Intérieur et 3,5 millions d'après la CGT se sont rassemblées pour cette neuvième journée jeudi 23 mars. À Paris, des violences ont éclaté en tête de la manifestation avec leur lot de vitrines brisées et de mobilier urbain détruit, et des incidents se sont poursuivis en soirée dans le sillage de cortèges dits « sauvages ». À rebours d'un défilé où la grande majorité des manifestants a marché pacifiquement.

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Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a fait état de 172 interpellations en France, et de 149 blessés dans les rangs des forces de l'ordre, selon un bilan provisoire donné vers 22 heures. La préfecture de police de Paris a fait état de 103 personnes interpellées dans la capitale. Gérald Darmanin a dénoncé la violence de « casseurs souvent venus de l'extrême gauche ».

Les CCI remontées

Les Chambres de commerce et d'industrie (CCI France) déplorent ce vendredi l'impact économique des manifestations « violentes » et des « blocages » sur l'activité des commerces .

« Alors que des tensions et des heurts apparaissent dans plusieurs villes de France, les troubles et les blocages impactent l'activité des commerçants, alors même que leur situation reste fragilisée dans un contexte économique délicat », dénonce CCI France dans un communiqué.

Les Chambres de commerce et d'industrie estiment qu'« après la crise sanitaire et dans une période marquée par l'inflation et les difficultés d'approvisionnements, nos commerçants ne peuvent pas se permettre de baisser le rideau », rappelant qu'en France, le commerce de proximité représente 634.000 entreprises pour 3,5 millions d'emplois.

« Le réseau des CCI demande la liberté de commercer et de circuler »

« Si faire grève est un droit, la dégradation des commerces est en revanche inacceptable et répréhensible. Les stigmates et les traces des violentes manifestations à Paris, et plus généralement dans nos centres-villes ces derniers jours, doivent nous alerter », met en avant le réseau.

« Le réseau des CCI demande la liberté de commercer et de circuler. Les commerces de proximité sont indispensables pour assurer les besoins essentiels de la population, mais aussi pour maintenir le lien social et la vie dans nos territoires. Le secteur est confronté à de profondes mutations. Ce n'est pas le moment de le pénaliser, il faut au contraire l'accompagner », souligne Alain Di Crescenzo, le président de CCI France.

Mercredi, dans un communiqué, la CPME (Confédération des petites et moyennes entreprises), avait déclaré que « le spectacle des troubles ou des blocages, en marge de manifestations responsables et pacifiques, inquiète les chefs d'entreprise qui craignent qu'une forme de désordre s'installe ».

La maire PS de Paris Anne Hidalgo, soutien du mouvement social contre la réforme des retraites, a condamné vendredi des « violences qui détournent l'attention », survenues notamment dans le quartier de l'Opéra Garnier.

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À l'issue de ce nouvel épisode d'un conflit dont aucun camp ne semble chercher une sortie, les responsables politiques de gauche ont invité jeudi les Français à amplifier encore la contestation contre la réforme des retraites, Fabien Roussel appelant à « mettre le pays à l'arrêt », et Jean-Luc Mélenchon à « jeter toutes les forces dans la bataille ». Pour Marine Le Pen, finaliste malheureuse de la dernière présidentielle, « Emmanuel Macron ne peut plus gouverner seul, il doit désormais en revenir au peuple ».

(Avec AFP)

Commentaires 8
à écrit le 24/03/2023 à 15:52
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Une réception somptueuse pour un personnage qui n'aucun pouvoir. Je suis tjrs scandalisé par L laplace que l'on donne enFrance a la monarchie . M. Macron du respect pour notre République et non à votre genouflexion devant la monarchie malgre votre ...

à écrit le 24/03/2023 à 15:37
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Et bien voila ça y est le président est géné par les grèves. Plus qu'à attendre les JO2024 et les bloquer par les grèves et Macron comprendra pourquoi il doit enlever cette réforme... Faut juste pouvoir attendre jusque là...

à écrit le 24/03/2023 à 12:10
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Bonjour, Bien oui, ils faut mieux reporter, ne pas prendre de risque avec les tête couronnée.... Bien sûr, dire que tout vas bien est ils y a un calme relatif de notre pays...

le 24/03/2023 à 13:21
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C.'est la suite voir la reprise de la crise gilet jaune que l'illusioniste m macron a cru avec ces boniments de foire etouffer .Si il avait consulte les cahier de doleances au lieu de les brulerou de s'assoir dessus ou faut t 'il lui faire parven...

le 24/03/2023 à 15:48
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Faudrait plutôt lui envoyer un cerveau et énormément d'humanité et de compassion...

à écrit le 24/03/2023 à 9:27
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Comme si on n'était déjà pas assez ridicules sur les médias du monde entier, avec nos montagnes de déchets et les rats dans Paris, on va maintenant faire affront au roi d'Angleterre et au Royaume-Uni. Et on prétend organiser les Jeux Olympiques 2024...

le 24/03/2023 à 15:40
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"Comme si on n'était déjà pas assez ridicules sur les médias du monde entier" À l’étranger, de nombreux médias jugent dangereux l’entêtement du président français à mettre en œuvre une réforme des retraites impopulaire, quitte à passer en force. «...

le 24/03/2023 à 18:02
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un pays qui n'a pas les moyens de payer ses retraites ne doit pas vivre au dessus de ses moyens en organisant des JO et invitant des rois

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