Retraites : l'équilibre des comptes est possible sans réforme

Par latribune.fr  |   |  711  mots
(Crédits : Eric Gaillard)
Une hausse de dix points du taux d'emploi des 55-64 ans permettrait "d'équilibrer les comptes" du système de retraites d'ici 2032, sans toucher à l'âge légal ni à la durée de cotisation, selon une étude d'économistes publiée jeudi. Pour le gouvernement, la réforme des retraites va au-delà du seul équilibre comptable mais vise à financer d'autres chantiers sociaux. Elle est "indispensable" et "nous la ferons parce qu'il nous faut financer de grandes priorités", "notamment la question de l'autonomie, de la dépendance", a affirmé mercredi la porte-parole du gouvernement Olivia Grégoire.

Réformer le système de retraites. Ce sera l'un des chantiers les plus délicats du deuxième quinquennat d'Emmanuel Macron. Alors que la lutte pour le soutien du pouvoir d'achat est aujourd'hui la priorité du gouvernement, la réforme des retraites est toujours d'actualité. Elle est  "indispensable" selon les propos tenus mercredi par la porte-parole du gouvernement Olivia Grégoire lors de son compte rendu du conseil des ministres, en assurant que "nous la ferons parce qu'il nous faut financer de grandes priorités", "notamment la question de l'autonomie, de la dépendance". Car cette réforme qui vise à repousser l'âge légal de départ à la retraite de 62 à 65 ans et promet d'apporter à tous les retraités une pension minimale de 1.100 euros par mois, et des aménagements au seuil des 65 ans pour les carrières longues et certains métiers pénibles, n'a pas pour ambition que de remettre à l'équilibre les comptes du système de retraites.

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"Financer le progrès social"

"C'est une réforme que nous faisons pour dégager des marges de manoeuvre pour financer le progrès social dans notre pays et un meilleur accompagnement de nos concitoyens", a insisté Olivia Grégoire.

"L'objectif de la réforme des retraites dépasse le seul sujet des retraites , il y a derrière la volonté de ce gouvernement de financer les réformes à venir du prochain quinquennat (...), parmi lesquels la réforme de la dépendance, mais plus largement la réforme de la santé, et d'autres à venir", a poursuivi la porte-parole.  "Nous refusons de (les) financer par une augmentation d'impôts et nous refusons de (les) financer en laissant la dette aux générations à venir", a-t-elle ajouté.

"Ces choix se traduiront dans la réforme des retraites avec le double objectif, qui est fixé par le président de la République au gouvernement, à la fois la poursuite de l'objectif du plein emploi et en même temps la nécessité pour nous tous de travailler un petit peu plus longtemps de façon progressive", a précisé la porte-parole.

Augmenter le taux d'emploi des séniors

Ce rappel de l'objectif de la réforme intervient alors que de nombreuses études estiment que la réforme n'est pas nécessaire pour le seul financement du système des retraites. Pas plus tard que mercredi, une étude de l'économiste Jean-Hervé Lorenzi et de sa chaire "Transition démographiques, transition économique", rattachée à Sciences Po, assure que l' équilibre les comptes » du système de retraites d'ici à 2032, sans toucher à l'âge légal ni à la durée de cotisation, serait possible avec une hausse de dix points du taux d'emploi des 55-64 ans.

65 ans avec Macron ou 60 ans avec Mélenchon? Ce débat "n'a pas lieu d'être", affirment-ils.

D'après leurs calculs, "l'équilibre pourrait être atteint" en conservant "les mesures d'âge actuelles" - âge légal de départ à 62 ans et durée de cotisation portée à 43 ans d'ici 2035. Pour combler un déficit estimé à 5 milliards d'euros en 2032, mais aussi et surtout les 30 milliards payés par l'Etat pour les régimes spéciaux et les retraites des fonctionnaires, il suffirait d'augmenter le taux d'emploi des seniors "de dix points", de 56% à 66%.

Augmenter les dépenses de formation professionnelle

Ce qui supposerait d'une part de réduire de moitié le chômage des 55-64 ans, soit 325.000 emplois supplémentaires, notamment en "doublant les dépenses de formation professionnelle" pour cette tranche d'âge.

Il faudrait d'autre part en inciter 500.000 autres à reporter leur départ en retraite, là aussi en doublant la surcote existante (de 1,25% à 2,5% par trimestre au-delà d'une carrière complète), "tout en maintenant le système de décote actuel" (1,25% par trimestre manquant). Le gain financier serait même suffisant pour "rétablir les critères de pénibilité supprimés en 2017" et offrir un départ anticipé à 60 ans aux salariés ayant porté des charges lourdes, subi des postures pénibles, des vibrations mécaniques ou exposés à des produits chimiques.

Il resterait même assez de marge pour "augmenter la pension minimale à 1.100 euros pour une carrière complète".

(Avec AFP)