Retraites : un "trou" d'environ 9 milliards d'euros en 2021

Par latribune.fr  |   |  637  mots
Emmanuel Macron estimait, durant la campagne présidentielle, que "le problème des retraites n'est plus un problème financier". Il excluait de retarder l'âge légal de départ à la retraite. Or, les dernières prévisions du Conseil d’orientation des retraites s'avèrent nettement moins optimistes.
Selon les dernières prévisions du Conseil d'orientation des retraites (COR), le solde financier des retraites accuserait un déficit d'environ 9 milliards d'euros en 2021 et l'équilibre ne serait pas envisageable avant 2040.

Les gouvernements et les majorités passent, le problème du financement des retraites reste ! Selon les dernières projections du Conseil d'orientation des retraites (COR), présentées ce mardi 20 juin mais que l'AFP et le quotidien « Les Echos » ont pu consulter, le système de retraite français, tous régimes confondus, ne devrait finalement pas retrouver l'équilibre financier avant le début des années 2040... au mieux et dans le scénario le plus optimisme en termes de croissance.

Selon le COR, le "solde financier du système de retraite" (régimes de base et complémentaires, fonds de solidarité vieillesse inclus) devrait s'établir à -0,4% du PIB à l'horizon 2021, soit un « trou » d'environ 9 milliards d'euros.

Une mauvaise surprise, comparée aux prévisions publiées en 2016 - qui tablaient sur un déficit deux fois moindre (-0,2% du PIB) à l'horizon 2020 -, qui est imputable à la révision à la baisse des hypothèses de croissance du PIB (passées pour 2020 de 1,9% l'année dernière à 1,7%).

Un retour à l'équilibre pas avant 2040, et sous conditions...

Jusqu'alors envisageable pour le milieu des années 2020, le retour à l'équilibre n'interviendrait qu'au début des années 2040, dans l'hypothèse d'une croissance des revenus d'activité de 1,8% et un taux de chômage à 7%.

Dans un autre scénario moins favorable, il serait repoussé au début des années 2050 en cas de croissance limitée à 1,5%, taux en dessous duquel le système resterait "durablement en besoin de financement", note le rapport.

De fait, pour évaluer ces besoins jusqu'à l'horizon 2070, le COR s'appuie sur quatre scénarios de croissance des revenus d'activité (1%, 1,3%, 1,5%, 1,8%) couplés à un taux de chômage de 7% à partir de 2032.

A moyen terme, le "solde financier du système resterait négatif" dans tous les cas "sous l'effet principalement de la baisse des ressources en pourcentage du PIB".

Des lendemains difficiles pour les retraités?

La situation s'aggraverait même dans le scénario le plus optimiste, avec un déficit de 0,7% du PIB entre 2026 et 2030 en cas de croissance à 1,8%. En revanche, à plus long terme, on observe une baisse des dépenses, dans trois des scénarios.

Plusieurs facteurs permettent d'expliquer ces projections plus pessimistes, comme la récente révision des prévisions démographiques de l'Insee, avec l'abaissement du solde migratoire annuel et l'allongement de l'espérance de vie des hommes, ou les effets plus rapides qu'escomptés de la réforme de 2010.

Autre explication : une croissance de la masse salariale des fonctionnaires (où le taux de cotisation finançant les retraites est plus élevé) moindre que la masse salariale totale (y compris le privé donc), qui a un effet minorant sur les ressources du système. Mais traduit également de moindres dépenses pour l'Etat.

Pour le gouvernement d'Emmanuel Macron, qui avait promis durant la campagne d'unifier tous les régimes de retraite dans un régime unique par points sans toucher à l'âge légal de départ ou aux modalités des pensions, l'équation pourrait se compliquer. D'ailleurs, intervenant ce 20 juin sur RMC, le premier ministre Edouard Philippe a prudemment déclaré que « l'impératif aujourd'hui est d'équilibrer le financement des retraites ».

D'autant plus que l'augmentation de 1,7 point du taux normal de la CSG (contribution sociale généralisée) ne fait rien pour rassurer des retraités échaudés par le gel de leurs pensions. Et pour qui le COR prévoit une baisse de la pension moyenne relative au revenu d'activité.

Il n'existe que trois leviers pour assurer la pérennité des systèmes de retraite: l'âge de départ, le niveau des pensions et les cotisations.

Il reviendra à une autre instance, le Comité de suivi des retraites (CSR), de formuler ou non des recommandations à l'adresse du gouvernement, dans un avis à paraître avant le 15 juillet.

 (Avec AFP)