SIA 2018 : Contre Macron, Wauquiez joue la carte de l'agriculture

Par latribune.fr  |   |  603  mots
(Crédits : DR)
Laurent Wauquiez a profité mardi de sa visite au Salon de l'agriculture pour soigner son image encore fragile d'élu du monde rural par opposition à Emmanuel Macron, qu'il dépeint en citadin sourd aux préoccupations paysannes.

Depuis son élection à la tête des Républicains (LR), l'ex-maire du Puy-en-Velay (Haute-Loire) a fait du sujet l'un de ses angles d'attaque privilégiés contre le chef de l'État.

"Ce monde-là, Emmanuel Macron ne le comprend pas, il ne l'écoute pas. C'est un monde qu'il méprise et qu'il ignore", a déclaré Laurent Wauquiez lors d'une conférence de presse informelle organisée dans les allées du Salon, à Paris.

"Combien de fois depuis qu'il est président de la République, il est venu sur une exploitation agricole ? Moi, tous les mois, je vais échanger et discuter avec les agriculteurs", a poursuivi le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, revêtu de son emblématique parka rouge.

Comme le veut le rituel de la visite au Salon, dont Jacques Chirac a défini en son temps le protocole, l'ex-ministre, ex-normalien et ex-élève de l'ENA a multiplié les apartés avec des producteurs et caressé en chemin des animaux d'élevage.

Il a également fait allusion à un échange houleux entre Emmanuel Macron, qui l'a précédé samedi, et des céréaliers échaudés par la perspective d'un accord de libre-échange entre l'Union européenne et le Mercosur, le marché commun d'Amérique du Sud, et par l'interdiction à venir du glyphosate, un herbicide aux effets controversés sur la santé.

"Un échange brutal", selon l'un des porte-parole de LR, Gilles Platret.

 "Soupçon d'insincérité"

Selon Laurent Wauquiez, le président français n'a pas compris que "l'agriculture en France, ce n'est pas juste un secteur économique, c'est une part de la culture française et c'est ça qu'il faut défendre". Il avait affuté ses arguments sur ce thème dans une tribune cinglante publiée en octobre par le Journal du dimanche, dans laquelle il fustigeait un homme "hanté par une haine de la province", sans doute "le plus parisien des présidents qu'on n'ait jamais eu".

Preuve, selon LR, du dédain de l'exécutif pour ces questions : l'abaissement à 80 km/h de la limite de vitesse sur les routes secondaires, la fermeture de classes dans les zones rurales ou la suppression de milliers de kilomètres de petites lignes ferroviaires - une option qu'exclut le gouvernement.

Par contraste, Laurent Wauquiez manque rarement une occasion de rappeler ses antécédents de député de Haute-Loire, où il s'est fait élire pour la première fois en 2004, et de maire du Puy-en-Velay, un mandat qu'il a exercé de 2008 à janvier 2016. Cette stratégie tarde à porter ses fruits, selon un sondage Odoxa-Dentsu consulting pour Le Figaro et franceinfo publié vendredi dernier.

Selon cette étude, seulement 15% des Français le jugent proche des préoccupations de la France rurale, un score qui le place au dernier rang des personnalités politiques de premier plan, derrière Jean-Luc Mélenchon (36%), Emmanuel Macron (30%) et Marine Le Pen (30% également).

"Ça ne fonctionne pas, visiblement", relève Émile Leclerc, directeur d'études chez Odoxa. "Les gens savent qu'il n'est pas issu du monde rural, qu'il a grandi en région parisienne et il a beau répéter qu'il est issu du monde rural, ça ne prend pas dans l'opinion."

"Il cherche à se faire passer pour ce qu'il n'est pas et ça, c'est généralement catastrophique pour les hommes politiques", ajoute le sondeur, pour qui un "soupçon d'insincérité" pèse sur Laurent Wauquiez.

(avec Reuters)