Terra Nova préconise la suppression des « corps » dans la fonction publique

Par latribune.fr  |   |  516  mots
Le point d'indice de la fonction publique a perdu 9% de pouvoir d'achat depuis 2000
La seule manière de remotiver aujourd'hui les fonctionnaires serait de leur offrir des perspectives de carrière, de mobilité, estime le think tank Terra Nova. Pour ce faire, il faudrait il supprimer les corps de la fonction publique, qui bloquent les mouvements

Comment remotiver les fonctionnaires ? Ceux-ci perdent objectivement du pouvoir d'achat, si l'on compare le traitement des nouveaux arrivants à leurs prédécesseurs il y a quinze ans. La valeur du point d'indice de la fonction publique, qui sert de base au calcul des traitements, a chuté de 9% en -une fois l'inflation déduite- depuis 2000. Et l'Etat n'est pas en mesure de se lancer dans une politique de revalorisation sur une grande échelle des rémunérations.

Des primes inefficaces

En attribuant des primes aux plus méritants ? Pour le think tank Terra Nova, qui publie ce jeudi un rapport sur l'avenir du management public, les primes ont montré leur inefficacité. Elles incitent les agents à se focaliser sur les seules tâches permettant d'obtenir la prime, de à développer des traitements différents selon les usagers.

Paradoxalement, « elles ont un aspect démotivant » souligne l'auteur du rapport, Maya Bacache-Beauvallet. Car «elles sapent les motivations intrinsèques qu'ont la plupart des fonctionnaires pour leur travail, auquel ils veulent donner du sens ».

Organiser la mobilité

La solution pour « rebooster » des fonctionnaires souvent démotivés, en manque de sens, c'est de leur redonner des perspectives de carrière. D'organiser leur mobilité, afin qu'ils ne restent pas « scotchés » à leur poste. Ce qui apparaît particulièrement complexe aujourd'hui, en raison des rigidités de la fonction publique. « Près de 60% des enseignants souhaiteraient changer d'emploi, après plusieurs années à faire la même chose, devant le même public » relève Thierry Pech, directeur général de Terra Nova.

Pour permettre cette mobilité si essentielle, il faut mettre fin à l'organisation de la fonction publique selon un système de corps, qui bloquent les agents dans leur métier d'origine, estime Terra Nova. Certes, une fusion de ces corps a été entamée, leur nombre a été réduit. Il est passé de 700 en 2005 à 380 en 2010 puis 305 en 2014. Mais le mouvement semble interrompu, puisque entre 2014 et le premier janvier 2016, un seul corps a été supprimé. « On a commencé par le plus anecdotique, maintenant, le mouvement semble bloqué » affirme Maya Bacache-Beauvallet.

Conserver le statut, mais supprimer les corps

Il faut donc supprimer cette structuration en corps de fonctionnaires. Ce qui ne signifie pas mettre fin au statut des fonctionnaires, ni renoncer à l'idée d'une fonction publique de carrière. Cette suppression « permettrait une réelle mobilité et des carrières plus motivantes au sein de la fonction publique » affirme le rapport. Ce serait s'inspirer de modèles étrangers : « les pays comme l'Allemagne, l'Espagne, le Japon, la Grèce ou Israël ont des fonctions publiques de carrière avec des statuts comparables aux nôtres mais ans la multiplication des corps qui redoublent ce statut ».
Pourquoi les différents gouvernements, qui ont diminué sensiblement le nombre de corps, ne sont-ils pas allés au bout de leur logique ? Notamment pour des raisons financières. Quand il y a fusion, elle se fait toujours par le haut, autrement dit, les rémunérations sont alignées sur la plus favorable, ce qui est évidemment coûteux pour le budget de l'Etat.