The Village : la relance devra-t-elle passer par l'écologie et le local ?

Par Pierrick Merlet et César Armand  |   |  591  mots
(Crédits : Rémi Benoit)
A l'occasion de la 4è édition de The Village, organisée par La Tribune à Saint-Bertrand-de-Comminges, élus locaux, entrepreneurs, économistes et citoyens ont réfléchi à la relance post-Covid. Il apparaît que les collectivités territoriales seront aux avant-postes des transitions écologiques et numériques de demain.

Arnaud Montebourg a beau avoir publié Votez pour la démondialisation ! (Flammarion) en 2011, il n'a pas changé de discours. Intervenant en ouverture de la 4e édition de The Village, organisé par La Tribune, l'ancien ministre du Redressement productif de François Hollande, s'est fait, de nouveau, le chantre de la démondialisation.

"Si l'on veut reconquérir notre souveraineté alimentaire, technologique et sanitaire, nous devrons en payer le prix", a déclaré Arnaud Montebourg. Autrement dit, en acceptant de payer plus cher que les produits importés. A la tête de la marque Bleu Blanc Ruche, il commercialise du miel français "entre 5 et 18% plus cher que le prix du marché", ne serait-ce que pour financer la croissance de l'apiculture tricolore. "C'est un modèle duplicable à d'autres produits", a-t-il insisté, invitant le public présent à devenir des "consomm'acteurs".

Un constat partagé par l'économiste Nicolas Bouzou qui considère que "ce sont les consommateurs qui décident de relocaliser en acceptant de payer plus cher leurs produits". "Cependant, injecter de l'argent public dans la relocalisation industrielle n'est pas le meilleur emploi qu'on puisse faire. Je préfère qu'on en mette dans les capacités d'investissements", a-t-il poursuivi.

"L'innovation n'est pas réservée aux grandes villes" (Delga)

A l'inverse, la présidente (PS) de la région Occitanie "croi[t] beaucoup en la relocalisation". Dans le cadre de son plan de relance économique de 211 millions d'euros post-Covid, Carole Delga a annoncé la création d'une agence régionale d'investissements stratégiques. Cette future structure est pensée pour relocaliser des industries jugées prioritaires, comme l'agroalimentaire, la santé, le textile et la transition écologique. Objectif: assurer l'indépendance du territoire et soutenir la création d'emplois. Dans ce cadre, l'épargne citoyenne pourrait être mobilisée.

"L'innovation n'est pas réservée aux grandes villes. Elle part de tous les territoires", a martelé la présidente Delga. "L'enjeu est de donner de la fierté aux habitants de ces territoires. Nous devons bâtir un nouveau mode de développement basé sur le collectif à l'image du projet de La Résidence", a-t-elle déclaré. Portée par la Région, Inco et La Tribune, cette dernière vise à transformer une grange en ruines en un incubateur pour des startups dont les innovations seront destinées aux milieux ruraux.

"Des contreparties sociales et environnementales" (Bayou)

Doté de 100 milliards d'euros, quant à lui, le plan de relance du gouvernement sera connu le 3 septembre prochain. Il devrait comporter un volet dédié à la relocalisation industrielle. Sans attendre sa présentation, le secrétaire général d'Europe-Ecologie-Les Verts (EELV), Julien Bayou, estime que les aides publiques aux entreprises doivent "se faire en l'échange de contreparties sociales et environnementales". "La technologie peut aussi être la solution pour l'écologie", a d'ailleurs renchéri Aurélie Jean, docteur en sciences et entrepreneur.

Présent à Saint-Bertrand-de-Comminges, ville-hôte de l'événement, le directeur de la Banque des territoires, Olivier Sichel, a, lui, de son côté, assuré que le plan "s'adapterait aux spécificités locales". L'entité de la Caisse des Dépôts poussera dans "quatre directions" : la rénovation de l'habitat, le tourisme, le haut débit et la transition environnementale. Le directeur général délégué de Suez Eau France, Maximilien Pellegrini, plaide, pour sa part, pour des "investissements à 30, 40 ou 50 ans". Selon lui, il faudrait environ 27 milliards d'euros pour rénover le réseau de distribution d'eau potable. Dans le circuit, pour cinq litres qui circulent, un litre se perd.