Unanime, la classe politique salue la mémoire de Michel Rocard

Par latribune.fr  |   |  982  mots
La classe politique, toutes tendances confondues, rend hommage à Michel Rocard, ancien premier ministre de François Mitterrand.
François Hollande, Manuel Valls mais aussi Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, etc, tous ont tenu à rendre hommage à Michel Rocard, l'ancien premier ministre, décédé à Paris samedi 2 juillet.

Michel Rocard, théoricien de la deuxième gauche, ancien responsable du PSU, ancien premier secrétaire du PS est décédé samedi 2 juillet à l'âge de 85 ans. Immédiatement les hommages ont afflué de tous les côtés de la classe politique.

Le président François Hollande a aussitôt salué une "grande figure de la République et de la gauche", qui incarnait "un socialisme conciliant utopie et modernité".

De son côté, le Premier ministre Manuel Valls, issu lui-même du rocardisme et qui avait travaillé à Matignon auprès de Michel Rocard, a jugé qu'il incarnait "la modernisation de la gauche et l'exigence de dire la vérité". "C'est avec une immense tristesse que j'apprends aujourd'hui la disparition de Michel Rocard. Je me suis engagé en politique par et pour Michel Rocard. Parce qu'il avait dit en 1978 qu'il n'y avait pas de fatalité à l'échec de la gauche. Parce qu'il disait avant les autres que le changement passe par la réforme et non par la rupture", a souligné l'actuel Premier ministre dans un communiqué.

La gauche en deuil

Le ministre des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault a salué un "homme de conviction, un grand homme d'État, socialiste sincère et engagé".

L'écologiste et ancienne ministre Cécile Duflot a de son côté rappelé l'accord de paix en Nouvelle-Calédonie signé sous son mandat de Premier ministre en 1988. Pour elle ce fût "une grande leçon de belle politique".

Sur France Info, la maire de Lille socialiste Martine Aubry a affirmé qu'il l'avait "beaucoup influencé, comme mon père et comme Edmond Maire". "Ce sont des hommes qui ont toujours voulu changer la société, modifier la réalité telle qu'elle était sans jamais abandonner la vision qu'ils avaient, les valeurs qu'ils avaient." C'était un "homme moderne. Il a été ouvert très tôt sur la société par la décentralisation, par le RMI. C'est un homme qui a beaucoup compté pour moi, pour la gauche européenne, pour la gauche française."

Dans un communiqué, le ministre de l'Économie Emmanuel Macron a regretté la disparition d'un homme "passionné, engagé, lucide et optimiste jusqu'au bout". "Précurseur et militant il aura changé le visage de la gauche, réconcilié l'État avec la société civile, et repensé l'économie sociale de marché. Européen passionné, il aura pour elle mené nombre de batailles. Il va manquer au pays. Il va manquer aux engagés. Ses idées doivent lui survivre et être servies" a-t-il également écrit.

Pour Jean-Christophe Cambadélis, Premier secrétaire du PS, "c'est une partie de nous-mêmes qui s'en va avec Michel. La douleur est immense, l'héritage aussi. Nous continuerons tes combats"

Michel Sapin, ministre des Finances: une "personnalité de référence de la gauche française, avec lequel j'ai longuement milité et partagé de nombreux combats politiques". "Michel Rocard a su réconcilier la gauche et l'économie, il a su établir un dialogue fécond entre la gauche et l'entreprise. Son réalisme économique était une ambition pour notre pays et pour nos valeurs. Michel Rocard ne séparait jamais l'exigence de vérité et de réforme de l'impérieuse nécessité de la justice et du dialogue social. "Sa disparition est une perte immense. Mais son engagement politique laisse une œuvre décisive pour l'avenir de la gauche et de la France".

Jean-Luc Mélenchon (Front de Gauche et ancien du PS) a tweeté: "Des milliers de personnes engagées sont en deuil. Un éclaireur nous a quittés. Sa vie est une leçon. À chacun de la méditer. En ce temps-là, tous les socialistes étaient de gauche même très différemment".

A droite aussi

Le président du parti "Les Républicains" Nicolas Sarkozy a diffusé via Twitter un communiqué, rappelant qu'en tant que président de la République il lui avait confié la "responsabilité de la réflexion et du suivi du programme des investissements d'avenir ainsi qu'une mission internationales sur le changement climatique dans les pôles".

Alain Juppé a tweeté aussi: "Mort de Michel Rocard, grande tristesse. Avec des choix politiques différents,nous avions fait ensemble un beau livre, et le grand emprunt".

Au micro de France Info, le candidat à la primaire de droite pour la présidentielle de 2017 a précisé qu'ils s'étaient vus "il y a 15 jours à peine". "C'était un homme avec qui j'avais noué d'abord des relations de travail et qui étaient devenues des relations d'amitié. Il était fidèle au Parti socialiste, je suis fidèle à mon parti, mais au-delà de ces clivages partisans nous avions le goût du débat" a-t-il détaillé. Selon Alain Juppé, "Michel était un esprit toujours en éveil, extrêmement agile jusque dans le grand âge. J'aimais son absence de sectarisme. Son respect de l'autre dans le débat. C'était toujours un plaisir d'échanger des idées avec lui."

Pour le président du MoDem François Bayrou, sa mort "affecte profondément tous ceux qui ont reconnu en lui un innovateur politique et un homme de rassemblement. Il a incarné ce qu'on appelait la deuxième gauche, il a choisi de rompre avec les idéologies fermées et l'esprit de sectarisme. Il a constamment voulu que la vie politique prenne en compte les réalités économiques et sociales et très souvent choisi de faire des pas en direction de ceux qui partageaient les mêmes valeurs sans avoir les mêmes étiquettes. Cet homme généreux et ouvert va beaucoup nous manquer".

Pour Jean-Louis Borloo, "Michel Rocard était un scout moderne et socialiste. Père du RMI, de la CSG et des accords de Nouméa, il était un homme de vérité, de vision et de coeur".