Une "marée populaire" anti-Macron en demi-teinte

Par latribune.fr  |   |  866  mots
(Crédits : GONZALO FUENTES)
La manifestation parisienne contre la politique d'Emmanuel Macron a rassemblé 31.700 personnes samedi, selon le comptage effectué par le cabinet Occurrence pour un collectif de médias, dont l'AFP. Des chiffres plus proches de ceux de la préfecture de police (21.000) et très éloignés de ceux de la CGT et d'Attac (80.000). Ces derniers ont fait état de 280.000 manifestants à l'échelle nationale. Les chiffres de la police n'étaient pas encore communiqués.

Le coefficient de la "marée populaire" souhaitée ce samedi par les opposants à la politique sociale d'Emmanuel Macron n'était pas très élevé. Le succès de l'opération est mitigé, malgré une union inédite de forces syndicales, de formations politiques de la gauche de la gauche et d'associations. Près de 190 manifestations et rassemblements ont été recensés dans toute la France, selon l'association altermondialiste Attac, l'une des soixante organisations à l'origine de cette journée d'action.

Divergences de chiffres

La manifestation parisienne a rassemblé 31.700 personnes, selon le comptage effectué par le cabinet Occurrence pour un collectif de médias, dont l'AFP. La préfecture de police avait donné un peu plus tôt le chiffre de 21.000 manifestants à Paris, tandis que, côté organisateurs, la CGT et Attac annonçaient 80.000 manifestants dans la capitale. Ces derniers annoncent une participation de 280.000 personnes sur l'ensemble du territoire (Paris compris). Les chiffres du ministère de l'Intérieur n'étaient pas disponibles samedi en début de soirée.

A Lyon, la mobilisation a rassemblé 1.600 personnes, selon la police, 2.000, selon les organisateurs. A Marseille, 4.200 manifestants ont été recensés selon la police et 65.000 selon les organisateurs. Pour le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, la faiblesse de cette participation peut s'expliquer par le fait que les Français "commencent à voir les effets de la politique menée par ce gouvernement".

 "Quand il y a, en l'espace d'un an 260.000 emplois nouveaux créés, les gens s'en aperçoivent", a-t-il dit sur BFMTV.

"Un succès" pour Attac

La "marée populaire" était convoquée par des syndicats comme la CGT, Union solidaires et la FSU; des partis politiques, comme La France insoumise, le NPA (Nouveau parti anticapitaliste) ou le PCF (Parti communiste français) ainsi que par des associations comme Attac et la Fondation Copernic. Pour Attac, le combat pour un monde "plus égalitaire et plus solidaire" est de "longue haleine".

Dans un communiqué, l'association qualifie cette journée de "succès". "Nous allons (...) continuer, plus déterminés que jamais !", dit-elle. Présent dans le cortège à Marseille, le chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a appelé à un "Front populaire" pour commencer une "ère de partage".

"Nous ne supportons pas que d'aucuns aient tant de fois plus que le nécessaire, des milliers de fois plus que le commun des mortels, tandis que d'autres n'ont rien", a-t-il déclaré.

 Sur France Inter, le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, a appelé le président de la République à entendre le "mécontentement social".

 Sur des pancartes dans les défilés, on pouvait lire : "A poil, comme le service public", "Stop au pouvoir de la finance", ou encore : "Personne ne veut, Personne ne peut attendre 2022 pour chasser Macron".

Une journée globalement calme

La journée s'est globalement déroulée dans le calme. A Paris, "un groupe de black blocs (...) a voulu s'en prendre à une banque mais les forces de l'ordre sont intervenues extrêmement rapidement", a déclaré Gérard Collomb.

Lors de cette opération, sept policiers ont été légèrement blessés. Une vitrine et deux abribus ont subi des dégradations, selon la préfecture de police. Au total, 43 personnes ont été interpellées, dont 32 en amont de la manifestation. "Ce qui est étonnant, c'est que des black blocs puissent intervenir au milieu d'une foule qui finalement ne réagit pas", a déclaré Gérard Collomb.

 Macron critique ceux qui ne proposent rien au pays et veulent la grande violence

Emmanuel Macron a déclaré vendredi alors qu'il se trouvait en Russie, que cette marée populaire ne l'arrêterait pas. Le chef de l'Etat a critiqué ceux qui "ne proposent rien au pays" et "veulent la grande violence".

Cette journée a marqué un tournant dans la contestation sociale, qui était jusqu'à présente circonscrite à des mouvements catégoriels.La diversité des causes s'illustrait dans les slogans chantés par les manifestants - retraités, personnel hospitalier, chercheurs, salariés d'Air France ou d'Aéroports de Paris - rassemblés dans le centre de Paris, entre gare de l'Est et Bastille, en passant par République. "Macron, méprisant de la République", brocardait une pancarte du PCF représentant Emmanuel Macron en monarque. "Mai 1968, Mai 2018: 50 fois plus de raisons de se révolter", affichaient des autocollants de Lutte ouvrière.

Une première pour la CGT depuis 1996

Découplée officiellement du Parti communiste (PCF) en 1996 dans le sillage de la chute de l'URSS, la CGT a défilé pour la première fois en plus de vingt ans aux côtés de partis politiques, au risque de voir ces derniers lui porter ombrage, estiment certains analystes. Force ouvrière et la CFDT n'ont pas participé à cette journée "par souci d'indépendance". Le Parti socialiste (PS) a également refusé d'y participer.

Pour Philippe Martinez, une mobilisation conjointe avec des partis politiques n'enlève rien au message syndical. "Quand on parle de pouvoir d'achat, de droits sociaux, de protection sociale, ce sont des revendications que portent les syndicats", a-t-il dit dans le cortège parisien.

 (Avec agences)