Université d'été du Medef : Alain Juppé, "l'homme de confiance"

Par Constant Méheut, à Jouy-en-Josas  |   |  675  mots
L'ex-premier ministre a déployé devant le Medef un discours qui sans être innovant a eu le mérite de rassurer et de construire la confiance avec les chefs d'entreprise.
Dernier candidat principal aux primaires de la droite et du centre, Alain Juppé s'est exprimé cet après-midi à l'université d'été du Medef. Un discours assez classique où l'ex-premier ministre a rapidement développé son programme avant d'appeler les entrepreneurs à travailler avec les politiques.

Au fond, Alain Juppé est un homme qui rassure. Sans surprises ni éclats l'ex-premier ministre de Jacques Chirac est monté sur scène devant une salle comble d'entrepreneurs et de patrons au campus du Medef. En homme rigoureux et déjà bien connu du public il a développé rapidement ses propositions économiques avant d'appeler l'assistance à être optimiste pour l'avenir de la France. Pas de véritable opération séduction donc pour le candidat à la primaire de la droite et du centre. Alain Juppé est en terrain stable et est considéré comme un homme de confiance. Il lui fallait juste assurer la prestation.

Parler devant un public "presque" déjà conquis

Traîner dans les allées de l'Université d'été du Medef permet vite de comprendre qu'Alain Juppé y est le bienvenu. L'ex-premier ministre bénéficie au Medef d'une sympathie sans pour autant tomber dans la passion que suscite chez certains Emmanuel Macron. Alain Juppé est un "homme de confiance" nous dit-on et c'est le principal alors que de nombreux chefs d'entreprises se disent sceptiques face à l'honnêteté des candidats de droite qui viennent dérouler leurs propositions devant eux.

L'actuel maire de Bordeaux est donc monté sur scène souriant et s'est évertué à respecter scrupuleusement les règles de débat que son adversaire Nicolas Sarkozy a ignoré quelques heures plus tôt. Il a présenté ses propositions avec une rapidité assez déconcertante, touchant parfois à la saturation, comme si l'essentiel n'était pas là mais que sa présence était le plus important.

Un programme économique qui répond aux attentes du Medef

Alain Juppé a déployé un ensemble de mesures économiques destinées à relancer l'industrie française et à donner plus de liberté aux entreprises. Celui qui dit ne pas "croire au plan industriel décidé par l'Etat" veut réunir les conditions d'un retour à la compétitivité. D'abord par une loi de programmation fiscale en 2017 pour un quinquennat. Il souhaite regrouper l'ensemble des baisses de charges pour les entreprises en un seul dispositif et harmoniser l'impôt sur les sociétés sur la moyenne européenne. Un attachement à retrouver de la compétitivité en Europe auquel il ajoute la nécessité de résoudre les sur-transpositions de directives et normes européennes en cherchant plus de simplicité.

Sur le plan du travail Alain Juppé souhaite abroger le compte pénibilité, tant décrié par le Medef, et sécuriser l'embauche en entreprise en revenant sur les jurisprudences qui bloquent certains licenciements économiques. Enfin le candidat à la primaire de la droite souhaite que l'URSSAF acquiert une "culture de conseil et non pas de punition".

Des propositions intéressantes sur les secteurs d'avenir

S'étant littéralement "délesté" de ces propositions pro-entreprises qui ne dénotent en aucun cas avec celles des autres candidats, Alain Juppé s'est permis de revenir plus longuement sur sa vision des secteurs d'avenir de l'économie française. Concernant l'environnement, il a reconnu qu'on ne retrouverait pas les trente glorieuses et qu'il fallait dès lors inventer un nouveau modèle de développement où le recyclage remplace le gaspillage, orienté vers une croissance alimentée par les énergies alternatives.

Au sujet de la transition numérique il apparaît très optimiste quant au potentiel de cette petite révolution et souhaite l'utiliser pour dynamiser l'économie française.

"Je crois puissamment à cette révolution technologique qu'il y a devant nous, à condition d'en réguler les effets sur l'emploi", a commenté l'ex-premier ministre.

Alain Juppé a conclu son discours en assurant que "le plus important n'est pas l'accumulation des mesures mais le sens qu'on leur donne" comme pour tacler ses concurrents à droite qui se sont évertués à aligner les propositions pro-entreprises pendant ces deux jours. Alain Juppé souhaite "lever dans ce pays une espérance" et pour cela compte sur la confiance, son maître mot, entre politiques et entrepreneurs. "Une bonne prestation qui donne effectivement confiance" a sobrement conclu un chef d'entreprise. Mais est-ce assez pour gagner une élection?