À Paris, une réunion planétaire cruciale sur la pollution au plastique

Par latribune.fr  |   |  675  mots
Cette deuxième session de discussions, qui se tiendra du 29 mai au 2 juin à l’Unesco, réunira les représentant de 175 Etats afin de définir les premiers contours d'un traité contraignant sur la pollution plastique sous l'égide des Nations unies (Crédits : Reuters)
Après les ministres, les négociateurs internationaux entament une session de cinq jours de pourparlers au siège de l'Unesco afin de tenter d'avancer sur un traité mettant fin à la pollution plastique. Mais la présence des représentants d'industries fait grincer des dents.

Les négociateurs vont-ils réussir à avancer sur la question délicate de la pollution au plastique ? Les représentants de 175 nations aux ambitions divergentes se retrouvent au siège de l'Unesco pour une deuxième session du comité international de négociation, sur les cinq prévues pour aboutir à un accord historique couvrant l'intégralité du cycle de vie du plastique. Les ONG, mais aussi des représentants des entreprises du secteur du plastique seront également présents pour assister aux débats. Plusieurs ONG ont déjà fait part

Il y a un peu plus d'un an à Nairobi (Kenya), un accord de principe a été trouvé pour mettre fin à la pollution du plastique dans le monde, avec l'ambition d'élaborer d'ici à la fin 2024 un traité juridiquement contraignant sous l'égide des Nations unies.

Seuls 9% des déchets sont recyclés

Un sommet avec les ministres ou représentants d'une soixantaine de pays a été organisé par la France samedi à Paris, afin de donner de l'élan aux négociations. "Si nous n'agissons pas, il y aura en 2050 plus de plastique que de poissons dans les océans", a rappelé la ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna. "Lutter contre la pollution plastique c'est nous faciliter la vie pour lutter contre le dérèglement climatique d'un côté et pour faire en sorte de préserver nos océans et la biodiversité", a souligné le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu.

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Chaque année, environ 460 millions de tonnes de plastiques sont produites et seuls 9% des déchets sont effectivement recyclés, selon un rapport de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), qui estime que la production de déchets plastiques devrait quasi tripler d'ici 2060.

Doublement de la production plastique en 20 ans

L'enjeu est de taille alors que la production annuelle a plus que doublé en 20 ans pour atteindre 460 millions de tonnes (Mt). Elle pourrait encore tripler d'ici à 2060 si rien n'est fait.

Or les deux tiers de cette production mondiale ont une faible durée de vie et deviennent des déchets à gérer après une seule ou quelques utilisations. 22% sont abandonnés (décharges sauvages, incinérations à ciel ouvert ou rejet dans la nature) et moins de 10% sont recyclés.

"Il faut qu'on fasse attention à ce que la question du recyclage ne remplace pas le débat sur la réduction de la production de plastiques", a mis en garde Christophe Béchu.

"Il y a un consensus sur les enjeux et la volonté d'agir", se félicite auprès de l'AFP Diane Beaumenay-Joannet, responsable plaidoyer de l'ONG Surfrider Foundation.

Elle se dit "plutôt optimiste sur le fait qu'on avance sur une ébauche de traité" mais juge que "sur le contenu précis des obligations, ça va être compliqué, notamment sur la partie réduction de la production".

Mettre fin à la pollution plastique d'ici 2040

Cette réduction est portée par la Coalition pour la haute ambition, conduite par le Rwanda et la Norvège et composée d'une cinquantaine de pays, dont l'Union européenne, le Canada, le Chili et, depuis quelques jours, le Japon. Son espoir: "mettre fin à la pollution plastique d'ici à 2040".

Mais d'autres nations se montrent plus réticentes, insistant sur le recyclage et une meilleure gestion des déchets: c'est notamment le cas de la Chine, des Etats-Unis, de l'Arabie saoudite et plus généralement des pays de l'Opep, qui entendent protéger leur industrie pétrochimique.

Les débats sont aussi traversés par la question des rapports Nord-Sud, avec des enjeux concernant "l'aide au développement, le partage de technologies et les financements", souligne Diane Beaumenay-Joannet.

Des déchets de toutes tailles se retrouvent au fond des océans, dans la banquise, l'estomac des oiseaux et même au sommet des montagnes. Des microplastiques ont été détectés dans le sang, le lait maternel ou le placenta.

(Avec AFP et Reuters)