Taïwan mène à son tour ses propres exercices militaires accusant Pékin de préparer une invasion

Par latribune.fr  |   |  787  mots
L'armée taïwanaise a mené, ce mardi, un exercice d'artillerie à balles réelles simulant la défense de l'île contre une invasion chinoise. (Crédits : Lockheed Martin)
Alors que la Chine a poursuivi, hier, les exercices militaires en cours depuis la semaine dernière autour de Taïwan, l'armée taïwanaise a lancé, ce mardi, un exercice d'artillerie à balles réelles simulant la défense de l'île contre une invasion chinoise.

C'est au tour de Taïwan d'effectuer une démonstration de force face à la Chine. L'armée taïwanaise a, en effet, mené, ce mardi, un exercice d'artillerie à balles réelles simulant la défense de l'île contre une invasion chinoise. Pékin « a utilisé les exercices et sa feuille de route militaire pour préparer l'invasion de Taïwan », a, ainsi, accusé le chef de la diplomatie de Taïwan, Joseph Wu, lors d'une conférence de presse à Taipei après les manœuvres taïwanaises. « La véritable intention de la Chine est d'altérer le statu quo dans le détroit de Taïwan et dans toute la région », a-t-il ajouté. « Elle mène des exercices militaires et des tirs de missiles à grande échelle, ainsi que des cyberattaques, une campagne de désinformation et une coercition économique afin d'affaiblir le moral de la population à Taïwan », a-t-il poursuivi.

Un journaliste de l'AFP sur place a constaté le début des opérations dans le comté de Pingtung (sud) peu après 02h40, avec des tirs de fusées éclairantes et d'artillerie. Les manœuvres se sont terminées vers 03h30, a indiqué Lou Woei-jye, porte-parole du huitième corps d'armée de Taïwan. Plusieurs centaines de soldats ont été déployés, ainsi qu'une quarantaine d'obusiers, a indiqué l'armée. Un nouvel exercice est prévu jeudi.

Pour autant, le porte-parole du huitième corps d'armée de Taïwan a assuré, lundi, que les exercices taïwanais étaient déjà programmés et qu'il ne s'agissait pas d'une réponse aux manœuvres chinoises en cours. L'île organise, d'ailleurs, régulièrement des exercices militaires simulant une invasion chinoise.

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Exercices militaires chinois

Ces exercices interviennent néanmoins après que la Chine a prolongé lundi ses propres manœuvres maritimes et aériennes conjointes autour de l'île, les plus importantes jamais menées par Pékin aux alentours de Taïwan. Elles avaient été lancées la semaine dernière en réaction à la visite de la présidente de la Chambre des représentants américaine, Nancy Pelosi. L'armée chinoise a confirmé que les exercices continuaient mardi, impliquant des unités aériennes et maritimes. Le commandement du théâtre oriental de l'Armée populaire de libération a déclaré dans un communiqué qu'il effectuait des exercices d'entraînement autour de l'île, « en se concentrant sur les opérations conjointes de blocus et de soutien ».

Et même si Taïwan a mis en avant qu'aucun avion de guerre ou navire chinois n'avait pénétré dans les eaux territoriales de Taïwan - à moins de 12 milles nautiques de la terre - pendant les exercices de Pékin, l'armée chinoise a tout de même publié une vidéo d'un pilote de l'armée de l'air filmant la côte et les montagnes de l'île depuis son cockpit, montrant à quel point il s'était approché des côtes taïwanaises. Des missiles balistiques ont aussi été tirés au-dessus de la capitale taïwanaise, Taipei, lors des exercices de la semaine dernière, selon les médias d'Etat chinois. Le commandement du théâtre oriental de l'Armée populaire de libération a annoncé que des avions de patrouille maritime, de chasse, des hélicoptères et un destroyer s'étaient entraînés à localiser et à attaquer des cibles dans les eaux au large de Taïwan.

Biden « pas inquiet » mais « préoccupé »

De quoi faire craindre une escalade des tensions entre Pekin et Taïpei. A ce propos, Joe Biden s'est voulu rassurant devant des journalistes, affirmant : « Je ne suis pas inquiet, mais je suis préoccupé par le fait qu'ils s'agitent autant. Mais je ne crois pas qu'ils fassent davantage que ce qu'ils sont en train de faire », a déclaré le président Joe Biden aux journalistes. Les Etats-Unis sont, eux aussi, visés par la colère de Pékin qui a décidé de son retrait des négociations internationales autour du climat et de la défense, suscitant l'indignation américaine et d'autres pays occidentaux. Mais Pékin a défendu lundi son comportement, le qualifiant de « ferme, énergique et approprié » face à la provocation américaine. « (Nous) ne faisons que lancer un avertissement aux responsables » de cette crise, a fait valoir le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Wang Wenbin, lors d'un point de presse, promettant que la Chine « briserait fermement l'illusion des autorités taïwanaises d'obtenir l'indépendance par l'intermédiaire des Etats-Unis ».

(Avec AFP)