Affaire Khashoggi : Trump préserve l'alliance avec Ryad, mais "MBS" peut-être impliqué

Par latribune.fr  |   |  603  mots
(Crédits : Reuters)
Donald Trump a déclaré mardi 20 novembre vouloir rester un "partenaire fiable" de l'Arabie saoudite tout en admettant que son prince héritier Mohamed ben Salman, dit "MBS", pourrait avoir été au courant du projet d'assassinat contre l'opposant Jamal Khashoggi, tué le mois dernier au consulat saoudien d'Istanbul.

Donald Trump est déterminé à maintenir ses relations actuelles avec le royaume wahhabite. Devant la presse le 20 novembre, le président américain a indiqué qu'il n'entendait pas annuler les contrats d'armements conclus avec l'Arabie saoudite, malgré les appels en ce sens de parlementaires démocrates et républicains, soulignant l'importance de Ryad dans la préservation des intérêts américains au Moyen-Orient et de la stabilité dans la région. Mettre fin aux contrats d'armements passés avec Ryad serait une démarche "stupide" qui aurait pour effet de profiter à la Russie et la Chine, concurrents des États-Unis sur ce marché, a-t-il expliqué.

Pour autant, Donald Trump a laissé entendre que le prince héritier saoudien Mohamed ben Salman ("MBS") pourrait avoir été au courant du projet d'assassinat contre l'opposant Jamal Khashoggi, tué le mois dernier au consulat saoudien d'Istanbul.

Donald Trump n'exclut pas l'implication de "MBS"

Pour justifier son attitude, il a expliqué que les agences du renseignement américain examinaient toujours les preuves liées au meurtre de Jamal Khashoggi et cherchaient à en déterminer les commanditaires. La CIA n'a, selon lui, pas établi avec une certitude absolue la responsabilité de Mohamed ben Salman dans cet assassinat.

"Il se pourrait très bien que le prince héritier ait été au courant de cet événement tragique - peut-être est-ce le cas, peut-être pas !", déclare t-il dans un communiqué diffusé par la Maison blanche.

Or, cette déclaration est en contradiction avec les conclusions de la CIA selon lesquelles MBS a ordonné le meurtre de Jamal Khashoggi, qui vivait en exil aux Etats-Unis et écrivait régulièrement dans le Washington Post des tribunes très critiques envers le prince héritier saoudien.

En visite à Washington, le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu a quant à lui fait savoir que la Turquie n'était pas satisfaite du niveau de coopération de l'Arabie saoudite dans l'enquête sur le meurtre de Jamal Khashoggi et qu'elle pourrait demander une intervention des Nations unies.

À Ryad, où les autorités ont longtemps démenti la mort de Jamal Khashoggi, on rejetait les conclusions de la CIA sur l'implication de MbS dans cet assassinat.

"Ne pas détruire l'économie mondiale"

Dans le communiqué diffusé par la Maison blanche, Donald Trump rappelé que le roi Salman d'Arabie saoudite et "MBS" avaient "vigoureusement démenti avoir eu connaissance de la préparation et de l'exécution du meurtre". Puis d'ajouter que la vérité ne serait peut-être jamais connue dans cette affaire.

En outre, le locataire de la Maison blanche a expliqué ne pas vouloir prendre le risque de détruire l'économie mondiale en faisant preuve de fermeté à l'égard de l'Arabie saoudite, expliquant que cette dernière aidait les États-Unis à maintenir les prix du pétrole à un bas niveau et à lutter contre l'influence de l'Iran au Moyen-Orient.

"Pour moi, c'est simple, c'est l'Amérique d'abord ("America First"). Je ne vais pas détruire l'économie mondiale et l'économie de notre pays en me comportant de manière insensée avec l'Arabie saoudite".

Chaque fois que le président américain cite le méga contrat de vente d'armes à Ryad conclu l'an dernier pour 110 milliards de dollars, il ajoute que "c'est 500.000 emplois", un chiffre accueilli avec scepticisme.

Interrogé sur l'éventualité que ses affaires et intérêts personnels primaient sur ceux des États-Unis, Donald Trump a répondu par la négative. "Je ne passe aucun contrat avec l'Arabie saoudite. (...) Je ne reçois aucun argent de l'Arabie saoudite", a-t-il dit aux journalistes.

(avec Reuters)