Affaire Skripal : Moscou tempête contre les nouvelles sanctions américaines

Par latribune.fr  |   |  685  mots
La Russie va élaborer des "mesures de rétorsion" aux nouvelles sanctions annoncées par Washington à l'encontre de Moscou. (Crédits : SPUTNIK)
Mercredi, Washington a annoncé de nouvelles sanctions économiques, plusieurs mois après l'empoisonnement de l'ex-agent double Sergueï Skripal au Royaume-Uni. Suite à cette annonce, le Kremlin a vivement dénoncé jeudi ces sanctions jugées "inadmissibles".

Article en ligne le 09/08/2018 à 14h33 | Mise à jour le 09/08 à 17h07

Les États-Unis ont établi que la Russie avait fait usage d'un agent innervant contre l'ex-agent double Sergueï Skripal et sa fille, et ont décidé d'imposer des sanctions contre ce pays pour son rôle dans cette affaire, a annoncé mercredi le département d'État américain.

Ces sanctions entreront en vigueur autour du 22 août, précise le département d'État.

"Les États-Unis ont établi (...) que le gouvernement de la Fédération de Russie avait utilisé des armes chimiques ou biologiques en violation du droit international, ou avait utilisé des armes chimiques ou biologiques mortelles contre ses propres ressortissants", a déclaré Heather Nauert, porte-parole du département d'Etat.

Interdire les licences d'exportation de produits américains vers la Russie

À en croire la chaîne de télévision américaine NBC, la première tranche de ces sanctions consisterait à interdire les licences d'exportation vers la Russie de produits américains jugés sensibles pour la sécurité nationale.

La deuxième tranche sera imposée trois mois plus tard si la Russie ne donne pas de garantie qu'elle n'utilisera pas d'armes chimiques à l'avenir et n'accepte pas des inspections des Nations unies. Cette seconde tranche pourrait consister en une réduction des relations diplomatiques, en une suspension de l'habilitation faite à Aeroflot de voler aux États-Unis, et en une réduction du commerce bilatéral.

Le rouble s'est rapproché mercredi d'un plus bas de deux ans et les autres actifs russes ont reculé également face à la perspective de sanctions américaines.

Londres félicite Washington de cette nouvelle décision

Sergueï Skripal, ancien agent double russe qui vit désormais en Angleterre, a été victime début mars d'une tentative d'empoisonnement au "Novitchok", tout comme sa fille Loulia, à Salisbury dans le sud de l'Angleterre. L'un et l'autre s'en sont sortis, après des semaines d'hospitalisation.

L'attaque, qui a été imputée par les services de renseignement britanniques à la Russie, a fait deux autres victimes, hospitalisées le 30 juin après avoir été en contact elles aussi avec du Novitchok. Dawn Sturgess, une femme de 44 ans, n'a pas survécu. Charlie Rowley, son compagnon âgé de 45 ans, s'est rétabli.

La Grande-Bretagne s'est félicitée mercredi soir de la décision de Washington d'imposer des sanctions contre la Russie en lien avec l'affaire Skripal.

"Le Royaume-Uni se félicite de cette nouvelle décision de nos alliés américains", a déclaré un porte-parole du Foreign Office à Londres. "La fermeté de la riposte internationale à l'utilisation d'une arme chimique dans les rues de Salisbury est un message sans équivoque adressé à la Russie lui signifiant que son comportement provocateur et téméraire ne sera pas sans conséquence", a ajouté le porte-parole

Moscou compte répliquer aux nouvelles sanctions

La Russie va élaborer des "mesures de rétorsion" aux nouvelles sanctions annoncées par Washington à l'encontre de Moscou en lien avec l'attaque à l'agent chimique Novitchok au Royaume-Uni, a averti jeudi la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova.

"La partie russe va se pencher sur l'élaboration des mesures de rétorsion à cette nouvelle démarche inamicale de Washington", a-t-elle assuré lors d'une conférence de presse.

"Les États-Unis ont sciemment choisi le chemin de la confrontation dans les relations bilatérales qui sont déjà pratiquement réduites à zéro par leurs propres efforts", a accusé Mme Zakharova.

La Russie affirme avoir détruit "tous ses stocks d'armes chimiques"

Selon elle, ces sanctions sont introduites sous un "prétexte inventé" et les conditions pour leur suppression avancées par Washington sont "notoirement inacceptables" pour la Russie.

"Les autorités de notre pays sont directement accusées d'avoir utilisé la substance neuroparalytique militaire Novitchok, bien que la partie britannique n'ait pu jusqu'à présent fournir aucune preuve de l'implication de la Russie" dans l'empoisonnement d'un ex-agent double russe Sergueï Skripal et sa fille Ioulia, en mars à Salisbury, en Angleterre, a souligné la porte-parole.

"La Russie a détruit entièrement tous ses stocks d'armes chimiques l'année dernière", a-t-elle insisté.

( Avec agences )