Allemagne : des "jobs d'intégration" à 80 centimes de l'heure pour les réfugiés

Par latribune.fr  |   |  439  mots
Deux migrants arrivant à Berlin le 11 septembre 2015.
100.000 offres d’emploi d’utilité publique vont être proposées aux réfugiés, rémunérés seulement 80 centimes d’euros de l’heure.

Outre-Rhin, on crée des contrats de travail spécialement pour les migrants. Ces offres d'emplois s'inscrivent dans un projet d'intégration des réfugiés en Allemagne. L'objectif est d'éviter qu'ils ne deviennent chômeurs de longue durée. Ces « mini jobs » permettront aux réfugiés, selon le gouvernement, de pouvoir apprendre la langue et d'être initiés au marché du travail allemand. Ils concernent les réfugiés ne pouvant pas postuler à des offres d'emplois classiques, faute de permis de séjour définitif.

Une porte d'entrée sur le marché du travail

Les emplois en question correspondent à de petites activités rémunérées (ménage, cuisine, etc..) au sein de structures d'accueil pour réfugiés. Ceux pouvant bénéficier de ces offres d'emplois ont donc la possibilité d'être logés sur place, ce qui constitue un avantage pécuniaire certain par rapport au faible revenu proposé.

« Ce n'est ni un salaire, ni un vrai travail, comme remplacer des vendeurs ou autre, mais des tâches qu'ils n'effectueraient sans doute pas en temps normal. Plutôt un travail d'utilité publique », déclare Gudrun Heute-Bluhm, directrice générale de l'association des villes allemandes.

Dix fois moins bien rémunéré que le Smic allemand

En comparaison, le salaire horaire proposé aux chômeurs de longue durée en Allemagne est de 1.05 euros de l'heure alors que le Smic horaire est, depuis début 2015, à 8.50 euros de l'heure. Ces « mini jobs » s'inscrivent dans le sillon des lois Hartz, promulguées entre 2002 et 2005 sous Gerhard Schröder, qui visaient à lutter contre le chômage et apporter plus de flexibilité au marché du travail allemand.

Des voix s'élèvent contre ces nouveaux contrats

La députée des Verts Brigitte Pothmer fournit, elle, une autre analyse sur France Bleu : « Malheureusement, les réfugiés ne pourront exercer que des activités très éloignées du véritable marché du travail allemand. Ces activités ont été conçues pour des chômeurs de longue durée qui ont besoin d'une structure d'accueil où on les prend en charge au quotidien. Cela concerne des personnes qui n'ont pas travaillé depuis longtemps, ce qui n'est pas le cas des réfugiés, qui, eux, insistent pour trouver un emploi. »

Angela Merkel souhaite que les réfugiés soient un moteur de l'économie et l'Allemagne compte bien miser sur leur futur apport en investissant sur leur intégration au marché du travail. Une intégration qui passe donc, pour la Chancelière, par la création d'« emplois » précaires comme solution temporaire.