«Tous ces endroits où le Hamas se cache (...) nous allons en faire des ruines » (Benjamin Netanyahu)

Par latribune.fr  |   |  1786  mots
Benjamin Netanyahu (Crédits : POOL)
Israël et la bande de Gaza sont de nouveau en guerre samedi après le déclenchement d'une offensive militaire surprise du Hamas, qui a tiré des milliers de roquettes et infiltré des combattants en territoire israélien. Au moins 70 morts ont été recensés en Israël tandis que 198 personnes ont été tuées dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du Hamas. Les condamnations de l'attaque du Hamas se multiplient de Washington à Paris, en passant par l'Ukraine. En France, la sécurité a été renforcée sur les lieux communautaires juifs, notamment en région parisienne.

Opération « déluge d'Al-Aqsa ». C'est le nom de l'attaque lancée ce samedi matin par le Hamas, mouvement islamiste armé, contre Israël au lendemain de la fête religieuse juive de Souccot et de la commémoration par Israël du 50e anniversaire de la guerre du Kippour, en 1973. Une attaque qui met fin à une trêve globalement respectée depuis la fin d'une guerre de cinq jours en mai entre les forces israéliennes et le Jihad islamique palestinien (et d'autres groupes armés, mais pas le Hamas) dans la bande de Gaza, contrôlé depuis 2007 par le Hamas,

Ce samedi très tôt dans la matinée, des centaines de roquettes ont été tirées à partir de plusieurs endroits de la bande de Gaza vers les territoires israéliens. « Plus de 5.000 » roquettes, a déclaré Mohammad Deif, commandant des Brigades Ezzedine al-Qassam, dans un enregistrement audio diffusé par Al-Aqsa TV, chaîne de télévision du Hamas. « Nous avons décidé de mettre un terme à tous les crimes de l'occupation » (Israël, NDLR), a-t-il indiqué.

Dans le courant de l'après-midi, le porte-parole de l'armée israélienne a également confirmé que des « soldats et des civils israéliens » avaient été enlevés. « Il y a des soldats et des civils enlevés (dans la bande de Gaza), je ne peux pas donner de chiffres à ce sujet pour le moment. C'est un crime de guerre que le Hamas a commis et il en paiera le prix », a-t-il déclaré à des journalistes.

Au moins 70 morts en Israël, 198 personnes tuées côté palestinien

Le bilan humain s'alourdit dans les deux camps. Du côté israélien, le décompte s'élève désormais à au moins 70 morts, selon un recensement des services de secours israéliens en fin d'après-midi. Côté palestinien, les journalistes de l'AFP présents sur place dénombrait au moins 9 morts en fin de matinée. Plus tard dans l'après-midi, le ministère de la Santé du Hamas, au pouvoir à Gaza a affirmé qu'au moins 198 personnes ont été tuées samedi dans la bande de Gaza. Selon un décompte arrêté à 16H20 (13H20 GMT), on dénombre « 198 martyrs et 1.610 personnes souffrant de divers types de blessures », indique le ministère du mouvement islamiste palestinien.

« Nous sommes en guerre » ( Benjamin Netanyahu)

Evoquant une « attaque combinée, comprenant des tirs de roquettes et des infiltrations de terroristes en territoire israélien depuis la bande de Gaza », l'armée israélienne a fait retentir des sirènes dans le sud et le centre du pays, invitant la population à rester près des abris.

Cette attaque surprise est la plus grande offensive contre Israël depuis plusieurs années. Les évènements de samedi marquent une infiltration sans précédent du Hamas depuis Gaza et la plus grave escalade depuis qu'Israël et le Hamas se sont livré une guerre pendant dix jours en 2021.

« Nous sommes en guerre », a déclaré samedi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, dans un message vidéo avertissant que le Hamas paierait « un prix sans précédent ». « Nous sommes en guerre et nous allons gagner », a-t-il dit.

« Le Hamas a fait une grave erreur ce matin en déclenchant une guerre contre l'Etat d'Israël », les soldats israéliens « sont en train de combattre l'ennemi à chaque endroit », a ajouté  le ministre de la Défense israélien, Yoav Gallant.

Plus tard dans la soirée, le chef du gouvernement israélien a promis samedi soir de venger « une journée noire » et a prévenu que l'armée utiliserait « toute sa puissance » pour « détruire les capacités » du mouvement islamiste palestinien.

Qualifiant Gaza de « cité du Mal », Benjamin Netanyahu a déclaré dans une allocution télévisée: « Tous ces endroits où le Hamas se cache (...) nous allons en faire des ruines ». « Je dis aux habitants de Gaza: sortez de là maintenant car nous allons agir partout avec toute notre force ».

Frappes aériennes israéliennes sur Gaza

Vers 11H00 (08h00 GMT), l'armée a annoncé mener ses premières frappes aériennes sur Gaza en représailles aux tirs de roquettes.

« Des dizaines d'avions de chasse sont actuellement en train de frapper des cibles de l'organisation terroriste Hamas dans la bande de Gaza », a indiqué l'armée dans un communiqué. Des journalistes de l'AFP à Gaza ont vu de la fumée s'élever de plusieurs endroits ainsi visés, ils ont constaté aussi la destruction de plusieurs tours à Gaza par l'armée

israélienne.

Ce samedi soir, l'armée israélienne reste engagée sur son territoire dans des combats contre « des centaines » d'hommes armés, selon le lieutenant-colonel Richard Hecht, porte-parole de l'armée israélienne. Interrogé à deux reprises par des journalistes sur le nombre d'infiltrés ayant pénétré en Israël depuis le matin à partir de la bande de Gaza, et sur le nombre d'entre eux encore présents dans la soirée, l'officier a répondu par deux fois: « des centaines », sans plus de précisions.

En mai, Israël avait lancé une offensive contre le Jihad islamique palestinien dans la bande de Gaza, déclenchant une guerre de cinq jours entre l'armée israélienne, le Jihad islamique et d'autres groupes armés de ce territoire ayant coûté la vie à 34 Palestiniens et une Israélienne. Plus d'un millier de roquettes avaient été tirées de la bande de Gaza vers Israël, pour la plupart interceptées par le système de défense antiaérienne israélien. Israël avait de son côté multiplié les frappes aériennes sur le petit territoire.

Peu avant cette attaque, trois Palestiniens armés avaient été tués jeudi par des soldats israéliens dans le nord de la Cisjordanie occupée, selon des sources concordantes. Deux jeunes hommes membres de la branche armée du Hamas ont été tués dans un échange de tirs avec des soldats dans la matinée et un troisième homme a été abattu en fin de journée après avoir ouvert le feu sur une voiture, selon les informations communiquées par l'Autorité palestinienne et l'armée israélienne.

Les condamnations se multiplient

Les condamnations se sont multipliées tout au long de la journée. Emmanuel Macron a déclaré qu'il « condamne fermement les attaques terroristes qui frappent actuellement Israël ».

« J'exprime ma pleine solidarité avec les victimes, leurs familles et leurs proches », a dit le président français sur la plateforme X (anciennement Twitter).

L'Union européenne a également condamné « sans équivoque » les attaques du Hamas et exprimé « sa solidarité avec Israël », estimant que le pays avait « le droit de se défendre ».

« Cette violence, ce n'est ni une solution politique, ni un acte de bravoure. C'est purement du terrorisme. L'Union européenne se tient aux côtés d'Israël », a déclaré la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, devant les militants du parti présidentiel français Renaissance, rassemblé à Bordeaux.

« Nous suivons avec angoisse les nouvelles en provenance d'Israël (...) Cette violence horrible doit cesser immédiatement. Le terrorisme et la violence ne résolvent rien », a souligné de son côté le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell. « L'UE exprime sa solidarité avec Israël dans ces moments difficiles », a-t-il ajouté. Le président du Conseil européen, Charles Michel, a également exprimé sa réprobation des violences contre les Israéliens.

Les Etats-Unis ont aussi apporté leur soutien à Israël. Washington « condamne sans équivoque les attaques injustifiées par des terroristes du Hamas contre des civils israéliens » a fait savoir la Maison Blanche dans un communiqué. Le conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan est en contact étroit avec les partenaires israéliens pendant cette opération.

L'Ukraine a également affirmé samedi soutenir Israël dans son « droit à se défendre lui-même et son peuple ». Israël a le droit « indiscutable » de se défendre, a dit le président Zelensky

« L'Ukraine condamne fermement les attaques terroristes en cours contre Israël, y compris les tirs de roquettes contre la population civile à Jérusalem et à Tel Aviv », a déclaré le ministère ukrainien des Affaires étrangères sur un réseau social. « Nous exprimons notre soutien à Israël dans son droit à se défendre lui-même et son peuple ».

De son côté, la Russie appelle à la « retenue ». Le président turc Recep Tayyip Erdogan exhorte Israël et les Palestiniens à « agir de manière raisonnable ». Le Hezbollah pro-iranien au Liban, qui dispose d'une puissante branche armée, a félicité le mouvement islamiste Hamas pour son « opération héroïque à grande échelle ».

Sécurité renforcée en France

La sécurité a été renforcée samedi sur des lieux de cultes juifs et les écoles juives en France, notamment à Paris et sa banlieue, a annoncé le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.

A la demande du président Emmanuel Macron, « nous avons déjà donné comme ordre aux préfets de protéger les lieux communautaires bien évidemment et dès ma rentrée à Paris, je présiderai une réunion de sécurité pour connaître évidemment les difficultés que nous pourrions avoir sur le sol national », a expliqué Gérald Darmanin, lors d'un déplacement à Toulouse, ajoutant qu'il n'y avait actuellement « aucune menace ».

De son côté, Berlin déconseille «fortement » de voyager en Israël et dans les territoires palestiniens. Dans une déclaration à la presse, la cheffe de la diplomatie allemande Annalena Baerbock a aussi appelé « tous les ressortissants allemands présents sur place » à s'enregistrer sur une plateforme spécifique du ministère pour les situations de crise.

Le Hamas publie une vidéo de trois hommes selon lui capturés par ses combattants

La branche armée du Hamas a publié samedi une vidéo montrant au moins trois hommes en tenue civile manifestement apeurés, détenus par une escouade d'hommes armés aux visages floutés, affirmant qu'il s'agissait d' « ennemis » capturés au cours de son offensive lancée le matin contre Israël.

« Images de (membres des) Brigades al-Qassam (la branche armée du Hamas, NDLR) capturant plusieurs soldats ennemis pendant la bataille (l'opération) "Déluge d'Al-Aqsa" », indique une phrase sur fond noir au début de la vidéo, sans son. Des signes en hébreu en arrière-plan laissent penser que la vidéo a été tournée du côté israélien du point de passage d'Erez entre Israël et la bande de Gaza .