Brésil : Bolsonaro visé par une enquête, premier pas vers une possible destitution

Par AFP  |   |  519  mots
M. Bolsonaro traverse une passe difficile, avec l'épidémie de coronavirus qui a ralenti l'économie et créé des tensions avec les autorités d'États fédérés soucieux de protéger leur population, tandis que lui minimise la crise sanitaire. (Crédits : Ueslei Marcelino)
L'enquête, ouverte sur la base d'accusations d'"ingérence" dans des affaires judiciaires portées par son ancien ministre de la Justice, pourrait potentiellement ouvrir la voie à une procédure de destitution à l'encontre du président Jair Bolsonaro.

Le président brésilien Jair Bolsonaro pourrait faire face à un processus de destitution après l'ouverture d'une enquête lundi par la plus haute juridiction brésilienne sur la base d'accusations d'"ingérence" dans des affaires judiciaires portées par son ancien ministre de la Justice.

Le juge du Tribunal suprême fédéral du Brésil, Celso de Mello, a donné 60 jours à la police fédérale pour interroger Sergio Moro, ex-ministre de la Justice et champion de la lutte anticorruption qui avait claqué la porte du gouvernement vendredi, selon une décision consultée par l'AFP.

Une telle enquête pourrait ouvrir la voie soit à une procédure de destitution contre Jair Bolsonaro, soit à des poursuites à l'encontre de Sergio Moro pour faux témoignage.

Un ancien ministre très populaire

Ce très populaire et désormais ancien ministre, célèbre pour son opération anticorruption Lava Jato (Lavage express), a présenté vendredi sa démission après le limogeage du chef de la police fédérale, un organisme qui dépend du ministère de la Justice.

"Le changement à la tête de la Police fédérale sans cause réelle est une ingérence politique, qui entame ma crédibilité et celle du gouvernement", avait lancé vendredi Sergio Moro.

"Le président m'a dit qu'il voulait nommer une personne avec qui il aurait un contact personnel, qu'il pourrait appeler pour obtenir des informations sur les enquêtes", avait-il ajouté lors d'une conférence de presse à Brasilia.

Le président a de son côté affirmé vendredi que ces accusations étaient "infondées".

Bolsonaro et son entourage visés par plusieurs enquêtes

Jaïr Bolsonaro et son entourage font face à plusieurs enquêtes. L'une d'elle vise son fils aîné, aujourd'hui sénateur, accusé de détournements de fonds par le biais d'emplois fictifs quand il était député régional à Rio de Janeiro.

La décision du Tribunal suprême fédéral énumère sept infractions que pourrait avoir commis M. Bolsonaro, parmi lesquelles la prévarication (grave manquement d'un homme d'État aux devoirs de sa charge) et l'obstruction à la justice.

Si le parquet devait trouver des éléments accusant M. Bolsonaro, ce serait alors à la Chambre des députés d'autoriser, ou non, le Tribunal suprême fédéral à ouvrir une enquête formelle. Dans le cas où ces soupçons seraient confirmés par l'enquête, le Congrès devrait se prononcer sur l'ouverture d'une procédure de destitution.

Passe difficile

M. Bolsonaro traverse une passe difficile, avec l'épidémie de coronavirus qui a ralenti l'économie et créé des tensions avec les autorités d'États fédérés soucieux de protéger leur population, tandis que lui minimise la crise sanitaire.

Lire aussi : Brésil : déjà climatosceptique, Bolsonaro est aussi coronavirus-sceptique

Le chef de l'État fait face depuis plusieurs semaines à une opposition grandissante parmi la population qui multiplie les concerts de casseroles dans plusieurs villes du pays mais conserve le soutien d'un tiers des Brésiliens.