C'est officiel, la Suède est devenue le 32e membre de l'Otan

Par latribune.fr  |   |  786  mots
Le Premier ministre suédois, Ulf Kristersson, salué lors du discours sur l'état de l'Union, donné jeudi soir devant le Congrès américain par le président américain, Joe Biden. (Crédits : USA TODAY NETWORK via Reuters Connect)
Après que la Turquie et la Hongrie ont finalement ratifié l'adhésion de la Suède à l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord, deux ans après l'annonce de sa candidature officielle, le pays en fait désormais partie. Un événement qui met fin à deux siècles de non-alignement militaire de Stockholm.

C'était une annonce attendue de longue date : jeudi, la Suède a officiellement rejoint l'Otan dont elle est devenue le 32e membre. Elle fait suite à la Finlande devenue le 31e en avril 2023, les deux pays ayant annoncé leur candidature à l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord en mai 2022.

Cette annonce met fin à deux siècles de neutralité puis de non-alignement militaire de la Suède. Celle-ci, comme la Finlande, bien que proches militairement des Etats-Unis de par leur appartenance à l'Union européenne, ont, en effet, historiquement préféré se tenir à l'écart de l'Alliance, formée lors de la Guerre froide face à l'Union soviétique.

Et si la Suède contribue aux forces internationales de maintien de la paix, elle n'a plus connu de guerre depuis un conflit avec la Norvège en 1814. Mais celui qui a éclaté en Ukraine, suite à l'invasion de la Russie en février 2022, a rebattu les cartes poussant Helsinki et Stockholm à annoncer en même temps leur candidature pour rejoindre l'Otan. Désormais, tous les Etats riverains de la mer Baltique, à l'exception de la Russie, sont désormais membres de l'Alliance atlantique. Cette volonté des deux pays scandinaves n'a d'ailleurs pas manqué de faire réagir la Russie qui avait menacé, la semaine dernière, de représailles qui dépendront « des conditions et de l'ampleur de l'intégration de la Suède à l'Otan ».

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« Un jour historique »

« C'est un jour historique », s'est félicité le secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg, dans un communiqué. « Après 200 ans de non-alignement, la Suède bénéficie désormais de la protection de l'article 5, la garantie totale pour la liberté et la sécurité » de ses membres, a-t-il ajouté.

Lors de son discours sur l'état de l'Union, jeudi soir devant le Congrès américain, le président américain, Joe Biden, s'est, lui, adressé au Premier ministre suédois, Ulf Kristersson, présent dans l'assistance : « M. le Premier ministre, bienvenue à l'Otan, la plus puissante alliance militaire que le monde ait jamais vue », a-t-il lancé.

Le chef du gouvernement s'est, de son côté, réjoui d'une étape qui marque « une victoire pour la liberté », comme il l'a déclaré lors de la cérémonie, jeudi matin, durant laquelle le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a reçu du gouvernement suédois les documents officiels gravant dans le marbre l'adhésion du pays à l'Alliance atlantique.

« Il n'y a pas de meilleur exemple qu'aujourd'hui pour (démontrer) la débâcle stratégique qu'est devenue pour la Russie son invasion de l'Ukraine » décidée par le président Vladimir Poutine, a abondé Antony Blinken, ajoutant que « tout vient à point à qui sait attendre ».

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Une ratification tardive de la Turquie et de la Hongrie

Et pour cause, la ratification de cette accession a été obtenue de haute lutte après de longues négociations avec certains membres de l'Alliance. Le 26 février dernier, la Hongrie a finalement ratifié l'adhésion de Stockholm, près de deux ans après l'annonce de sa candidature officielle. En effet, si le Premier ministre hongrois avait donné de longue date son soutien de principe, il avait, jusqu'ici, traîné des pieds, dénonçant une politique de « dénigrement » menée par Stockholm à l'égard de son gouvernement, accusé de dérive autoritaire.

La Hongrie est en droit « d'exiger d'abord le respect de la Suède » avant de « se préparer à prendre une décision positive », avait ainsi déclaré l'an passé Viktor Orban. « Les Suédois n'ont pris aucune mesure pour bâtir une relation amicale » et gagner « la confiance » de la Hongrie, avait également regretté fin janvier son chef de cabinet, Gergely Gulyas, s'étonnant que l'entrée dans l'Otan « ne soit pas une priorité » pour Stockholm.

La Suède avait également dû patienter pour obtenir l'aval de la Turquie, qui l'accusait de mansuétude envers des militants kurdes réfugiés sur son sol, considérés pour certains comme « terroristes » par Ankara. La Turquie avait finalement accepté de ratifier son adhésion en janvier 2023.

« Avec la Suède, l'alliance est plus forte et nos peuples sont en sécurité », a réagi la diplomatie allemande quand le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a estimé que la Suède est « mieux protégée contre le mal russe » maintenant qu'elle a officiellement rejoint l'Otan. Lundi, le drapeau bleu et jaune doit être hissé devant le siège bruxellois de l'Otan.

(Avec AFP)