C'est une petite bombe qu'a lancé Sébastien Lecornu à son arrivée au siège de l'Alliance à Bruxelles : la France va atteindre en 2024 l'objectif de 2% du PIB en dépenses militaires, préconisé par l'OTAN, a affirmé jeudi à Bruxelles le ministre français des armées. « La France remplira l'objectif des 2% donné par l'OTAN, 2% du PIB cette année 2024 », a-t-il assuré à Bruxelles. La France, qui a décidé de doubler son budget militaire d'ici à 2030 par rapport à 2019, avait jusqu'à présent indiqué qu'elle atteindrait cet objectif de 2% en 2025. Dans la plaquette de présentation du budget des armées 2023, le ministre avait déjà expliqué que la France avait « atteint les 2 % de PIB dédiés à notre budget de défense, en conformité avec nos engagements envers nos alliés de l'OTAN ».
« La vraie question maintenant ce n'est pas tant d'obtenir ces 2%, même si c'est un sujet qui a l'air de passionner beaucoup de gens, c'est de faire en sorte évidemment que ces 2% du PIB soient véritablement utiles sur le terrain militaire », a précisé à Bruxelles Sébastien Lecornu.
Dans les objectifs de la loi de programmation militaire (LPM) qui couvre la période 2024-2030 (article 3) il est précisé que « l'objectif de porter l'effort national de défense à hauteur de 2 % du produit intérieur brut » (PIB) a été fixé « entre 2025 et 2027 ». Le ministre des Armées va devoir préciser comment et pourquoi la France atteindra en avance cet objectif. En 2023, les dépenses de défense de la France s'élevaient à hauteur de 1,90% en 2023 (1,88% en 2022), selon des estimations publiées par l'OTAN sur son site. La stratégie de défense de la France passe à la fois par le renforcement de la politique européenne de défense et de sécurité afin de garantir l'autonomie stratégique de l'Europe et par la construction d'un pilier de défense européen solide au sein de l'OTAN.
18 pays sur 31 dans les clous en 2024
Dix-huit pays de l'OTAN sur 31 (contre trois pays en 2014) atteindront cette année l'objectif de 2% du PIB en dépenses militaires, a annoncé mercredi le secrétaire général de l'OTAN Jens Stoltenberg lors d'une conférence avant une réunion des ministres de la Défense de l'Alliance à Bruxelles. « C'est un autre chiffre record », a-t-il souligné. « Nous faisons de réels progrès, les Alliés européens dépensent plus », a-t-il martelé. Et ils étaient onze en 2023, selon une estimation publiée par l'OTAN.
Cependant, a également reconnu Jens Stoltenberg, « certains Alliés ont encore un long chemin à parcourir ». « Nous nous sommes mis d'accord lors du sommet (de Vilnius, en Lituanie, ndlr) sur le fait que tous les Alliés devraient investir 2% et que ce 2% était un minimum », a-t-il rappelé.
2% du PIB, une volonté politique
En 2006, les ministres de la Défense des pays de l'OTAN avaient décidé que les Alliés consacreraient 2 % au moins de leur PIB à la défense pour assurer une disponibilité opérationnelle nécessaire à l'Alliance. Cette valeur sert d'indicateur de la volonté politique de chaque État de contribuer à l'effort global. « En effet la capacité de défense de chacun des pays membres influe sur la perception globale de la crédibilité de l'Alliance en tant qu'organisation politico-militaire », estime l'OTAN.
En outre, les Alliés étaient également convenus que 20 % au moins de leurs dépenses de défense devaient être consacrées à l'acquisition d'équipements majeurs, y compris dans la recherche et développement (R&D) militaire. La part de ces dépenses dans le total est perçue par l'OTAN comme un indicateur déterminant de l'ampleur et du rythme de la modernisation. Dans le cadre de la LPM, le gouvernement s'est engagé à remettre au Parlement un rapport sur le bilan de la réintégration de la France dans le commandement intégré de l'OTAN et sur ses gains politiques et stratégiques. La remise de ce rapport sera suivie d'un débat au Parlement.
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