Chine  : la croissance économique va encore ralentir ces prochaines années, selon le FMI

Par Laurent Guena  |   |  702  mots
Le gouvernement chinois a multiplié ces derniers mois les mesures de soutien au secteur de l'immobilier, sans résultat dans l'immédiat. (Crédits : TINGSHU WANG)
La croissance économique chinoise est amenée à ralentir ces prochaines années, fragilisée notamment par les incertitudes liées à une crise inédite de l'immobilier et le contexte international, a mis en garde vendredi le Fonds monétaire international (FMI).

Il faudra attendre mars pour connaître l'objectif de croissance de la Chine en 2024. Dans un rapport consacré à sa conjoncture, le FMI a déjà fait part de ses inquiétudes. Selon l'institution, le produit intérieur brut (PIB) du pays devrait ralentir durablement à 4,6% cette année puis à 3,5% à l'horizon 2028.

La deuxième économie du monde a signé l'an dernier l'une des croissances les plus faibles en trois décennies (5,2%), selon un chiffre officiel qui laisse dubitatifs certains économistes. Son PIB a cru de 5,2% sur un an, mais la comparaison se fait avec 2022 lorsque les restrictions contre le Covid-19 avaient lourdement pénalisé l'activité.

Les déboires des promoteurs immobiliers se répercutent dans toute l'économie

Les raisons sont connues : l'immobilier, déjà, est dans la tourmente. Les déboires financiers de promoteurs emblématiques (Evergrande, Country Garden...) alimentent désormais la défiance des acheteurs, ce qui se répercute sur l'activité de centaines de milliers de sous-traitants.

« Le secteur immobilier est au milieu d'une transition sur plusieurs années pour devenir durablement plus petit (...) et nous n'en sommes qu'au début », a souligné la responsable Chine du FMI, Sonali Jain-Chandra, à plusieurs médias dont l'AFP. « Cette tendance se poursuivra en 2024. »

Le gouvernement a bien multiplié ces derniers mois les mesures de soutien au secteur, sans résultat dans l'immédiat. « Il reste encore beaucoup à faire », a estimé l'experte du FMI. « Clairement, les difficultés (financières) des promoteurs et les chantiers inachevés posent des risques de crédit », a mis en garde de son côté son collègue du département Asie-Pacifique du FMI, Thomas Helbling. Parmi les mesures avancées fin janvier, figure l'octroi de nouveaux prêts dès les prochains jours. Objectif, parer aux défaillances dans ce secteur-clé.

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Un tribunal de Hong Kong a ordonné lundi la liquidation d'Evergrande, l'ex-numéro un de l'immobilier en Chine, dont l'endettement astronomique avait été chiffré l'an dernier à 328 milliards de dollars (301,5 milliards d'euros actuels). Il n'est toutefois pas clair comment cette décision pourrait s'appliquer au système judiciaire distinct de la Chine continentale, où le groupe est basé, et comment les créanciers à l'étranger pourront récupérer leurs actifs.

Un premier repli des exportations chinoises depuis sept ans

Ensuite, les exportations chinoises ont pour leur part connu l'an dernier leur premier repli depuis sept ans, pénalisées par les tensions géopolitiques et une demande mondiale atone. La baisse de productivité et le vieillissement de la population chinoise sont également cités comme facteurs du ralentissement économique.

A noter, toutefois, que grâce à son armada de fabricants de véhicules électriques, la Chine a bien détrôné l'an dernier le Japon comme premier exportateur automobile mondial. Autre signe encourageant : l'activité manufacturière a progressé en janvier pour le troisième mois consécutif, selon un indice indépendant publié jeudi. L'indice d'activité des directeurs d'achat (PMI), calculé par le cabinet S&P Global et le média économique chinois Caixin, s'est établi à 50,8 points le mois dernier - soit le même rythme qu'en décembre. Un chiffre supérieur à 50 témoigne d'une expansion de l'activité. En deçà, il traduit une contraction. Pour sa part, l'indicateur officiel publié mercredi par le Bureau national des statistiques (BNS) avait montré un recul de l'activité manufacturière, à 49,2 points, contre 49 en décembre.

Les enquêtes pour des soupçons de corruption se multiplient

C'est dans ce contexte que se multiplient des enquêtes pour des soupçons de corruption. Selon les derniers chiffres officiels datant de juin 2022, quelque 4,8 millions de cadres du parti ont fait l'objet d'une enquête. Cette campagne, populaire auprès de l'opinion, est également soupçonnée de servir à écarter les personnalités opposées à la ligne du président. Dernière personnalité visée, l'ancien directeur de CNPC, un important groupe pétrolier public chinois, fait à son tour l'objet d'une enquête pour des soupçons de corruption. Wang Yilin a été entre 2015 et 2018 le patron de CNPC ainsi que le plus haut représentant du Parti communiste de l'entreprise.

(Avec AFP)