Chine : le FMI s'alarme du "gonflement du crédit"

Par latribune.fr  |   |  494  mots
La dette totale chinoise, hors secteur financier, pourrait ainsi dépasser 290% du PIB d'ici 2022, contre "environ 235%" l'an dernier, prévoit le rapport du FMI.
Malgré des prévisions de croissance optimistes pour 2017, l'économie chinoise entretient des risques financiers importants à moyen terme en laissant filer l'endettement. Le Fonds monétaire international recommande à Pékin d'engager des réformes dès à présent, afin d'éviter un recours futur à des ajustements brutaux.

L'embellie de la conjoncture en Chine n'est obtenue qu'au prix d'un endettement accru et d'une aggravation des risques financiers à moyen terme, une "trajectoire dangereuse", a averti mardi le FMI, exhortant Pékin à accélérer le rééquilibrage de son économie vers un modèle de croissance "plus durable".

Grâce à un vigoureux soutien de l'Etat, "les perspectives de la croissance chinoise à court terme se sont renforcées, mais c'est au prix de risques accrus à moyen terme", s'alarment les experts du Fonds monétaire international (FMI), dans un rapport sur la deuxième économie mondiale publié mardi.

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La dette totale pourrait dépasser 290% du PIB d'ici 2022

A renfort de projets d'infrastructures, de boom immobilier et d'embardée du crédit, le PIB chinois a connu un sursaut inattendu, grimpant de 6,9% sur un an au premier comme au deuxième trimestre, après +6,7% en 2016. Mais ce répit pourrait s'avérer précaire.

"Le principal coût, c'est un accroissement plus important de l'endettement privé et public": un phénomène "souvent associé à des crises financières" ultérieures, avertissent les experts du Fonds.

Certes, le FMI maintient ses prévisions de croissance pour le géant asiatique, qu'il avait relevées en juin (à +6,7% cette année, +6,4% en 2018 et 2019). Mais pour atteindre l'objectif du régime communiste (un doublement du PIB entre 2010 et 2020), Pékin devra maintenir le niveau actuel d'investissements publics et laisser filer l'endettement privé. La dette totale, hors secteur financier, pourrait ainsi dépasser 290% du PIB d'ici 2022, contre "environ 235%" l'an dernier, prévoit le rapport.

Vers un ajustement brutal ?

Dans un rapport annexe, le FMI s'alarme: "les précédents internationaux suggèrent que le gonflement du crédit en Chine suit une trajectoire dangereuse", qui renforce les risques d'un "ajustement brutal" ou d'un vif essoufflement de croissance.

"Les fragilités se sont accumulées" et "si le gouvernement ne fait rien, (...) cela ne fera que retarder l'ajustement (inévitable) et le rendra plus douloureux", prévient le Fonds.

Le rapport recommande à Pékin de cesser de mettre l'accent sur des objectifs de croissance quantitatifs et irrévocables, mais surtout d'accélérer ses réformes pour renforcer "le rôle des forces de marché".

Des efforts insuffisants selon le FMI

Conscient des risques financiers, Pékin s'efforce certes de resserrer la vis, en durcissant ses réglementations dans l'immobilier, en renforçant la supervision du secteur financier et en sabrant les colossales surcapacités industrielles.

La Chine s'est également récemment attaquée aux colossaux investissements de ses conglomérats privés à l'étranger, des opérations multipliées tous azimuts et souvent financées à crédit.

Des efforts jugés insuffisants par le FMI, qui appelle à réduire encore plus drastiquement le soutien de l'Etat aux grandes entreprises publiques, des géants souvent déficitaires et plombés par de sévères surcapacités industrielles.

(Avec AFP)