Chine  : le taux de chômage des jeunes chinois inquiète Pékin

Par latribune.fr  |   |  662  mots
Le président chinois XI assiste aux séances parlementaires. (Crédits : LEAH MILLIS)
La Chine ouvre ce lundi à Pékin ses sessions parlementaires, le grand rendez-vous politique de l'année au cours desquelles seront annoncées ses ambitions pour 2024 sur fond de « grande préoccupation » vis-à-vis du chômage et du ralentissement économique. La seconde économie mondiale a aussi fait part de sa volonté de mieux travailler avec les Etats-Unis.

C'est sur fond de crise économique que s'est ouvert à Pékin ce lundi la « Conférence consultative politique du peuple chinois » (CCPPC), à laquelle assiste notamment le président chinois Xi Jinping. Des milliers de parlementaires participent jusqu'à dimanche aux « Deux Sessions » - celle du Parlement proprement dit et celle de l'assemblée consultative.

Le ton a été donné dimanche par Lou Qinjian le porte-parole de la session parlementaire annuelle. Les dirigeants chinois sont « tout à fait confiants » dans les perspectives de croissance a-t-il indiqué lors d'une conférence de presse tout en précisant que « les sujets économiques sont une grande préoccupation » pour les plus de 2.000 membres de cette assemblée.

La Chine a ainsi connu en 2023 la croissance la plus faible (5,2%) depuis trois décennies hors période de Covid. Cette année, la seconde économie mondiale devrait voir son PIB ralentir à 4,5%, selon des prévisions de la Banque mondiale. Le gouvernement doit annoncer l'objectif officiel en mars.

« L'emploi des jeunes, un sujet de grande inquiétude »

Le porte-parole a aussi indiqué que « l'emploi des jeunes, notamment des jeunes diplômés », est un sujet de grande inquiétude. Le taux de chômage des jeunes est en effet particulièrement préoccupant : il était en décembre de 14,9% chez les 16-24 ans, selon un nouveau critère qui exclut désormais les étudiants, après un niveau record en mai. Il dresse un tableau incomplet de la conjoncture, car il n'est calculé que pour les seuls travailleurs urbains. Il exclut de fait des millions de travailleurs migrants des zones rurales, une population davantage vulnérable au ralentissement économique et dont la situation est aggravée par la crise de l'immobilier.

Ce secteur a longtemps représenté au sens large plus du quart du PIB de la Chine et constituait un important vivier d'emplois. Il est aujourd'hui le talon d'Achille de la puissance asiatique comme en témoigne la chute des géants du secteur comme Evergrande et Country Garden. En décembre, les principales villes de Chine ont de nouveau enregistré une baisse des prix de l'immobilier sur un mois, selon les chiffres du BNS. Sur 70 villes qui composent l'indicateur officiel de référence, 62 étaient ainsi concernées (contre 33 en janvier 2023, signe de dégradation de la situation).

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Malgré l'urgence, les deux réunions parlementaires ne devraient pas, a priori, déboucher sur l'annonce de mesures de relance économique de grande envergure. « Je ne m'attends pas à des changements majeurs de politique, comme des réformes structurelles importantes qui modifieraient la trajectoire économique » a déclaré à l'AFP Lynette Ong, professeure à l'université de Toronto.

Par ailleurs, la Chine devrait ainsi annoncer mardi une nouvelle augmentation de son budget militaire. Pékin a largement étendu l'an dernier sa définition de tout ce qui constitue de l'espionnage et a perquisitionné plusieurs sociétés étrangères de conseil, d'audit et de recherche. Peu avant cette session parlementaire, la notion de secret d'Etat a elle aussi été élargie.

Trouver des terrains d'entente avec les Etats-Unis

Dans la pratique, les près de 3.000 députés de l'Assemblée nationale populaire (ANP) ont un pouvoir limité. Toutes les décisions importantes sont prises à l'avance lors de réunions à huis clos du PCC.

Mais les thèmes abordés et le ton des discours permettent de connaître les principales priorités des dirigeants, estiment des analystes. Celle de nouer de meilleures relations avec les Etats-Unis à la des élections présidentielles qui s'y tiennent en novembre. Toujours selon le porte-parole, « quelle que soit la personne élue, nous espérons qu'elle puisse travailler avec la Chine à trouver des terrains d'entente et à promouvoir des relations sino-américaines stables, saines et durables ».

Un porte-parole qui sera au chômage technique à l'issue des débats. La Chine n'organisera pas cette année le traditionnel point presse du Premier ministre.

(Avec AFP)